La Ligue arabe est finie et le Wahhabisme ne convient pas à la Tunisie (BCE)

Publié le Mercredi 12 Octobre 2016 à 15:38
Béji Caïd EssebsiDans une interview à al-Quds al-arabi, parue ce mercredi 12 octobre sur son site, Béji Caïd Essebsi parle de l’expérience tunisienne, de l’alliance avec Ennahdha, de la crise de Nidaa Tounes, et du paysage arabe qui est, à ses yeux, très mauvais. Pour le président de la république, dans peu de temps, il n’y aurait plus de Syrie, comme c’était le cas pour l’Irak. Il pense que la Ligue arabe est finie et les pays arabes n’ont aucune prise sur les équilibres internationaux. BCE évoque le wahhabisme, la lettre envoyée par Mohamed Abdelwaheb au bey de Tunis et la réponse qui lui a été donnée par les oulémas de la Zitouna. Il parle de l’école de Kairouan, et de sa lecture moderniste du texte coranique, qui est à l’origine du statut exceptionnel de la femme tunisienne. 

L’expérience tunisienne est sous les feux de la rampe, comme évaluez-vous ce processus ?
L’expérience de la Tunisie n’est pas simple. Les Tunisiens étaient positifs et ont emprunté la voie du consensus. Si ce n’était pas l’histoire, et si ce n’était pas la femme tunisienne, on n’aurait pas réussi. Notre expérience est encore à ses débuts, elle est encourageante et susceptible d’être pérennisée. Nous sommes actuellement en train de consacrer des principes qui n’existaient pas auparavant. Pendant 60 ans, on avait le parti unique, le président unique, et la pensée unique, et aujourd’hui, on entre dans le pluralisme, ce qui n’est pas facile car on n’a pas à l’origine une culture pluraliste.  

Considérez-vous durable l’entente avec Ennahdha ?
Tout d’abord, je suis contre l’Islam politique. Ensuite, en tant qu’homme d’Etat, je compose avec une réalité. Ce qui s’est passé, est que l’on veut consacrer la démocratie, mais la démocratie ne se limite pas uniquement à l’élection, c’est un ensemble de choses dont les élections, puis intervient l’alternance au pouvoir. Si l’on est un régime où les conditions d’alternance au pouvoir ne sont pas réunies, cela signifie qu’il n’y a pas de démocratie. La troisième chose est le rôle de la loi, et le fait que tous les citoyens, avec leurs différences, soient égaux devant la loi. Toutes ces conditions doivent être réunies et ne nous en sommes pas loin. Nous avons organisé des élections ayant débouché sur des résultats, où le parti que j’ai fondé a obtenu la première place, sans avoir eu la majorité absolue. Même, s’il en était le cas, j’ai pris une décision de ne pas gouverner seul et de faire participer les autres. Les résultats nous ont placés en première position avec 86 sièges, et Ennahdha en seconde position avec 69 sièges. On ne peut former une assemblée avec un seul parti, et si ce parti n’a pas une majorité confortable, il ne pourra pas faire passer des lois importantes. Nous avons dans notre projet des questions importantes, à l’instar du développement économique, la lutte contre la corruption…tous ces sujets requièrent une majorité confortable pour passer, nous ne voulons pas de gouvernements qui changent quotidiennement, c’est ce qui a imposé de composer avec Ennahdha. Ce n’est pas parce que, c’est le parti Ennahdha, mais parce que le peuple a voté pour eux.  

Pour le comité qui allait diriger l’assemblée parlementaire, nous avons choisi un président de Nidaa à une majorité confortable. Pour le vice-président, nous les avons obligés de choisir une personnalité acceptable et consensuelle. Ils ont présenté une personnalité inappropriée, et on leur a dit que cette personne ne passera pas par notre vote. C’est là où ils ont proposé une personne consensuelle (Abdlefattah Mourou), et les choses se sont déroulées sans problèmes.
 
S’agissant du gouvernement, on aurait pu les associer, mais on a craint d’être entravé dans notre action. Ennahdha et la gauche auraient pu être des alliés objectifs, mais cela n’est pas dans notre intérêt. Pour cela, on a pris d’eux un ministre en guise de premier pas, et bien sûr, ils n’étaient pas d’accord au début, et maintenant, ils ont trois ministres. Nous sommes pragmatiques et c’est cette direction, que nous avons empruntée.

Dans le congrès du mouvement Ennahdha, j’y suis allé, je me suis adressé à eux par un discours et leur ai clairement dit : vous n’aurez pas d’avenir, si vous ne travaillez pas sous le toit national. Ou bien vous changez, ou bien vous allez échouer. J’ai accepté le consensus, car j’avais un espoir que vous avez une intelligence vous permettant d’évoluer. 

Ils ont procédé, dans un premier pas, à la séparation entre le politique et le prosélyte, mais cela ne signifie pas qu’un clan aille au prosélyte et l’autre au politique, cette séparation doit être réelle.

Pour ce qui est du cheikh Rached Ghannouchi, j’entretiens une bonne relation avec lui, et certains disent que Béji a influencé cheikh Rached jusqu’à ce qu’il devienne un islamiste tunisien. Je ne suis pas un prédicateur, même si le texte coranique recommande que l’on appelle à la voie de Dieu par la sagesse et le bon conseil «ادعُ الى سبيل ربك بالحكمة والموعظة الحسنة», et n’a pas dit par la force. Et nous, nous prodiguons le bon conseil, et tant qu’il y a une réactivité de leur part, nous allons poursuivre (sur cette voie).

Leur présence au sein du gouvernement a donné à l’expérience tunisienne une quasi-stabilité, qui était nécessaire à la Tunisie afin qu’elle sorte de sa crise économique et lutte contre le terrorisme. A l’intérieur d’Ennahdha, il y a des personnes qui n’approuvent pas ce consensus et gardent le silence, mais nous sommes à l’affût, et nous ne ferons aucun pas, sans que l’on soit sûr que l’on est sur un terrain ferme. 

En tant que fondateur de Nidaa Tounes, comment percevez-vous la crise au sein de ce parti?
Je la perçois avec un regard négatif. Tout d’abord, c’est une crise d’état-major. Je suis un fondateur de Nidaa Tounes, et je les ai rassemblés à dessein. J’ai voulu que l’on créé un équilibre dans le paysage politique, car, à cette époque, cet équilibre n’existait pas. Ennahdha était en position dominante avec des petits partis autour de cette structure qui ont régné dans le pays pendant trois ans, sans loi. La loi électorale prévoit que l’Assemblée nationale constituante (ANC) reste une seule année, mais ils ont mis trois ans, ont atermoyé et dépassé la période sans rien faire, c’est ce qui a précipité leur départ. Ce sont des gens qui ont beaucoup sacrifié, et certains d’entre aux ont passé 16 ans dans une prison exigüe, mais ils ont compris que la prison ne les prépare pas forcément au pouvoir.

J’ai donc formé Nidaa Tounes de différentes composantes et était confiant de sa réussite. J’ai ouvert en premier la porte aux Tunisiens du parti destourien, ce sont les bâtisseurs de l’indépendance, et j’en faisais partie. Je leur ai dit que celui qui n’est pas impliqué avec l’ancien régime de Ben Ali et est objet de poursuites dans les tribunaux, peut s’y rallier.

Deuxièmement, j’ai ouvert les portes à des personnes indépendantes. Et troisièmement, il y a des personnalités de gauche qui ont rejoint le parti sur la base que la Tunisie est une nation de juste-milieu. "C’est ainsi qu’on a fait de vous une nation de juste-milieu pour que vous soyez témoins des gens"  : " كذلك جعلناكم أمة وسطا لتكونوا شهداء على الناس".  

Je leur ai dit, vous pouvez entrer sous le toit du patriotisme, et si vous n’êtes pas patriotes, n’entrez pas. J’ai posé la condition qu’ils admettent que la Tunisie est un Etat de juste-milieu, et que le peuple est musulman, et on ne doit pas être hostile à tout ce qui est musulman, car l’extrémisme est une chose, et l’Islam en est une autre. Nidaa a rallié des syndicalistes, ces derniers ont accompli un grand travail pour bâtir l’Etat, ont participé à la guerre d’indépendance, et sont une catégorie non-négligeable en Tunisie. Lors de leur ralliement à Nidaa, je leur ai posé une condition, celle de se ranger sous le drapeau tunisien, car nous ne voulons pas d’autres drapeaux, à l’instar des bannières noires. Notre drapeau rouge est pour tout le monde, et nous devons bannir la violence.

Lorsque j’ai prononcé le discours du 12 juin 2012, nous avons reçu le jour suivant 120 mille demandes, mais nous ne les avons pas acceptées, car on n’avait pas une structure du parti, et le moment n’était pas encore venu. J’ai participé aux élections législatives et présidentielles, et le résultat était raisonnable. Sauf, que de nombreuses personnes qu’on a portées candidats aux élections ne sont pas de Nidaa, nous avons pris des personnalités indépendantes, pour prouver qu’on n’est pas des fanatiques, mais lorsqu’elles sont devenues des députés à l’Assemblée, et lorsque Nidaa était peu soudé, nombreux sont ceux qui ont quitté le parti pour former d’autres partis et blocs parlementaires. Et l’étrange dans tout ça, est qu’en dépit de la crise, le parti occupe toujours la première position. J’ai reçu des appels et des demandes pour intervenir dans cette crise, mais j’étais clair, je m’en suis tenu à la constitution, et je leur ai dit que la constitution m’empêche d’intervenir. J’ai démissionné du parti, le premier jour où je suis devenu président. J’ai laissé de nombreux dirigeants qui rivalisaient pour le leadership, et ceci est inopportun mais c’est un nuage d’été qui va bientôt se dissiper. Je leur ai envoyé des messages afin qu’ils s’accordent, mais hélas, ils sont partis loin en matière d’affrontement. En dépit de cela, les choses vont s’apaiser.

Comment percevez-vous le paysage arabe ?
Je ne suis pas un témoin impartial du paysage arabe, mais je vois une grande catastrophe en face de moi. Les Arabes possèdent toutes les aptitudes pour jouer un rôle décisif dans les équilibres internationaux, mais naturellement  "tu les crois ensemble et leurs cœurs sont dispersés" ً «تحسبهم جميعاً وقلوبهم شتى». Notre culture est fondée sur les mégalomanies. La formation politique réelle et correcte est inexistante, les grands leaders ne sont plus là, et ce n’est pas seulement chez les arabes, mais dans le monde entier. Bourguiba et Abdennaceur sont partis, mais aussi le monde a changé. Si l’on revient au congrès de San Francisco et la fondation de l’organisation des Nations-Unies, nous apercevrions que les principes sur lesquels l’organisation onusienne a été fondée n’existent plus dans la réalité. La Russie et les Etats-Unis rivalisent en Syrie et les deux parties utilisent des bombes contre les Syriens. Le problème de la Syrie n’est pas al-Assad, mais c’est le fait qu’après une période de temps, il n’y aura plus de Syrie, et cela nécessitera cinquante ans afin qu’elle revienne comme elle était. La même chose s’est produite en Irak. Il est vrai que la présence de Saddam était préjudiciable, mais à son époque, il y avait en Irak un Etat, une civilisation, un progrès technologique, aujourd’hui l’Irak est revenu au pré-Etat, et a besoin peut-être de cinquante ans pour revenir. Les Arabes n’étaient pas conscients et n’avaient pas de réels dirigeants. Notre situation est extrêmement mauvaise et je n’ai pas espoir que ça change, mais peut-être que cela interviendra après des dizaines d’années.  La ligue arabe est finie mais malgré cela, il y a eu un changement en son sein, et on a ramené un nouveau Secrétaire Général qui était avant ministre des Affaires étrangères en Egypte, il est bon et a une vision et un programme, mais l’affaire requiert des dizaines d’années et non un ou deux ans. Les Arabes sont absents dans la guerre en Syrie, et n’ont rien fait. Les pays arabes ne sont pas habilités à entrer dans les opérations internationales et ne maîtrisent pas leur situation interne.  

J’étais invité au sommet de G8 en 2014, on était le plus petit pays participant, et on était présent en Allemagne, j’ai fait la connaissance, ce jour-là, du président Obama de près. On m’a dit qu’il y a un printemps arabe, où est-ce qu’il est ce printemps arabe ? C’est une invention européenne ? Ils ont voulu rassembler les pays arabes, et n’ont trouvé que la Tunisie et l’Egypte à cette époque. Et après, l’Egypte est sorti, selon eux, de ce printemps. Je leur ai dit qu’il n’y a pas un printemps arabe, mais un début de printemps tunisien, qui peut se confirmer ou non, s’il se confirme, il pourra devenir ultérieurement un printemps arabe. En Tunisie, on avait des prédispositions réelles, du fait du travail qu’a accompli Bourguiba en matière d’émancipation de la femme, d’enseignement, de santé, ce sont là les réalisations de Bourguiba, à l’époque où tout le monde était contre lui. Et malgré tout ce qu’on a fait, nous sommes menacés par l’automne et menacés par le terrorisme. Et la Tunisie, à elle seule ne peut pas le combattre.

Nous avons une expérience unique en son genre, mais est encore menacée si l’on ne vainc pas le terrorisme, et on ne développe pas l’économie comme il se doit. Nous avons 620 chômeurs, c’est pour ça qu’on trouve des Tunisiens à Daesh, dont certains sont titulaires de diplômes supérieurs et sont restés cinq ans sans emploi, ces organisations internationales les ont polarisés par l’argent. Nous avons quatre mille Tunisiens en Syrie. Nous espérons que ce nombre recule avec le nouveau gouvernement. Nous avons rajeuni la classe dirigeante et c’était un pari. Maintenant, nous avons le chef du gouvernement le plus jeune dans l’histoire du pays, 41 ans, et nous avons des ministres dont la moyenne d’âge est de 49 ans, et huit femmes dans le gouvernement. La ministre des finances est une femme, et ce n’est pas anodin. 

Lorsque je suis allé aux Nations-Unies, nous avons senti un intérêt du monde entier. On m’a dit vous êtres le leader des Nations-Unies. Parmi ceux-là, le chef du gouvernement canadien qui ne dépasse pas les 38 ans, et dont je connais le père. Nous avons fait une aventure, mais nous n’avons pas une autre solution, et nous avons entouré le gouvernement d’une ceinture politique qui est l’unité nationale. On ne doit pas laisser les autres sur le bord de la route, c’est mauvais. Nous leur avons ouvert la porte, et ce n’est pas une question anodine. La plupart de nos amis étaient contre nous, et maintenant le gouvernement fait son travail. Ces choses-là requièrent une audace étudiée, et non d’entrer dans une guerre dont on ne sait pas comment s’en sortir.

Nous n’avons pas un appui économique et il nous faut des dizaines d’années pour sortir du legs laissé par ceux qui nous ont précédés. Malgré cela, il y a des prémisses positives, et nous allons tenir notre conférence sur l’investissement en novembre prochain, et si Dieu le veut, nous allons faire bouger les lignes. 

Quelles sont les mesures en matière de lutte contre le terrorisme ?
La  Tunisie n’a pas de culture de terrorisme. La lutte contre le terrorisme nous a été imposée par la région où il se trouve. On est un petit pays, et dès le début de l’indépendance, on n’a pas parié sur l’armée, comme les autres pays à l’instar de l’Egypte, par exemple. Bourguiba a parié sur l’homme tunisien, et a attribué le 1/3 du budget à l’enseignement, et lorsque le terrorisme est arrivé, on n’a pas trouvé un dispositif de défense. Maintenant, on était obligés de nous adapter et de mettre en place une sécurité.

La question a dépassé l’aspect régional pour avoir une dimension internationale. Il n’y a pas de terrorisme local. Le terrorisme existe en France, comme en Belgique et aux Etats-Unis, c’est pour ça qu’il faut préconiser une stratégie mondiale pour lutter contre le terrorisme. En Tunisie, nous en sommes dans la première ligne d’affrontement, l’Europe l’a compris. Nous avons une coopération avec les Etats-Unis et l’Allemagne spécifiquement en vue de solidifier le tracé (frontalier) avec la Lybie. Les peuples tunisien et libyen forment un seul peuple dans deux pays, ils ont beaucoup coopéré, mais hélas, il n’y a pas un Etat actuellement en Lybie…il y a des milices, l’Etat s’est effondré et Kadhafi a laissé un impressionnant legs d’armes. Il a laissé 26 millions (unités) d’armes pour six millions d’habitants. Il y a un problème et nous tentons de combattre cela. Les Nations-Unies ont soutenu le clan du gouvernement d’union nationale, mais il y a un autre clan où s’entremêlent d’autres sensibilités politiques et d’autres pays, et la voie est encore longue devant les Libyens.  

La femme tunisienne a-t-elle eu la distinction qu’elle mérite ?

La femme tunisienne est dans la même situation que celle de l’homme, excepté dans l’héritage. Nous appartenons à l’école de Kairouan fondée par l’imam Sahnoun Ibn Saïd, c’est une école qui a rayonné sur le Grand Maghreb, et a donné lieu à l'université Al Quaraouiyine à Fès. Cette école avait une lecture moderne du texte coranique. A cette époque, la femme tunisienne pouvait exiger dans le contrat de mariage que c’est elle qui décide du divorce. L’école kairouanaise est celle de Malek Ibn Anas. Pour ce faire, si la société était ouverte sur des efforts de réflexion et le fiqh non figés à l’époque, cela signifie que le renouveau en matière de religion est aujourd’hui possible, à partir de nombreuses lectures, contrairement au Wahhabisme.  

En 1804, Mohamed Abdelwaheb a envoyé une lettre au bey de Tunisie, où il l’appelle à adhérer au Wahhabisme. Le bey a soumis la missive aux oulémas de la Zitouna pour y répondre et la réponse était que l’on ne pouvait pas être des wahhabites. Nous nous en tenons à la maxime populaire selon laquelle, à chaque pays ses mœurs «كل بلاد وأرطالها», c'est-à-dire que si cette pensée est valable dans des pays par-delà le Sahara, il ne pouvait pas être valable pour nous. Nous étions en permanence ouverts sur l’extérieur et sur les régions. Le verset coranique (al-Kafirun) dit : "je n’adore pas, ce que vous adorez, et vous n’adorez pas, ce que j’adore, et je n’adore pas ce vous adorez, et vous n’adorez pas ce que j’adore : à vous votre religion, et à moi ma religion"   «..لا أعبد ما تعبدون. ولا أنتم عابدون ما أعبد. ولا أنا عابد ما عبدتم. ولا أنتم عابدون ما أعبد. لكم دينكم ولي دين.»

Vous avez votre religion, c’est-à-dire la coexistence des religions, et en Tunisie, cette coexistence est là. Nous avons préparé une constitution pour un Etat civil, où il n’y a pas un référentiel religieux. Aux premières années de la venue d’Ennahdha et de la troïka, il y avait eu une grande tentative, pour décréter une constitution stipulant que la femme est un simple complément de l’homme, et non son égale. Et c’est nous qui avons combattu cela et la femme tunisienne était à l’avant-garde pour faire échouer cette tentative. Le résultat était la nouvelle constitution qui était source de joie et de liesse des Tunisiens. Nous avons élaboré une constitution pour un peuple musulman, et lors de l’application, on prend en considération la spécificité du peuple.

Dans le monde arabe, je dis que l’exception ne fait pas la règle. C'est-à-dire que nous sommes une exception, mais nous ne devons pas le demeurer. Tant que nous sommes menacés, nous ne devons pas rester une exception, mais cela doit être généralisé et cela requiert du temps. On dit que c’est un contre-projet de ce qui est de mise dans le monde arabe, mais tout le monde respecte notre expérience, car nous avons dit dès le début, que ce qu’on fait en Tunisie, n’est pas destiné à l’exportation.
Traduit par Gnet