La culture du travail en crise, la Tunisie se vide de ses compétences !

Publié le Lundi 30 Avril 2018 à 17:15
Les Tunisiens ont peu travaillé ces dernières années. La Tunisie célèbre demain, mardi 01er Mai, à l’instar de la communauté internationale, la fête du travail. Le travail une valeur sûre et sacrée, sans laquelle, aucun développement n’est possible, aucun progrès imaginable et aucune transformation réalisable.

A l’origine de l’essor des sociétés, le travail a pour synonyme labeur, effort, action, et dynamisme et pour antonyme oisiveté, inaction, sclérose, et immobilisme. Les premiers mènent au salut, les seconds à la perte.

Dans l’histoire, les pays qui ont le mieux réussi, sont ceux qui ont le plus travaillé. Sortir de la pauvreté, du sous-développement, des suites d’une guerre ou d’une catastrophe, se reconstruire et se redresser, ne peut se concevoir que par le travail. Derrière chaque expérience réussie, il y a un travail bien fait. Plus le travail est respecté dans une société donnée, plus celle-ci est organisée, propre, développée, et plus ses citoyens ont des chances d'accéder au bien-être.

Recul des revenus du travail

En Tunisie, la culture du travail traverse ses pires moments. Elle est en déclin. C’est ce qui explique, en grande partie, l’accumulation et la complexité des difficultés. 

Pendant ces sept dernières années, les Tunisiens ont peu travaillé, un état de fait qui est le prolongement d’un contexte général dominé par l’incertitude, et le manque de visibilité, et qui est source de relâchement et de démoralisation. On ne compte pas le nombre de jours perdus dans des secteurs d’activités aussi vitaux, que stratégiques ; une hémorragie qui, ajoutée à l’absence de transparence et de bonne gouvernance, et à la montée de la corruption, a sapé les fondements de l’économie nationale, dilapidé les acquis et les ressources, et occasionné un manque à gagner considérable pour l’Etat, qui, pour y faire face, a eu un recours acharné à l’endettement, voire au surendettement.

Le problème majeur de l’Etat, celui des finances publiques, découle, pour le dire trivialement, d’une inadéquation entre ressources et dépenses, au détriment des premières. Avec le recul des revenus du travail, et des problèmes connexes comme l’évasion fiscale, la contrebande, le commerce parallèle ; l’Etat a récolté beaucoup moins de recettes, qu’il en a engagé des dépenses, notamment pour payer les salaires, subventionner les produits de base, l’énergie, combler le trou de la sécurité sociale, et corriger de nombreux autres dysfonctionnements, à titre temporaire, tout en reportant sine die les réformes urgentes, seule voie pour des solutions pérennes.

Le sens du sacrifice qui revient souvent dans le discours officiel, comme une obligation nationale incontournable, pour sortir de l’ornière, n’a pas d’existence réelle. La frénésie revendicatrice continue, avec une intensité variable, selon les moments. Les signes timides de relance ont peu de prise sur une conjoncture de crise, et les équilibres macro-économiques risquent, si les dérapages ne sont pas jugulés, de devenir immaitrisables. 

Aucune solution magique autre pour guérir ces maux, que le travail quantitatif et qualitatif, au niveau des trois sphères politique, économique et populaire. Sur le plan politique, les bonnes  décisions doivent être prises, les meilleurs choix faits, et les politiques judicieuses engagées pour assainir le climat général et baliser le terrain à un retour de l’activité. Sur le plan économique, les efforts doivent être déployés pour sortir du marasme actuel, à travers l’investissement, l’incitation à l’initiative privée et la création d’emplois, le tout devra converger vers une amélioration de la croissance via la production et la création des richesses, et non la seule consommation. Au niveau populaire, il faut se réconcilier avec la notion du travail bien fait, tout en le considérant comme étant un devoir, en l’absence duquel, aucun droit ne peut être revendiqué.

La réhabilitation de cette valeur noble et gratifiante pour l’individu et la collectivité, ne pourrait avoir lieu que moyennant un engagement commun. Lequel est hélas absent par les temps qui courent où les esprits sont ailleurs, et où l’heure est à verser des larmes sur ce qui en est advenu du pays, et à baisser les armes face à une situation que l’on croit, à tort, irrattrapable. D’où cette envie qui gagne de plus en plus les Tunisiens, jeunes et moins jeunes, de vouloir tout plaquer et partir. Des milliers d'entre eux ont déjà franchi le pas, après avoir  décroché des contrats à l’étranger ; le pays se vide de ses compétences, et rien n’est fait pour les dissuader ou les en empêcher…Quel gâchis.

Gnet

 

Commentaires 

 
-1 #1 RE: La culture du travail en crise, la Tunisie se vide de ses compétences !
Ecrit par Agatacriztiz     03-05-2018 17:19
Il n'y a qu'à voir comment les gens se comportent et l'on comprend facilement que la médiocrité, la vulgarité et le manque de civisme gangrènent de plus en plus notre quotidien...
L'incompétence, ça fait longtemp qu'elle a "pignon sur rue"...
 
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