La Corée du Sud, la Chine ont su prospérer, là où la Tunisie ne cesse de s’enliser

Publié le Mercredi 19 Décembre 2018 à 16:31
Poignée de main entre Youssef Chahed et Lee Nak-yon"Il y a 30 ou 40 ans, la Corée du Sud était dans une situation qui n’était pas très avancée, mais avec une expérience pionnière, elle s’est développée et a réalisé la croissance et le bien être pour son peuple", a affirmé ce mercredi 19 décembre Youssef Chahed, en marge du forum économique tuniso-coréen, tenu, à l’occasion de la visite en Tunisie du Premier ministre Sud-Coréen.

Comme la Corée du Sud, les exemples des pays qui ont brisé les chaines du sous-développement, réussi à transformer des réalités socioéconomiques difficiles et à faire passer leur population du dénuement à l’aisance sont légion. La Chine est en la matière une source d’inspiration. Grâce à des réformes et à l’ouverture engagées il y a quarante ans, en décembre 1978, l’Empire du milieu a connu une croissance exponentielle dans tous les domaines.

L’économie de marché socialiste, initiée par le parti communiste chinois lors de son XIème congrès du 18 au 22 décembre 1978, a permis une multiplication par 37 en quatre décennies, du PIB chinois, passant de 305 milliards de dollars en 1980 à 12.725 milliards de dollars en 2017. Le taux de croissance moyen sur la période était de 10 %, selon une dépêche AFP.

La Chine s’est hissée au premier rang du classement des pays exportateurs de biens et services avec un volume de 2.491 milliards de dollars en 2017, contre seulement 21 milliards de dollars en 1980.

Son dynamisme économique a drainé un flux d’investissement. Quasiment inexistants en 1980, les investissements en provenance de l’étranger,  pesaient 168 milliards de dollars en 2017.

Les Chinois sont beaucoup plus riches aujourd’hui qu’ils ne l’étaient il y a quarante ans. La consommation des ménages chinois est 90 fois plus importante en 2016 (4.412 milliards de dollars) qu’elle ne l’était en 1980 (49 milliards de dollars). Le nombre d’abonnements à la téléphonie mobile a explosé, atteignant 104 abonnements pour 100 habitants en 2017, indique en substance l'AFP.

Une modernisation réelle que la Chine a axée sur quatre secteurs : l’agriculture, l’industrie, les sciences et technologie, et la défense ; les résultats ne se sont pas fait attendre et sont fulgurants.

La Chine ne va pas s’arrêter en si bon chemin, et compte reconquérir le monde par les routes, les airs et les rails, grâce à son initiative une ceinture, une route,  communément appelée la route de la soie.

Quid de l’exemple tunisien. Au sortir de  la révolution, on  a hérité d’un pays étouffé par le despotisme, avec des disparités régionales criantes, des inégalités, un chômage élevé, une pauvreté grandissante, une corruption institutionnalisée, népotisme, clientélisme…un pays qui, faut-il le dire, avait une maîtrise de ses équilibres macroéconomiques. L’espoir était grand à l’époque, avec la liberté retrouvée et l’engagement en faveur de la démocratie, d'être en capacité de corriger les dysfonctionnements, de s’engager dans un processus de réforme, d’améliorer les conditions de vie de la population, et de concrétiser les objectifs de la révolution en termes de dignité, de justice sociale et d’emploi.

L’impératif était de fixer tout de suite un cap, de faire un diagnostic rapide et précis de la situation, de définir les priorités, et de  se lancer dans des réformes structurelles objet d' unanimité. Le pays soufrait en 2010 – 2011 d’un déficit des caisses  sociales, d’une caisse de compensation lourde, d’une administration minée par les lourdeurs et la complexité qui était un frein à l’investissement, d’entreprises publiques déficitaires, etc.

Mais, il n’en était rien, toutes ces priorités ont été reléguées, sciemment ou non au dernier plan, et un véritable travail de sape a été  mené depuis contre les fondements de l’économie. Tout cela sur fond de querelles et tiraillements politiciens, et d’une explosion digne des contrées les plus arriérées, de partis politiques.

La situation déjà peu reluisante en 2010 s’est dégradée comme jamais, et nous voilà pendant toutes ces années face à une crise économico-financière qui devient chaque jour plus inextricable. Avec les difficultés des finances publiques et le gap entre ressources et dépenses de l'Etat qui ne cesse de se creuser, un déficit des caisses béant, une caisse de compensation qui explose, une pléthore de l’effectif dans l’administration, une masse salariale dans la fonction publique qui atteint des sommets, près de 15 % du PIB, un élargissement du déficit commercial, 16 millions de dinars au cours des dix mois de 2018, des entreprises publiques sous perfusion, une agriculture toujours artisanale et minée par les dysfonctionnements structurels, une industrie qui vivote face au poids des difficultés et des charges, un pouvoir d’achat laminé, une paupérisation ambiante, des fléaux comme la corruption, le commerce parallèle et la contrebande qui prennent de l’ampleur…c’est, hélas, tout le contraire du tableau chinois.

A l’origine de tout ça, un manque de vision, l’absence du volontarisme et un Etat défaillant, dans un climat d’instabilité permanent, et un mode de gestion dans l'urgence.
Gnet