La complémentarité économique arabe en débat à Tunis

Publié le Mardi 27 Février 2018 à 15:30
Conférence sur la complémentarité économique arabe les 28 février et 1er Mars à Tunis. La désunion politique de la région arabe, n’a d’égale que sa désintégration économique.  A l’ère de la mondialisation et son corollaire l’interdépendance économique sans précédent, et des nouvelles règles de commerce et d’échange, les pays arabes sont réduits à subir plutôt qu’à choisir leur modèle économique, peu outillés qu’ils sont à faire jeu égal avec les puissances économiques de la planète. Dominé par les grands groupements régionaux et mondiaux, moyennant des directives et des réglementations résultant des rapports de force, le nouvel ordre économique mondial pénalise les pays esseulés.

Le monde arabe présente un panorama disparate, avec des systèmes économiques fragiles et vitalement dépendants de l’étranger, des Etats-Unis à l’Europe en termes de subsistance, en prime les céréales, de produits industriels, d’équipements de santé, etc. 

Entre des économies de rente tirant leur force de la manne pétrolière et gazière à l’instar des pays du Golfe, des économies qui essaient d’émerger en développant un tourisme haut de gamme, un climat attractif pour l’investissement et les ferments d’un tissu industriel, comme le Maroc, des pays en crise qui peinent à remonter la pente, et à exorciser les difficultés de la transition, à l’exemple de la Tunisie, et des pays aux richesses dilapidées et aux économies laminées par la guerre : Libye, Irak, Syrie, etc., la région accuse un retard économique endémique et les signes qu’il ne soit rattrapé d'aussitôt sont inexistants.

C’est face à ce tableau peu reluisant, qu’une conférence se tient les mercredi 28 février, et jeudi 1er Mars à Tunis, sur la complémentarité économique arabe. Organisée par la Ligue arabe et le centre arabe de planification (Koweït), cette rencontre débattra du cadre juridique de la complémentarité arabe, des raisons objectives de la faible complémentarité, des expériences réussies et des leçons à tirer, et des attributs et mécanismes de rectification du processus à la lumière de l’organisation de l’économie mondiale.

Chaînes de valeurs mondiales
Le monde arabe se heurte à d’importants défis politiques et socioéconomiques, ce qui requiert de ses pays d’opérer des changements structurels, particulièrement en matière économique.

La lenteur de croissance, au regard de l’accélération des crises économico-financières mondiales, l’oscillation des cours des ressources naturelles, le manque d’emplois décents  du fait de la spécialisation des pays arabes dans les secteurs extractifs et productifs traditionnels, et l’incapacité des politiques sociales à faire face aux répercussions de la vulnérabilité économique sont autant de défis posés dans la région, comme le souligne une note préliminaire à cette conférence dont une copie est parvenue à Gnet.

Ces difficultés ont relancé le débat sur le type de réformes économiques et financières à mettre en œuvre dans le cadre d’une révision profonde des modèles de développement aujourd’hui en place dans les pays arabes, qu’ils soient les pays riches, ou ceux au revenu moyen et faible.

Parmi les facteurs à prendre en ligne de compte, les défis nouveaux auxquels se heurtent les pays de la région, comme l’avènement des chaînes de valeurs mondiales, la compétitivité grandissante, la prédominance de l’aspect financier sur l’aspect productif, l’approfondissement de la spécialisation dans les services et industries hautement cognitives, et leur monopolisation par certains pays.

Ces facteurs ont incité tant les pays développés que ceux en voie de développement à s’unir dans des groupements, ayant favorisé la complémentarité, ce qui a permis de valoriser leurs intérêts commerciaux, d’investissement et de développement. Parmi ces groupements économiques figurent l’Union européenne, l’accord de libre-échange nord-américain  (ALENA),  l’Association des nations de l’Asie du Sud-est (A.S.E.A.N) et bien d'autres.

Tirer les leçons de l’expérience arabe en la matière, en la comparant à des expériences régionales, et essayer d’élaborer une feuille de route pour rectifier le processus, dans la perspective d’un nouveau modèle de développement, sont les principales finalités de la rencontre qui s’ouvrira demain , et débouchera sur la déclaration de Tunis sur l’avenir de la complémentarité économique arabe. 
Gnet