La Banque mondiale décrète l'urgence des réformes en Tunisie

Publié le Mercredi 04 Mars 2015 à 17:38
Vue de la Conférence«Un nouveau modèle de développement », cette formule si souvent reprise et revendiquée par les experts et connaisseurs du domaine économique, n’a pas fini de faire parler d’elle. Dès que  l’on aborde le sujet de la crise financière, du déficit commercial, du chômage, de la précarité, de la récession... des voix s’élèvent, appelant à l’instauration d’un nouveau modèle de développement.

C’est le cas de Ridha Chkoundali, Directeur Général du Centre des Etudes et recherches économiques et sociales, ayant déclaré, ce matin, en marge d’une conférence sur les défis économiques au lendemain de la révolution, qu’il était nécessaire d’adopter un nouveau modèle économique qui touche aux trois secteurs d’activité, et qui soit contrôlé par la société civile.

«Ce nouveau modèle doit inclure les régions intérieures où se trouvent le plus gros des richesses naturelles du pays…ces mêmes régions doivent être mises en valeur pour développer le tourisme. Par ailleurs, nos exportations devraient être orientées vers les pays à la croissance importante, au lieu de nous suffire des pays à la faible croissance, souffrant d’une importante dette publique », a-t-il dit. Au lieu de regarder uniquement vers des pays comme la France, l’Italie, et l’Allemagne, le directeur du CERES appelle à la diversification et à « l’inclusion, au lieu de l’exclusion », selon lui.

Concernant le secteur informel, il estime qu’une nouvelle stratégie serait nécessaire, « prenant en considération le pouvoir d’achat du Tunisien, ainsi que le nombre important d’emplois crées par ce secteur…Utiliser la force, la répression et la solution sécuritaire pour en découdre avec l’informel au profit du formel, je considère que ce n’est pas du tout une solution », a-t-il souligné.

Jean-Luc Bernasconi, économiste principal au sein de la Banque Mondiale, chargé du dossier tunisien, a exposé lors de cette conférence les défis de la Tunisie et les réformes nécessaires.
Après un affaissement moyen de la croissance économique après la révolution, une reprise est attendue durant les années à venir. Une croissance basée sur la consommation. La politique gouvernementale vise, selon lui, à faire baisser l’inflation en maitrisant les prix. « L’inflation va graduellement se réduire autour de 4% dans les années à venir…surtout que nous savons qu’elle affecte les pauvres plus que les riches, et donc c’est un phénomène à prendre au sérieux », a-t-il dit.

La Loi de finances complémentaire 2014 commençait à aller vers une diminution des financements structurels de l’Etat. « Il faut que le marché extérieur se développe. Il faut aller au delà du marché traditionnel…  Mais en gros on table sur une reprise, notamment du tourisme, qui permettra d’absorber le déficit de la balance, et donc moins de pression sur l’endettement extérieur»,   a-t-il dit.

Il a affirmé que la Banque Mondiale était en train de préparer une nouvelle stratégie qui s’inspire du programme du gouvernement tunisien. « On est en train d’étudier des réformes, et chacun de leur impact sur les 40% des Tunisiens les plus démunis. Un objectif partagé par les autorités tunisiennes », a-t-il annoncé.

Cette étude serait axée sur la qualité des services sociaux notamment dans les régions intérieures. La croissance potentielle de la productivité de la Tunisie dans les 3 à 4 prochaines années, sera en baisse, selon les études prospectives de la Banque Mondiale mais aussi de la Banque Africaine de Développement, rapporte l’économiste.

Concernant les Investissements directs étrangers, il préconise leur diversification. Mais aussi que le secteur privé soit accompagné par une « démocratie économique ». Il considère qu’il serait nécessaire que la Tunisie adopte l’ouverture  accrue du marché, « pour donner l’occasion aux entreprises tunisiennes d’accéder à des marchés qui lui sont encore fermés. Il y a des efforts qui sont faits pour la levée des barrières, mais de manière relativement graduelle et progressive », selon le représentant de la Banque Mondiale.

Au sujet de l’investissement, il considère que les moyens de financement à la portée des Tunisiens sont insuffisants et devraient être améliorés, avec plus de facilité d’obtenir des crédits bancaires.

« La Tunisie possède de sérieux atouts, la géographie, le capital humain, l’avantage de la démocratie, et l’administration, même si elle est en train de perdre de sa qualité sur le plan international, qui peuvent attirer les investisseurs, si le pays planche sur l’exécution des réformes », a-t-il dit.

Le gouvernement Tunisien doit également mettre en œuvre le processus de simplification des affaires, d’après l’économiste, qui soutient le projet initié par le gouvernement précédent. « Ces 160 mesures, prises une à une, elles n’impressionnent pas, mais toutes ensemble peuvent faire la différence pour les entreprises », a-t-il dit.
Chiraz Kefi

 

Commentaires 

 
+1 #1 capitalisme sauvage ?
Ecrit par Royaliste     05-03-2015 12:16
on entend ce discours depuis 1990, mais personne ne propose un modèle de développement concret et viable avec des projets viables ...

Mme Kefi, la prochaine fois, s'il vous plait demandez leur, quel est ce nouveau modèle qu'ils suggèrent?
 
Ces commentaires n'engagent que leurs auteurs, la rédaction n'en est, en aucun cas, responsable du contenu.