La France aidera la Tunisie à maîtriser les technologies, selon Eric Besson

Publié le Samedi 26 Mars 2011 à 12:17
Eric Besson à la ferme de Zaâfrana.Cinquième ministre français à visiter la Tunisie, après la révolution du 14 janvier, Eric Besson s’est rendu hier, vendredi à Béjà et au Kef, histoire de dire que le développement de la Tunisie profonde constituera désormais une priorité de la France.

Après une halte à la STEG de Béjà, puis un passage par une ferme privée d’élevage et de céréaliculture à Zaâfrana (le Kef), le ministre français de l'Industrie, de l'Energie et de l'Economie numérique, accompagné de Boris Bouillon, ambassadeur de France à Tunis, et d’une délégation de l’ambassade, a été convié à un déjeuner à la maison d’Hôtes Dar Chennoufi à Sémana (Le Kef) où il a entendu  les exposés des différents responsables régionaux sur les potentialités et les attentes du Kef, une ville plusieurs fois millénaires, celle de Massinissa, et de Jugurtha, mais qui demeure inexploitée par rapport à son réel potentiel. Le gouverneur de la région a déploré, à juste titre, "le manque  de zones industrielles aménagées, le déficit d’exploitation des richesses forestières, une agriculture basée essentiellement sur la céréaliculture, une population rurale dispersée, un solde migratoire négatif, et un taux de chômage élevé, avoisinant le 28%".
 
 
L'armée à l'entrée de la Maison de Hôtes Raoudha Chenoufi.

Raoudha Chennoufi, propriétaire de la maison d’Hôtes, a fait constater, quant à elle, que "le tourisme culturel et écologique qui constitue l’un des atouts du Kef, première capitale de la Tunisie, est négligé ; la région ne figure sur aucun catalogue d’Europe". Elle a plaidé pour un développement du Kef à travers son tourisme et son agriculture. La société civile était également présente, à travers notamment l’association "CIRTA, Développement et citoyenneté", dont le Président Koutheir Bouallègue, avocat, a demandé un parrainage au ministre, histoire d’encourager cette jeune association née après le 14 janvier, et qui a à cœur à contribuer à l’essor du Kef. Beaucoup d’attentes d’un côté, et des promesses de l’autre. Eric Besson s’est engagé "à connecter les fils pour promouvoir la coopération décentralisée entre la Tunisie et la France", indiquant que tous "les départements ministériels de son pays sont impliqués et feront tout ce qui est en leur pouvoir pour accompagner la Tunisie sur le chemin de développement".

Eric Besson lors de la conférence de presse, Boris Boillon à sa gauche. "La France va faire plus d’efforts pour aller vers une véritable décentralisation, nous allons le faire parce que c’est la volonté du gouvernement tunisien qui cherche à répondre aux attentes des régions dont on a sous-estimé les besoins de développement", a affirmé plus tard Eric Besson en réponse à une question.

Lors d’une conférence de presse qu’il a donnée hier soir (vendredi), de retour du Kef, à la résidence Dar al-kamila de  la Marsa, le ministre s’est défendu que la France considère ses relations avec Tunisie dans une logique de dominant/dominé. "Même s’il y a un peu de culpabilité par rapport au passé ; et le protectorat continue à faire débat dans tous les milieux, tournons-nous vers l’avenir", a-t-il appelé, relevant que "le peuple tunisien aura son destin en main, les rapports entre les deux pays ne pourront-être que d’égal à égal". Eric Besson a exprimé la volonté et l’engagement de la France de promouvoir un partenariat industriel avec la Tunisie pour l’aider à développer son industrie. "Nous comprenons que la Tunisie ne veuille  plus être considérée qu’en termes de main-d’œuvre moins chère que l’Europe occidentale. La Tunisie aspire à maîtriser les technologies", a indiqué Besson, citant quelques entreprises tunisiennes qui se sont déjà engagées sur cette voie.

Le ministre français a souligné en préambule que la Tunisie et la France étaient liées sur le plan industriel, essentiellement dans les domaines de l’automobile et du textile, des filières que les entreprises et le gouvernement français comptent développer davantage. "Les industriels tunisiens et français qui se sont rencontrés hier (jeudi)  se sont engagés à développer leur activités de coopération". Il a reconnu toutefois que "tout n’est pas sur un champ de roses", " il y a des questions légitimes sur la hausse des salaires, posées par les syndicats, lesquelles sous-tendent la compétitivité de la Tunisie et sa place dans le commerce international". Tout en martelant que la France souhaite que les entreprises implantées en Tunisie y restent et s’y développent, Eric Besson s’est totalement abstenu d’avoir une quelconque réaction sur les revendications salariales, estimant que "cette question doit être discutée entre le gouvernement, le patronat et le syndicat en fonction de la stratégie de développement de chaque entreprise".

Au sujet de la coopération énergétique, Eric besson a dit avoir proposé que la STEG adhère au consortium Medgrid  qui vise à promouvoir les interconnexions électriques à travers les énergies renouvelables en Méditerranée, et à favoriser les échanges s Nord/Sud via le plan solaire".

Selon les dires d’Eric Besson, la France n’est en concurrence ni avec les Américains ni avec les Européens en Tunisie. "Tous ceux qui veulent aider et accompagner la Tunisie, si c’est une bonne nouvelle pour la Tunisie, ça l’est pour la France. Tout le monde a besoin que la Tunisie réussisse sa transition et son passage à la démocratie".  "Pendant ces deux jours, je n’ai pas senti un désir de moins de France, mais un besoin de plus de France qui jouera son rôle en matière d’accompagnement de la Tunisie", a-t-il réitéré. Il a rappelé le prêt de 150 millions d’euros accordé par l’AFD à la STEG pour étendre le réseau de gazoduc aux régions périphériques. "Ce n’est pas tout à fait rien pour la Tunisie, et ce n’est pas tout à fait rien pour le budget de la France", a-t-il dit.

La  STEG compte réaliser un parcours de 1713 km de gazoduc pour un investissement de 832 millions de dinars, un projet qui permettra de développer le ravitaillement en gaz de la zone ouest à l’horizon de 2016. L’approvisionnement en gaz de la Tunisie provient de deux sources : 60 % de nos gisements tunisiens et 40 % du gaz algérien, indique-t-on à la STEG de Béja.

Ceci étant, Eric Besson a rendu hommage aux membres du gouvernement provisoire, en qui il a relevé "dévouement et désintéressement", ce qui le rend optimiste quant "à la capacité de la Tunisie à réussir le passage vers des institutions stables et démocratiques". Interrogé sur les relations qu’entretenait la France avec le régime Ben Ali, le ministre a laissé entendre que la France entretient des relations avec les Etats et non avec les gouvernements. "On ne peut pas avoir des relations qu’avec les démocraties, même s’il serait toujours préférable d’avoir affaire à des pays qui partagent les mêmes valeurs que nous".

Sur question relative à l’immigration, un dossier qu’il connait bien ayant été lui-même ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale, Eric Besson a déclaré que la France est ouverte à l’immigration légale, professionnelle, dans le cadre du regroupement familial, ou encore celle des étudiants… "l’idée d’une France fermée est un mythe", a-t-il indiqué, qualifiant l’immigration illégale "de piège pour tout le monde à commencer par l’immigrant lui-même, car les 9/10 des immigrés illégaux vont vivre dans les quartiers des immigrés légaux et cela va provoquer beaucoup de problèmes dont la pauvreté qui reste en lien avec la délinquance".
H.J.


 

Commentaires 

 
#17 commentaire
Ecrit par souhaieb     04-04-2011 18:13
C'est bien s'ils veulent nous aider mais sans condition ainsi il ne faut pas toucher de notre souvereineté
 
 
#16 La France est démodé
Ecrit par Imed     30-03-2011 15:01
Il serait temps pour nos dirigeants de se réveiller et de comprendre que les tunisiens veulent tourner la page avec ce pays.
 
 
#15 RE: La France aidera la Tunisie à maîtriser les technologies, selon Eric Besson
Ecrit par el manchou     28-03-2011 21:39
on ferait mieux d'acquérir la technologie en iran et en arabie saoudite chez nos frères que chez ce gawri
 
 
#14 La majorité des juifs sont en Europe des embuches
Ecrit par Dédé     28-03-2011 21:22
La majorité des juifs sont en Europe des embuches plantées sur le chemin de chaque arabe capable d'avancer et de se frayer un chemin.
Il ne faut pas être naïf, il faut voir la vérité en face.
Ceci étant dit, il nous revient, nous autres les arabes, de savoir comment contourner ces embuches et de ne pas croire aux mirages et aux fausses leçons de morale et de bonne conduite que prodiguent certaines personnes croyant que ça les valorise.
Les juifs, j'aime, ça m'oblige d'être vigilent et moins bête!
 
 
#13 Anti-semitisme
Ecrit par MD     28-03-2011 18:21
Ya Dede -
"S'il n'était pas juif, il ne serait jamais au pouvoir, tout comme Balkany, Lellouch, Sarko, etc.
ça devient fatigant que de parler d'eux."

Tes propos ressemble un peu a ceux de Jean Marie le Pen - hein?

Il faut rompre avec la negativite.
 
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