La campagne « Hassebhom » relancée ! Marche de contestation le 25 novembre

Publié le Mercredi 15 Novembre 2017 à 15:21
Une vue de la conférenceLa campagne "Hassebhom" avait déjà débuté en 2015. Les membres, issus de différentes composantes de la société civile ont pour objectif de faire valoir les droits des citoyens agressés, avant, pendant et après la révolution par les forces de l'ordre. Le mouvement a cette fois mis l'accent sur le projet de loi de répression des agressions des forces armées, qui « ne doit en aucun cas être adoptée».

« Que dit cette loi ? En résumé : c'est un projet contre les libertés. C’est une humiliation pour Tunisie nouvelle de parler de telles aberrations. Nous rappelons que les agents de la police sont d'abord des citoyens qui doivent se plier aux lois comme tout le monde. Notre position n'est pas hasardeuse et s'appuie sur des faits concrets. Ce sont des agents corrompus qui ont fondé ces syndicats pour se protéger. Nous demandons à toutes les forces vives de la Tunisie de bouger pour lutter contre ce projet de loi tout simplement scandaleux », a déclaré Lina Ben Mhenni.

L’activiste, qui au passage a remercié le SNJT qui a abrité cette conférence et s’est interrogée : "Le décor à l’extérieur n'est pas sans rappeler les pires périodes de Ben Ali. Les policiers sont un peu partout, mais nous continuerons notre combat". Ce projet de loi est, pour Ben Mhenni, une insulte au parcours de la révolution et un « nouveau coup bas pour le processus démocratique ». Pour elle, tout comme les membres de cette campagne, cette loi ne permettra jamais de lutter contre le terrorisme : "Les terroristes ne reconnaissent pas l’Etat. Ce n'est donc pas cette loi qui va aider à les neutraliser".

Ben Mhenni met ensuite en garde contre l’adoption de cette loi, qui, entre autres, pourrait permettre aux agents des forces de l'ordre de "se venger" pour "des problèmes personnels". Elle explique : "Si un citoyen a un différend avec son voisin policier, il peut finir en prison pendant cinq années, sans qu'il ne puisse rien contester. C'est vous dire la gravité de la chose".

Le principal combat de la campagne est de mettre fin à l'impunité des policiers : "Ils enfreignent les lois au quotidien. Agressions dans les stades, violences envers les citoyens dans la rue, agressions sexuelles. Mais personne n'a jamais été sanctionné. Si cette loi est adoptée, ce sera le dernier clou dans le cercueil de la révolution, ou de ce qu'il en reste» s’inquiète Ben Mhenni.

Les membres de cette campagne affirment rappellent que les forces de l’ordre sont déjà bien protégées avec des lois qui existent depuis les années 80. La campagne ne voit aucun besoin d'en rajouter : « Il n’y a absolument aucune nécessité d’en rajouter », soulignent-ils. Ce projet de loi n'a qu'une justification : « Il ne s’agit pas de combattre le terrorisme. Les dirigeants au pouvoir veulent barrer la route à toutes formes de contestations et nous allons justement descendre, le 25 novembre à la rue en organisant une marche au centre-ville de Tunis pour barrer la route à cette loi scandaleuse »

Ce projet de loi est aussi un danger qui guette un des "acquis" de la révolution, à savoir la liberté de la presse : « Les journalistes qui n'auraient plus le droit de l’accès libre à l'information. Ils seraient emprisonnés en cas de publication de documents jugés confidentiels. Ils devront faire valider leurs publications avant l’impression ", avertissent les membres de la campagne. Le SNJT est catégoriquement contre l'adoption de ce projet de loi. Le porte-parole est clair à ce sujet : "C'est un pas vers l'instauration d'une nouvelle dictature et il est hors de question de revenir en arrière après tant de sacrifices".

"Il faut défendre ce qui reste de la révolution. Cette loi est ridicule, tout comme la situation globale du pays. Elle est anti constitutionnelle. En l’absence d’un climat de confiance avec le peuple, les policiers seront encore plus en danger. Si cette loi est adoptée, la relation, déjà tendue, va encore plus se détériorer », souligne le député Ammar Amrousseya, qui ne manque pas de rappeler aux jeunes, que cette affaire est leur combat et qu’ils ne doivent pas commettre l’erreur de « compter sur l’ARP ».

Perplexe et remonté, Jawher Ben Mbarek a déclaré : "Je pensais que la loi de la réconciliation n'allait pas être adoptée, mais j'avais vu faux. Son adoption a ouvert le passage à de tels projets de loi et cette fois, si ça passe, ce sera l'enfer". Il souligne qu'il y a des pressions quotidiennes sur les organisations non gouvernementales, ce qui veut dire que l'Etat a l'intention de d’avorter le processus démocratique entamé depuis des années".

Ben Mbarek a ensuite dénoncé des pratiques intolérables. Pour lui, les syndicats des forces de sécurités qui sont apparues après la révolution, ont été fondés par « des agents corrompus qui veulent se protéger ». Nous n’avons rien contre le fait de défendre ses droits, mais nous sommes contre « l'hypocrisie syndicale », a-t-il conclu.

S.S