La LET appelle à l'égalité dans les congés de maternité et paternité

Publié le Mercredi 12 Décembre 2018 à 17:06
La Ligue des Electrices Tunisiennes a présenté l’étude autour du congé de maternité et de paternité suite à la proposition du projet de loi proposé par le ministère de la Femme de la Famille et de l’Enfance pour être en harmonie avec l’article 183 de la convention avec l’Organisation Internationale du Travail.

Lors d’une conférence organisée ce mercredi, la LET s’est félicitée de l’implication « sérieuse et responsable» du ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfance. Selon la présidente, Turkia Chebbi, tout doit se faire en parfaite collaboration avec tous les intervenants : « Nous sommes fières d’avoir une ministre aussi dévouée et engagée. Cela va aider toutes les associations travaillant pour les droits des femmes à avancer bien plus rapidement. Nous avons besoin de traduire les textes de loi en actes concrets. Madame la ministre a affirmé que nous allons lutter contre toutes les formes de violences et particulièrement la violence politique qui sera très bientôt considérée comme un crime. Nous serons le premier pays arabe et africain à le faire et c’est une fierté pour la Tunisie ».

Pour Turkia Chebbi, un des principaux obstacles à l’introduction de la femme et son implication active dans la vie politique, sociale et culturelle est la maternité. Elle explique que tant que le « partage de responsabilités » n’est pas équitable entre les deux conjoints, la femme sera toujours amenée à rester en marge des « choses importantes » qui concernent le pays : « Nous devons instaurer une nouvelle façon de voir les choses. L’enfant est la responsabilité des deux parents, pas uniquement de la maman. Tout comme la mère, le père doit absolument s’occuper de sa descendance et avoir un rôle plus actif dans l’éducation des enfants : « Aujourd’hui, c’est la maman qui fait tout. Cette injustice doit disparaitre », a-t-elle affirmé.

Mais, la loi actuelle ne permet pas aux pères d’être toujours disponibles, particulièrement dans les moments délicats avant et après l'accouchement. En effet, le congé de paternité est de deux journées, alors que pour la femme il est de huit semaines pour la fonction publique contre seulement quatre semaines dans le secteur privé : « C’est de la ségrégation. Toutes les mamans doivent avoir les mêmes droits » a indiqué Anware Mnasri, membre de la LET : « Il y a même une étude effectuée par l’OIT qui démontre que plus le congé de maternité est long, plus c’est rentable, à longs termes pour les entreprises, publiques soient-elles ou privéess ».

La ministre Naziha Abidi a ensuite rappelé que « les femmes doivent avoir plus confiance en elles pour convaincre les autres et leur faire comprendre leurs besoins ». Elle a ensuite souligné que le chef du gouvernement, Youssef Chahed, s’est dit « très favorable » à appliquer l’égalité entre les congés de maternité et de paternité : « C’est une décision très courageuse, que nous saluons. Maintenant, tout un travail reste à faire afin d'en persuader les preneurs de décisions ».

Mais, il y a un grand obstacle qui empêcherait le progrès. Selon Naziha Abidi, l’application de ce projet de loi nécessite des ressources financières très importantes, desquelles l’Etat ne dispose pas maintenant. Pour elle, ainsi que pour Anware Mnasri, la solution à ce problème de trésorerie est claire. Elles soulignent : « Il faut lutter contre l’évasion fiscale. Ces dizaines, voire des centaines de millions de dinars sont une manne financière qui pourrait très bien contribuer à établir un équilibre pour que les longs congés de maternité et paternité ne pèsent pas lourd sur le budget de l’Etat ».

En plus de son impact social, l’égalité pour laquelle appelle la LET aurait, selon ses dirigeantes, un impact positif sur la santé du couple et de l'enfant, ainsi que sur  la productivité : « Un couple qui s’est bien reposé avant et après la naissance de son enfant sera moins fatigué, aussi bien mentalement que physiquement et à son retour au travail, il sera bien plus productif. C’est beaucoup mieux que d’envoyer systématiquement des certificats de maladie pour justifier les absences. Nous rappelons que ce projet de loi existe depuis 2015. Il est désormais temps de franchir le pas et passer à la concrétisation », a conclu Anware Mnassri.

Gnet