Tunisie : Barnier tente de rassurer les sceptiques sur le libre-échange

Publié le Lundi 08 Septembre 2014 à 15:30
Vue de la ConférenceLa conférence internationale "Investir en Tunisie : Start-up Democracy", a été émaillé de discours pleins d'emphase et de sympathie envers la Tunisie. Après Valls, Benkirane, Fabius et Sellal, hôtes de marque de ce rendez-vous des amis de la Tunisie, ce fût au tour des économistes de revenir sur les  fondements du développement futur.

Philippe de Fontaine Vive, vice-président de la Banque Européenne d'investissement, a exprimé son soutien à la Tunisie, précisant être en possession d'un business plan "extrêmement clair", qui vise à transformer l'expérience tunisienne "en success story". 
 
Michel Barnier, vice-président de la commission européenne, a déclaré pour sa part que malgré la difficulté du chemin parcouru par la Tunisie en plus de 3 ans, la Tunisie a eu le courage de prendre la décision des réformes nécessaires à l'économie Tunisienne. "Je suis très heureux que des entreprises européennes ont décidé de continuer le partenariat avec la Tunisie", a-t-il dit. Les défis qui sont selon lui les clés de la réussite de la coopération, sont la formation des jeunes, la liberté politique, l'adoption des lois nécessaires pour faciliter l'emploi et le développement de l'ambition industrielle.
 
Il a par ailleurs, évoqué l'inquiétude des syndicats tunisiens quant à l'application du programme de libre-échange avec l'Europe, rappelant que l'Europe elle-même vivait cette expérience avec les Etats-Unis : " Ce que je sais c'est que le prochain commissaire de l'UE, chargé de l'économie travaillera pour concrétiser un échange gagnant-gagnant...mais je peux comprendre l'inquiétude des syndicats nous avons les mêmes préoccupations au sujet de l'ouverture tarifaire. Je peux vous assurer que l'UE veillera à faire garantir l'esprit gagnant-gagnant...", a-t-il tenté de rassurer, ajoutant  qu'il n'y avait pas de progrès économique sans stabilité et sans démocratie. 

Le Vice-président de la Commission européenne a par ailleurs, appelé à ce que toutes les annonces d'aides financières à la Tunisie soient accompagnées de suivi sur le terrain, rappelant que l'aide européenne à la Tunisie sera portée à 500 millions d'euros.
 
Le ministre auprès du chef du gouvernement chargé de la coordination et du suivi de affaires économiques, Nidha Ouerfelli a pour sa part présenté le programme de redressement du gouvernement tunisien. "Ce programme s'articule autour de cinq points stratégiques : le rétablissement des équilibres macro-économiques, la relance de la croissance et de l'emploi, la réforme économique,  l'initiative d'un développement régional équitable et enfin, la solidarité et l'inclusion sociale. Un programme dynamique conçu pour répondre à des défis nationaux", a-t-il dit, précisant que la réussite des prochaines élections est une des priorités de l'actuel gouvernement. 

Selon Ouerfelli, la stabilité politique fondée sur une démocratie pérenne "ne peut se réaliser sans une réelle transition économique et sociale profonde".
 
Dans son intervention, Hakim Ben Hammouda, ministre de l'Economie et des Finances, a exposé la vision pour l'économie tunisienne pour les années à venir. "Après avoir accusé le coût économique de la transition, nous n'avons pas pu maintenir le niveau de croissance...Il y a dégradation rapide de la balance commerciale, la situation de l'emploi reste préoccupante, et le modèle économique s'essouffle", a-t-il dit.  Une situation qui a exigé la tenue du dialogue national économique, qui a duré près de 2 mois donnant naissance aux lignes directrices de la réforme.
 
" Notre démarche a été d'insister sur l'économie, la remettre au centre du débat public et lier le court terme au long terme", a expliqué le ministre lors de son intervention de ce matin, ajoutant qu'un important effort a été engagé pour rationnaliser les dépenses et accroitre les ressources à travers la loi de finances 2014.
 
"La relance de l'emploi est une question essentielle. Nous savons que ce travail sera de longue haleine parce qu'il requiert l'amélioration du climat des affaires pour attirer les investisseurs locaux et internationaux", a-t-il reconnu. Selon Ben Hammouda, la réforme du système financier et bancaire est primordiale "; l'objectif est de permettre à terme à l'économie tunisienne d'améliorer son financement", a-t-il dit. 

Chiraz Kefi