Jeunes de l’émigration : Les déracinés d’ici et d’ailleurs |
Publié le Lundi 21 Juillet 2008 à 11:10 |
Les routes tunisiennes prennent des couleurs, avec ces plaques d’immatriculation venant de différents coins du monde. Signe du retour massif de nos émigrés. L’heure des retrouvailles a bel et bien sonné. Des milliers d’expatriés tunisiens ont mis le cap sur le territoire national. Un retour aux sources, tant attendu, après de longues périodes vécues à l’étranger, loin des leurs. Ce déferlement de nos émigrés par les airs et par les mers trouve son prolongement sur terre. Il n’est pas rare de voir, ces jours-ci, sur la route, ces voitures venues d’ailleurs, chargées à ras bord et roulant cahin-caha, preuve qu’un bateau, en provenance de Gênes, de Marseille ou autre, vient de jeter l’ancre au port de La Goulette, ramenant chez eux des milliers de Tunisiens et leurs véhicules. Cette période des grands retours donne du fil à retordre à nos transporteurs nationaux. Tant la compagnie Tunisair que la CTN (Compagnie tunisienne de navigation) ont mis les bouchées double pour faire face à la superpointe. Affrètement de navires, programmation de traversées supplémentaires, de vols charters…des renforts à tout va, mais qui sont loin de résorber le surplus des réservations, notamment celles de dernière minute. D’ailleurs, ce tohu-bohu des transports, joint aux formalités douanières, préalables au passage des frontières, suscite souvent l’ire de nos compatriotes expatriés qui fustigent les longues attentes et la complexité des procédures. Mais, la parenthèse est vite close, les étreintes et les embrassades fort émouvantes étant là pour faire oublier les contretemps du débarquement. Et voici nos émigrés se délecter de ces premières retrouvailles avec les proches et les amis. Des instants de pur bonheur où les uns et les autres ont d’interminables histoires à se raconter. Des instants qu’on immortalisera grâce aux appareils photos numériques et aux caméras, enfouis dans les bagages. Passés les premiers jours, l’émotion des rencontres s’émousse quelque peu. Place aux sorties et aux promenades dans les rues de Tunis ou ailleurs. Et là, nos émigrés sont facilement repérables, notamment à travers leur accent spécifique. Pas un mot en arabe, ou tout au plus, un arabe cassé, décousu. S’ils se retrouvent dans les commerces, les cafés, et si la vendeuse ou le serveur, leur causent dans le dialecte tunisien, ils écarquilleront les yeux, signe « qu’ils n’ont pigé que dalle », pour emprunter l’une de leur répartie usuelle. Ces jeunes tunisiens ont-ils tiré un trait sur leur langue maternelle ? Il semble que oui. Certes, cette double culture, cette double vie qu’ils mènent leur fait un peu perdre les repères. Mais, ceci n’est qu’un subterfuge. Pourquoi les Français qui vivent aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne, et inversement les Britanniques et les Américains qui vivent en France, pour ne citer que ces exemples, sont-ils si farouchement attachés à leur langue, continuant à la pratiquer, tant dans le pays d’accueil que dans la mère patrie ? Certes, les immigrés maghrébins et africains qui vivent en Europe, sont contraints plus que d’autres, à réussir leur intégration. Parler la langue de leur deuxième pays est un des facteurs essentiels de cette intégration. Reste qu’une bonne intégration est aussi tributaire d’un enracinement dans leur propre culture et d’un attachement à leur propre identité. C’est en étant soi-même, bien affirmé dans ses racines, qu’on peut assimiler la culture de l’autre et être ouvert et tolérant envers l’autre. Et là, le rôle des parents est primordial. C’est à eux qu’incombe la responsabilité de maintenir le rapport entre leur progéniture et sa terre d’origine. Le pays a aussi un rôle à jouer pour garder ce cordon ombilical avec les jeunes de l’émigration. Mais, ce ne sont pas les cours d’arabe organisés par l’Office des Tunisiens à l’étranger (OTE) au profit de 3000 jeunes qui vont sauver ces Tunisiens d’ailleurs du déracinement programmé, voire forcé. H.J. |
Commentaires
Ecrit par messi04 30-07-2008 18:21
Ecrit par annousse 22-07-2008 10:47
nos jeunes de maintenant vont a la deroute a qui la faute?
Ecrit par moulkhia 22-07-2008 01:23
Ecrit par Mohamed 22-07-2008 00:14
En ce qui concerne l'Arabe "littéraire", c'est une autre histoire. Aucune structure sérieuse n'a pris en compte ce probléme quand j'étais en France et, dans ce cas, on ne peut pas simplement accuser la cellule familiale. Où étaient-ils ceux qui nous disaient: "vous êtes des arabes".
Aujourd'hui, au travail, quand je leur dis que je ne sais ni lire ni écrire l'arabe, les collegues me regardent avec de gros yeux comme si j'avais commis le crime de lèse-majesté. Eh! bien oui! chers concitoyens, des Tunisiens ne connaissent pas la langue du coran. A qui la faute?