Tunisie : Khelil appelle à la création de trois fonds de la Zakat

Publié le Mercredi 20 Avril 2016 à 16:56
Vue de la Conférence
La Zakat (l’aumône légale), troisième pilier de l’Islam qui consiste à donner une part de ses biens et argent (une fois ils auraient atteint un certain seuil), une fois l’an, aux personnes défavorisées, a fait l’objet ce mercredi d’une conférence organisée par  L’Université Zeitouna avec l’Association Tunisienne de la Zakat. « Le rôle de la Zakat dans la création d’emploi et le développement », c’est sous cet angle que les participants à la journée ont abordé la question.  
 
Le ministre des Affaires Religieuses, Mohamed Khelil, a déclaré à cet effet que l’Etat plus que jamais soucieux de donner de l’élan à l’économie et au développement, est très ouvert sur les propositions et les idées qui lui permettraient d’atteindre ses objectifs. 
 
« Les ressources allouées aux programmes de l’Etat, malgré leur volume ne sont pas suffisantes. C'est pourquoi, il est nécessaire de trouver des appuis. La Zakat est un facteur qui pourrait aider à lutter contre la pauvreté. Vu le rôle social important que joue la Zakat pour réduire les disparités sociales depuis longtemps, plusieurs pays y ont recours. A la fin des années 1980, un fonds de la Zakat a été créé, mais n’a pas eu l’impact escompté parce qu’il ne répondait pas à la condition d’indépendance », a dit le ministre. A côté de son rôle de collecteur de dons, le fonds Zakat doit réinvestir, développer les ressources, et appuyer la croissance économique. 
 
En 2012, une deuxième tentative de créer l’Institution Tunisienne de Zakat a échoué, s’est rappelé le ministre. « Il n’a pas été bien ficelé légalement, et ces essais ont été voués à la clandestinité en l’absence d’une loi cadre », a-t-il dit. 
 
Mohamed Khelil estime que la Zakat nécessite la création de trois fonds ;  un pour les endettés (Gharimin) qui sont dans l’impossibilité de rembourser un prêt qu’ils avaient contracté pour faire du bien à eux ou à autrui, un fonds pour les pauvres, et un fonds "Fisabillillah" "وفي سبيل الله". Celui-ci sera destiné à soutenir les forces de sécurité militaire et sécuritaire, c'est à dire à la lutte contre le terrorisme, comme l'a préconisé tout récemment le mufti. « Malgré nos différences idéologiques, nous gagnons  à lancer une structure de collecte de Zakat en Tunisie, qui pourrait être le levier de l’économie, améliorant le pouvoir d’achat et protègera la classe moyenne », a indiqué le ministre. 
 
C’est au moyen de ces arguments que le ministre des Affaires religieuses compte plaider pour appuyer un éventuel projet de loi pour la création de fonds pour la Zakat.
 
Il a proposé ce matin la création d’une commission de Fiqh qui planche sur les différentes possibilités de créer un fonds pour les Ghanimin, dont l’interprétation n’a pas été suffisamment abordée à travers les siècles. 
 
Il a aussi proposé la création d’une commission technique, formée par des économistes et des statisticiens, qui sera chargée de mener des études scientifiques « qui révèleraient de manière scientifique, comment le Fonds des Ghanimin possède des atouts et profiterait aux familles, aux personnes physiques et aux personnes morales », a dit le ministre. La commission du Fikh serait selon lui chargée de poser les détails compatibles avec la Chariaa. 
 
Il a rappelé que la dette des institutions étatiques est estimée à plus de 3000 millions de dinars, « Ce qui représente une lourde charge pour l’Etat qui ne cesse d’y injecter de l’argent pour continuer à subvenir aux besoins des citoyens ».
 
Mais aussi la dette des municipalités, le déficit des caisses de sécurité sociale, ainsi que les investissements pour créer de l’emploi peuvent être couverts par les fonds Zakat, selon le ministre. Il a par ailleurs évoqué les problèmes sociaux, les difficultés qui poussent au divorce, la cherté de la vie, et le surendettement qui ronge le tissu social, et auxquels la Zakat pourrait être la réponse. 
 
Il a appelé à préparer un projet de loi pour la création d’une institution de la Zakat, sous la tutelle du ministère des Affaires sociales et le ministère des Finances.
 
« Mais qui ne sera probablement pas nommée comme telle, pour éviter toute instrumentalisation politique », a-t-il toutefois précisé. Cette institution devra être juridique, selon le ministre qui a appelé à ce qu’elle ait un caractère financier « qui doit se trouver une place dans le même système que les banques islamiques et les soukouks, afin d’éviter que le projet de loi ne traine en longueur », a-t-il terminé. 
 
Habib Kallel, directeur exécutif de l’Association tunisienne des sciences de la Zakat, a pour sa part indiqué que le fonds Zakat peut appuyer les efforts de l’Etat à lutter contre la pauvreté. 

«La Zakat, telle qu’elle était jusque là pratiquée consistait à donner de l’argent aux démunis, sans leur permettre pour autant d’améliorer leur vie sur le long terme.  Le but est d’utiliser les fonds de Zakat pour fournir aux personnes concernées les moyens de travailler afin d’avoir une vie digne et le sortir de la négativité », a-t-il dit.

Kallel a ajouté que la mission serait difficile pour l’Etat, « il faut d’abord éviter de reproduire une ancienne expérience dont le mauvais souvenir est encore vif chez les Tunisiens. Nous optons pour une institution contrôlée mais pas dirigée, par l’Etat », a-t-il dit. C’est la société civile et les organes de contrôle financier qui, d’après lui, joueraient un rôle prépondérant dans le contrôle de cette institution.   
 
Chiraz Kefi
 

Commentaires 

 
+3 #1 RE: Tunisie : Khelil appelle à la création de trois fonds de la Zakat
Ecrit par Montygolikely     25-04-2016 18:25
Pour faire plus simple et cesser ces discours arriérés de démagogues, on devrait inviter certains tunisiens à payer leurs impôts, s'acquitter de leurs cotisations sociales et pour certains, cesser de rouler sans autorisations de transport, sans assurances et sans vignettes.
Laissez à la zakat son rôle religieux de zakat et essayez de gérer les finances publiques d'une manière civilisée...
 
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