La rue arabe en communion avec al-Quds, le Big Deal divise les officiels de la région

Publié le Vendredi 08 Décembre 2017 à 17:03
Marche nationale ce vendredi à Tunis en défense d'al-Quds. La vox populi arabo-musulmane a crié haut et fort ce vendredi 08 décembre 2017 son mécontentement et son rejet de la décision de Donald Trump, de reconnaître al-Quds, comme capitale d’Israël, a apporté avec force et engagement son soutien à la cause palestinienne, au peuple palestinien, et ses droits inaliénables, et a fustigé toute forme de normalisation avec l’entité sioniste.

Les capitales arabo-musulmanes ont vu, en ce vendredi de la colère, des marches imposantes. Des milliers de manifestants se rassemblés à Tunis, Amman, le Caire, Istanbul  et on en passe pour réitérer leur attachement à al-Quds, et à son statut historique comme capitale de la Palestine. Brandissant des drapeaux palestiniens, et scandant des slogans pour la libération de la Palestine, et la défense d’al-Quds et d’al-Aqsa, des hommes, femmes, jeunes et moins jeunes ont dit leur rejet la décision inique de Trump, décriant la politique américano-sioniste en Palestine et déclinant toute concession et toute négociation sur les constantes de la Oumma.

La rue arabe s’est donc exprimée aujourd’hui dans une espèce de communion, se faisant l’écho des  Palestiniens sortis, par milliers, avec le courage et la fierté qui leur sont coutumiers, affronter l’imposant dispositif de sécurité israélien dans les différentes villes palestiniennes, Gaza, Cisjordanie et al-Quds où de milliers de fidèles ont fait la prière à la mosquée al-Aqsa.

Les heurts entre les Palestiniens et la police israélienne à travers 38 points d’accrochage des différentes villes palestiniennes ont fait un martyr à Gaza et quelque 270 blessés, suite à l’utilisation par les forces d’occupation de balles réelles ou en caoutchouc, rapporte la presse palestinienne.

De son côté, l’autorité palestinienne a affirmé ce vendredi son refus d’accueillir le vice-président américain, Mike Pence, balayant d’un revers de main la mise en garde de Washington, qui l’avait, auparavant, averti contre les conséquences de l’annulation de la rencontre de l’émissaire de Trump, en déplacement les prochains jours dans les territoires occupés, pour s’entretenir avec les responsables palestiniens et israéliens.

Le porte-parole de la présidence palestinienne, Nabil Abou Roudeyna, a déclaré cet après-midi à al-Jazeera qu’al-Quds est plus importante que l’administration américaine, "on n’y renoncera pas, contre une rencontre avec le vice-président américain".

"La colère palestinienne va se poursuivre et on ne fera pas marche arrière", a-t-il asséné, annonçant qu’un appel pour la tenue d’un sommet arabe en défense d’al-Quds, est en train d’être étudié.

 Un sommet dont la tenue reste tributaire de l’approbation de l’ensemble des dirigeants de la région, membres de la ligue arabe, et qui même, s’il venait à avoir lieu,  n’aurait pas beaucoup de chances à changer la donne, au regard de l’état d’effritement et de discorde de la position arabe. Il est clair que les capitales arabes n’affichent pas, à ce stade, la même attitude envers la décision de Trump, qui serait cautionnée, selon des informations médiatiques concordantes, par certaines d’entre elles.

La reconnaissance d’al-Quds comme capitale d’Israël, décidée par Trump, s’inscrirait dans le Big Deal ou le marché de siècle "صفقة القرن", qui consiste à proposer à la Palestine un Etat sur des fragments de Cisjordanie sans continuité territoriale et sans véritable souveraineté, dont la capitale sera la petite localité d’Abou Dis, (au sud-est d’al-Quds), sans aucune reconnaissance du droit au retour. En contre partie, al-Quds sera la capitale d’Israël. Ce scénario, dont la presse anglo-saxonne et française se fait largement l’écho, a été proposé le mois dernier  par le prince héritier saoudien, Mohamed Ben Salman, à Mahmoud Abbas, et que le président palestinien a rejeté. L’escalade dans les territoires occupés ne fait hélas que commencer.

Gnet

 

Commentaires 

 
#2 A. Ben Whiirlpool
Ecrit par NDLR     11-12-2017 13:15
Dans la langue française, comme d’ailleurs dans toutes les langues, les mots ont plusieurs sens, cela dépend de l’usage que l’on en fait, et du champ dans lequel ils s’appliquent, religieux ou autre :
Voici la définition du dictionnaire pour les deux mots que vous avez cités, comme traduisant des paradoxes :
La vox populi est une locution nominale qui signifie la voix du peuple. La définition du dictionnaire est « l’opinion de la majorité des gens », c’est ce dont il est question dans l’article.
Dans l’une de ses définitions mentionnées dans le dictionnaire : Communion signifie : accord intellectuel, spirituel ou affectif (avec quelqu'un ou quelque chose), c’est exactement le sens véhiculé dans le cas d’espèce.
Le purisme n’a de sens que s’il est rationnel, et loin du dogme. Merci.
 
 
-1 #1 Quelques paradoxes
Ecrit par Ben Whiirlpool     08-12-2017 19:35
Je voudrais signaler quelques paradoxes dans cet article.
D'une part il est question de "communion" ("la rue arabe en communion avec Jérusalem"). Or ce terme fait référence avec la théologie chrétienne, alors même que les prétentions arabo-musulmanes sur cette ville tirent leur origine de l'islam, précisément du voyage nocture (le Miraj) qu'aurait fait Mohammed, jugé sur Buraq, jument ailée à tête de femme.
D'autre part l'usage de la locution latine "vox populi" est lui aussi très loin de la théologie musulmane car il provient de l'adage romain "vox populi, vox dei", qui signifie "la voix du peuple c'est la voix de dieu (ou des dieux)", ce qui associe bien sûr le peuple à Dieu: je n'ai pas besoin de vous dire comment l'islam considère de telles associations...
D'ailleurs, la "voix du peuple", en pays arabe, n'est jamais prépondérante par rapport à la voix des dirigeants; or, cet article repose largement sur le fait que la célèbre "rue arabe" ne serait pas très contente, mais chacun sait que ladite rue ne s'élève que très rarement contre ses propres tyrans, ses propres fanatiques: lorsqu'elle se manifeste c'est toujours contre un ennemi extérieur, souvent fantasmé. Bref, elle ne constitue pas un véritable enjeu géopolitique.
Cette anecdote (parce qu'en fait cette déclaration de Trump n'intéresse que ceux qui montent en épingle le conflit israélo-palestinien, et encore...) est surtout révélatrice d'une difficulté du monde arabo-musulman à s'unir: auparavant, même divisé, il pouvait invoquer Israël (aka "l'entité sioniste") pour reformer les rangs avant que chacun retourne à ses chicayas traditionnelles...
Là, on s'interroge: le sultan Erdogan parviendra-t-il à réunir autour de lui les frères ennemis pétromonarques, les correligionnaires sunnites et chiites, les laïcs et les islamistes ?
Personnellement je pense qu'il ne réussira qu'à démontrer plus encore combien les fractures sont profondes, mais on peut prendre les paris.
 
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