La profession de Foi : Témoignage de l’unicité de Dieu

Publié le Jeudi 09 Juin 2016 à 10:08
Nous poursuivons notre spécial Ramadan par la présentation et l’explication des cinq piliers de l’Islam بنيى الإسلام على خمس : la profession de foi, la prière, la Zakat (aumône légale), le jeûne et le Hajj (pèlerinage), histoire d’en comprendre la signification et la profondeur. Nous commençons par le 1er pilier : la Chahada.

La profession de foi (la chahada) est le premier pilier de l’Islam, qui en a cinq. La Chahada renvoie à l’unicité de Dieu et de son essence. La première chose qu’on demande à un musulman, quand il se convertit à la foi musulmane est de prononcer la chahada. Les musulmans prononcent-ils aussi la chahada à chaque prière, dans ce qui est appelé  (التشهد). La profession de foi est récitée dans l’appel à la prière, et sa récitation à la fin de la vie est signe de la bonne fin حسن الخاتمة.

La récitation de la chahada est un point de départ, qui mérite un cheminement intérieur, et une prise de conscience de ce que cela induit pour le musulman, comme obéissance et soumission à Dieu. 

Le fait d’attester qu’il n’y a de Dieu qu’Allah est que Mohamed est son prophète أشهد أن لا إله إلا الله، وأشهد أن محمداً رسول الله, revient à exclure et à renier la prescription de l’adoration, de la dévotion, de la soumission, et de la croyance à tout sauf à Dieu, qui est l’Unique, sans nul associé.
Plusieurs versets du Coran attestent de l’unicité de Dieu, la seule incarnation de la vérité, toutes les autres divinités étant fausses et illusoires, comme le dit ce verset de la sourate al-Hajj :

 ذَلِكَ بِأَنَّ اللَّهَ هُوَ الْحَقُّ وَأَنَّ مَا يَدْعُونَ مِنْ دُونِهِ هُوَ الْبَاطِلُ وَأَنَّ اللَّهَ هُوَ الْعَلِيُّ الْكَبِيرُ
الحج62

Selon le théologien, Mohamed Bejrafil*. Le mot chahada signifie témoignage.  Le coran nous dit que Dieu a lui-même témoigné que nul ne peut être adoré à part lui-même, ainsi que les anges et ceux à qui Dieu a donné le savoir, (celui par quoi on distingue le vrai du faux, et le bien du mal).
 
شَهِدَ اللَّهُ أَنَّهُ لَا إِلَهَ إِلَّا هُوَ وَالْمَلَائِكَةُ وَأُولُو الْعِلْمِ قَائِمًا بِالْقِسْطِ لَا إِلَهَ إِلَّا هُوَ الْعَزِيزُ الْحَكِيمُ
[سورة آل عمران: 18]

La chahada n’est pas uniquement une affirmation par la langue, mais un témoignage par l’être entier, selon l’islamologue Taieb Chouiref *.

Le fait de témoigner que Mohamed est le messager de Dieu, est une affirmation ferme que Mohamed est son messager et qu’il faut suivre la foi qu’il prêche, et sa Sunna (ses pratiques et comportements).  

Dans la foi musulmane, le terme islam recouvre toutes les religions monothéistes depuis Adam jusqu’au prophète.  La chahada a été demandée à toutes les communautés auxquelles Dieu a envoyé un messager. Quand Dieu a envoyé Moïse, il a été demandé à ses contemporains d’attester que nul ne mérite d’être adoré à part Allah, et Moïse est son messager. La foi en Dieu ne peut être complétée que si on croit au messager qu’il a lui-même envoyé, explique Mohamed Bejrafil.

La chahada doit s’approfondir par un cheminement intérieur, dit Taïeb Chouiref qui cite al-Ghazali dans son livre « la revivification des sciences de la religion » ayant consacré tout un chapitre à la signification de la chahada. Il s’agit d’accepter ce sens intérieurement,  de percevoir par le cœur l’omniprésence du divin, il n’est pas de Dieu que Dieu et rien d’autre ne peut faire l’objet de divinisation, de se libérer de ce qui nous accapare l’esprit : le pouvoir, l’argent, et autres tentations et désirs de la vie, qui ne sont que de fausses idoles, souligne-t-il.  

Le prophète appelait les croyants à renouveler leur foi, en répétant la profession de foi جددوا إيمانكم بقول لا إله إلا الله.

Selon Chouiref, la récitation de la chahada apaise le cœur, et permet à celui qui la prononce de prendre ses distances et de relativiser les difficultés de la vie pour se reconnecter à l’éternel :

(الَّذِينَ آَمَنُوا وَتَطْمَئِنُّ قُلُوبُهُمْ بِذِكْرِ اللَّهِ أَلَا بِذِكْرِ اللَّهِ تَطْمَئِنُّ الْقُلُوبُ) [الرعد :28]

Le prophète a dit que celui qui prononce cette profession de foi avec sincérité, bénéficiera du pardon de Dieu le jour du jugement dernier. Allah enlèvera tous ses péchés et les remplacera par des bienfaits  pour le faire entrer au paradis.

Reste à être à la hauteur de son contenu, et sa profondeur et de se mettre en cohérence et en conformité avec sa signification. Des versets des sourates al-Kahf, al-Anbiyaa, Fussilat, Taha, et al-Imran évoquent l’unicité de Dieu :
قُلْ إِنَّمَا أَنَا بَشَرٌ مِّثْلُكُمْ يُوحَىٰ إِلَيَّ أَنَّمَا إِلَٰهُكُمْ إِلَٰهٌ وَاحِدٌ ۖ فَمَن كَانَ يَرْجُو لِقَاءَ رَبِّهِ فَلْيَعْمَلْ عَمَلًا صَالِحًا وَلَا يُشْرِكْ بِعِبَادَةِ رَبِّهِ أَحَدًا (الكهف110)

قُلْ إِنَّمَا يُوحَىٰ إِلَيَّ أَنَّمَا إِلَٰهُكُمْ إِلَٰهٌ وَاحِدٌ ۖ فَهَلْ أَنتُم مُّسْلِمُونَ (108)
الأبياء
 قُلْ إِنَّمَا أَنَا بَشَرٌ مِثْلُكُمْ يُوحَى إِلَيَّ أَنَّمَا إِلَهُكُمْ إِلَهٌ وَاحِدٌ فَاسْتَقِيمُوا إِلَيْهِ وَاسْتَغْفِرُوهُ وَوَيْلٌ لِلْمُشْرِكِينَ
[ سورة فصلت: 6 ]
 إِنَّنِي أَنَا اللَّهُ لَا إِلَهَ إِلَّا أَنَا فَاعْبُدْنِي وَأَقِمِ الصَّلَاةَ لِذِكْرِي
[ سورة طه: 14 ]

 قُلْ يَا أَهْلَ الْكِتَابِ تَعَالَوْا إِلَى كَلِمَةٍ سَوَاءٍ بَيْنَنَا وَبَيْنَكُمْ أَلَّا نَعْبُدَ إِلَّا اللَّهَ وَلَا نُشْرِكَ بِهِ شَيْئًا وَلَا يَتَّخِذَ بَعْضُنَا بَعْضًا أَرْبَابًا مِنْ دُونِ اللَّهِ فَإِنْ تَوَلَّوْا فَقُولُوا اشْهَدُوا بِأَنَّا مُسْلِمُونَ
سورة آل عمران: 64

Gnet

*Emission Islam sur France 2, décembre 2015.

 

Commentaires 

 
#1 Le polythéisme ne tient pas
Ecrit par Ben Whirlpool     12-06-2016 12:02
Du Néant ne peut sortir l'Etre.
La logique, la rationalité peut admettre qu'il n'y ait pas de Créateur: après tout il existe une probabilité infime que l'univers soit éternel et que la vie y soit apparue par hasard. Elle peut admettre qu'il y ait un Créateur: c'est l'Etre Suprême, la Cause Première qui a généré toutes les autres. Par définition, Elle est de tous temps, et Toute-Puissante.
Mais la logique, la rationalité, ne peut admettre qu'il y ait plusieurs dieux: s'il est un Tout-Puissant, il n'est pas besoin de "Moins-Puissants". Le rasoir d'Ockham pose qu'il n'est pas nécessaire de poser des hypothèses qui ne sont pas nécessaires à la démonstration: il nous appelle ici à écarter l'hypothèse d'un panthéon, plein de dieux dont l'un (Zeus chez les grecs, Jupiter chez les romains) serait dominant sur les autres. S'il est un Dieu, alors il est unique: toutes autres manifestations métaphysiques ne sauraient être que l'émanation du Tout-Puissant, sauf à en être des créatures dotées de libre-arbitre. Mais dans ce cas, ce ne sont pas des dieux, ce sont des créatures, comme les hommes. Les panthéons sont des manifestations d'anthropomorphisme, plus que des constructions théologiques.
 
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