INLUCC/Chawki Tabib : "Il faut donner plus de moyens aux contrôleurs publics"

Publié le Mercredi 09 Mai 2018 à 15:01
La deuxième édition de la conférence annuelle "Indépendance et complémentarité pour un meilleur contrôle public en Tunisie" a eu lieu mercredi au siège de l'INLUCC. Le Président de l'Instance Nationale de Lutte contre la Corruption, Chawki Tabib, s'est exprimé à propos des élections municipales : "Je suis content car les élections ont eu lieu, mais triste en raison du faible taux de participation. Les raisons ? Les Tunisiens ne font plus confiance à la classe dirigeante. L'INLUCC est en train de faire le maximum pour que la situation s'améliore, mais il faut que tout le monde y participe et qu'on accorde plus de moyens au contrôleurs publics."

Tabib est, ensuite, revenu sur les conditions de travail de l'instance : "Le manque de moyens nous freine. Nous avons présenté un rapport l'année dernière mais il n'y a pas eu de réaction. Je suis toujours optimiste mais je trouve que les mêmes erreurs se répétent. Nous avons très peu de ressources humaines et logistiques et il y a une absence totale du suivi de nos rapports. La route est longue, mais nous pensons que l'avenir du pays ne peut être que sans corruption".

Selon Hedi Mekni, Secrétaire Général du gouvernement, le contrôle n'est pas fait pour punir mais pour protéger l'argent public et sensibiliser les gens : "L'INLUCC joue un rôle très important et ma présence ici est une preuve que le gouvernement accorde une grande importance à cette instance. La compétence y est. Il leur faut juste plus de moyens. La neutralité est très importante et il faut que tout le monde soit traité de la même manière, selon la loi" a-t-il déclaré, avant d'ajouter : "Il n'y a pas de concurrence entre les différents organismes de contrôle. Il faut qu'il y ait de la complémentarité. Vous êtes les yeux du gouvernement, si vous échouez, nous ne pourrons pas construire un pays démocrate".

Kamel Ayadi, Président du Haut Comité de Contrôle Administratif et Financier, a insisté, durant son intevention, sur l'importance de l'indépendance des organismes de contrôles et de la qualité du rendement de leurs membres : "Il faut progresser. Le gouvernement est le premier responsable du contrôle ainsi que de son efficacité. Nous sommes en train de préparer un programme d'amélioration du contenu et du rendement avec l'OCDE, financé par la Grande Bretagne".

La représentante de l'Organisation de Coopération et de Développement Economique, Amira Tlili,  a salué les efforts de la Tunisie pour améliorer le contrôle public : "La Tunisie est actuellement présidente du programme de coopération entre l'OCDE et les pays du monde arabe. Nous avons plusieurs projets de collaboration tels que la jeunesse, la femme, la transparence et le marché public. Notre objectif est de retablir la confiance du citoyen dans l'état. Le taux de participation aux élections prouve qu'il y a une perte de confiance et je pense que nous, politiciens et gestionnaires, sommes tous responsables. Il faut améliorer la performance et accorder plus d'importance à la communication. Les gens sont très à l'affût de l'information et ils attendent un signal. Il faut redonner espoir, donner un signal positif en faisant bien notre travail et prouver que la Tunisie continue à progresser malgré les problèmes économiques et politiques. Le sujet du jour est important. Nous allons préparer un plan d'action qui permet d'améliorer le rendement des contrôleurs. Nous avons commencé par l'amélioration du suivi. Si ce dernier n'est pas efficace ou n'est pas pris en compte, nous ne pouvons pas atteindre nos objectifs. L'indépendance ? Elle ne peut pas être absolue. elle doit être fonctionnelle pour permettre au contrôleur de donner son avis à juste titre et au gestionnaire de le prendre en compte sans douter de son intégrité".

Pour le Président de l'Association Tunisienne des Contrôleurs Publics, la tâche de ces derniers est devenue plus compliquée ces derniers temps malgré les bonnes intentions : "Notre situation ne s'améliore pas. Au contraire, nous avons fait un pas en arrière avec les menaces et la pression exercées sur nous. Nous n'avons pas atteint nos objectifs. L'espoir existe toujours malgré le manque de moyens. Je salue toutes les personnes qui ont nous ont aidés".

A.B.O