Indice de perception de la corruption : La Tunisie est 79ème

Publié le Mercredi 03 Décembre 2014 à 10:25
Achref Aouadi et Soumaya Belaid d'I WatchEn partenariat avec Transparency International, l’organisation I Watch a organisé une conférence de presse autour des indices de perception de la corruption (CPI) en 2014. Cinq pays ont progressé, notamment l’Egypte. Recul de la Turquie. La Tunisie est 79ème.

Le CPI est un indice de perception de la corruption qui «calcule» la propagation de ce fléau dans différents pays. Il focalise sur les activités illicites qui ne sont dénoncées que suite à des scandales médiatiques ou de longues poursuites judiciaires. Ainsi que sur le nombre des affaires de corruption et des méthodes adoptées par l’Etat pour lutter contre ce fléau. En 2013, 177 pays ont été classés contre 175 en 2014. Ces statistiques sont issues des recherches effectuées par des institutions spécialisées dans l’analyse de la gouvernance et du climat des affaires. Il concerne exclusivement le secteur public.

Selon le rapport de Transparency International,  huit pays ont le plus amélioré leur indice durant l’année 2014. Il s’agit de l’Afghanistan, de l’Egypte, du Mali, de la Côte d’Ivoire, de la Jordanie, du Swaziland et de Saint Vincent. Ceux qui ont le plus dégringolé sont l’Angola, la Chine, la Turquie, le Malawi et le Rwanda.

Et la Tunisie ? Elle est classée 79ème sur 177 pays, huitième dans le monde arabe et première en Afrique du Nord. En 2012, elle occupait la 75ème place alors qu’en 2013, elle était 77ème, soit une régression de 4 places en deux ans.

La Tunisie a obtenu 40 points sur une échelle de (0 à 100). Selon Soumaya Belaid d’I Watch, c’est une mauvaise «performance». «Cette régression est la suite logique de l’absence d’une volonté politique claire après la révolution pour combattre la corruption», affirme-t-elle. «De tous les gouvernements post-révolution, celui des tecnocrates de Mehdi Jomâa était le plus faible à cause des conflits d'interêts, notamment dans le secteur des hydrocarbures. De hauts responsables d’entreprises publiques ont fondé leurs sociétés pétrolières alors qu’ils sont en fonction", selon Achref Aouadi. 

Les gouvernements précédents ? "Ils avaient au moins une stratégie claire, qui n’est plus présente depuis janvier 2014»
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Le président d’I Watch, Achref Aouadi lance ensuite une demande aux autorités compétentes : «Il faut instaurer une loi pour que chaque membre du Gouvernement ou du Parlement soit obligé de faire une déclaration de tous ses biens, ce qui serait en parfaite harmonie avec l’article 11 de la Constitution», mais il précise : «Il faut que la Cour des comptes ait plus de marge de manœuvre pour pouvoir agir et faire ses investigations».

Achref Aouadi va plus loin : «il y a carrément une nonchalance par rapport à des affaires graves telles que le silence des syndicats qui protègent ceux qui ne payent pas leurs impôts. Pour la précision : Les chiffres s’élèvent à 10 milliards. Et il y a malheureusement des responsables qui refusent d’agir...».

Et la société civile ? Le président d’I Watch appelle tous les acteurs à être plus vigilants et à protéger le « journalisme d’investigation » pour dénoncer des agissements « mafieux ». Aouadi n’oublie pas le citoyen : «Il faut protéger toute personne qui dépose plainte contre une affaire de corruption. Les ressources naturelles ? Il faut nettement plus de transparence et un contrôle permanent de la part du Parlement. Nous avons besoin d'une stratégie claire et pas seulement de discours. Les textes de la Consitutions sont excellents, mais il faut les appliquer».

Selim Slimi