Habitat en Tunisie : Un boom continu, et des abus

Publié le Lundi 04 Octobre 2010 à 18:47
TunisDurant le premier semestre de l’année 2010 quelques 16 322 permis de construire ont été accordés à des particuliers, contre 8 seulement pour les promoteurs immobiliers étatiques, soit respectivement 60% et  0.2%, de hausse par rapport à l’année 2009.

Par ailleurs au premier trimestre 2010, 225 d’habitations individuelles ont vu le jour moyennant des crédits FOPROLOS au profit des promoteurs immobiliers étatiques, contre 51 habitations collectives. Les promoteurs immobiliers privés, ont réalisé 35 habitations individuelles et 158 habitations collectives.

En moyenne, 60.000 habitations voient le jour chaque année en Tunisie. Selon les dernières statistiques du ministère de l’Equipement, de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire, le deuxième semestre de l’année en cours, a vu l’édification de 494 constructions verticales dans le grand Tunis, 469 dans le nord-est, 24 dans le nord-ouest, et 549 dans le centre-est. Le sud-est et le sud-ouest ont eu 66 et 19 bâtiments de ce genre. Les chiffres les plus signifiants demeurent toutefois ceux des constructions écologiques sur le Grand Tunis, qui se sont multipliés par 6 durant le deuxième trimestre de 2010 en comparaison avec le premier trimestre, pour atteindre les 1248 logements économiques en énergie.

Il va sans dire que toute cette effervescence dans le secteur du bâtiment a son lot de dépassements. A titre d’exemple, quelques 1904 constructions sans permis de bâtir ont vu le jour dans le Grand Tunis, pour le seul deuxième trimestre de cette année.  C’est la traduction d’une hausse de 32% par rapport au trimestre d’avant, dans cette région du pays, alors qu’il a baissé de 83% dans le sud-est.

Dans ce même rapport du ministère, se trouvent également les prix de vente des habitations selon les annonces de la presse nationale et Internet. Les prix des maisons à Tunis varient entre 50 mille dinars et 3 100 000 dinars. A La Manouba, les prix sont entre 55 mille dinars et 430 mille dinars alors qu’à Bizerte le prix minimum est de 70 mille dinars et le maximum est estimé à 125 mille dinars, tandis qu’à Sousse, les prix débutent à 35 milles dinars jusqu’à atteindre les 450 mille dinars.  Dans la même logique s’inscrivent les prix du mètre carré des terrains. Le prix minimum à Tunis, est 60 dinars contre un prix maximum de 1300 dinars. A Ben Arous, les prix varient entre 130 dinars et 600 dinars le mètre carré, alors qu’à Sousse c’est entre 25 et 500 dinars le mètre carré.

Les prix des loyers ne sont pas en reste. Ils décuplent d’une ville à une autre, voire d’un quartier à un autre.

Au deuxième semestre de 2010, le coût minimum d’un loyer à Tunis est de 288 dinars alors que le maximum est de 4490 dinars à Sidi Bou Saïd. Même phénomène à Nabeul. Un loyer peut varier entre 200 dinars et 5500 dinars. Selon cette même étude, les loyers les plus raisonnables se trouvent à la Manouba et à Sfax. Le loyer de départ dans le premier gouvernorat est de 250 dinars, et peut atteindre les 500 dinars. A Sfax, les prix varient entre 250 et 430 dinars.

Les trois institutions étatiques pour la promotion de l’habitat en Tunisie contribuent en partie au paysage immobilier, à des proportions différentes. L’Agence Foncière d’Habitation( AFH) a acquis durant le premier semestre de 2010, 7,868 hectares au prix de 2 287 mille dinars. Elle aurait vendu un peu plus de 29 hectares au prix de 53. 654 mille dinars.

La Société nationale immobilière de Tunisie (SNIT), a commercialisé durant le premier semestre de cette année, 36 logements semi-standing à Al Aouina, 80 logements économiques à El Agba, et il lui en reste 37.

En 2009, la SNIT, a vendu 252 logements économiques à Ibn Sina et 123 logements supérieurs à la Cité Ennasr 2. En même temps,  l’Agence de Réhabilitation et Rénovation Urbaine (ARRU), est en train de  réaliser un projet de 74 logements semi-standing dont la finalisation est prévue pour le mois de novembre 2010. Elle étudie, par ailleurs, la faisabilité de 34 logements à Ras Ettabia, dont la réalisation débutera au mois d’avril 2011, et de 59 logements à la Petite Sicile qui commencera au mois de juin prochain. Cependant un projet à Ras Ettabia et un autre à la Petite Sicile sont en cours de commercialisation. Le premier est de type économique et il en reste seulement 3 habitations. Le second est de type semi-standing ; 61 logements ont déjà été cédés et 27 sont restants.

A l’occasion de la célébration de la  journée mondiale de l’architecture qui coïncide avec la journée mondiale de l’habitat, soit le 04 octobre, une journée d’étude a eu lieu à Tunis autour du thème « meilleure ville, meilleure vie, conception architecturale responsable ».

Tous les volets de cette journée se sont articulés autour des projets du quinquennat 2009-2014 qui visent à faire construire 300 000 logements à terme, dont 70 000 qui répondent aux exigences écologiques, multiplier par cinq le taux de l’énergie renouvelable utilisée, et créer 350 000 m² de chauffe-eaux solaires et 5000 maisons solaires. Ces dispositions rentrent aussi dans le programme de la carte nationale d’infrastructure et des grands équipements collectifs qui s’étalera jusqu’à 2050. Cette dernière consiste à faire optimiser  l’exploitation des terrains, la mise en place d’un plan national d’aménagement et de modernisation des petites et moyennes villes et qui touche 200 villes, ainsi que la réalisation de ceintures vertes autour des villes. Il est aussi question de faciliter des prêts pour les logements sociaux, et de comprimer les coûts de construction de ces mêmes logements dans le but de réaliser pas moins de 123 mille habitations sociales durant la période indiquée. Le but étant d’atteindre le taux de 90% de familles propriétaires de logements au lieu de 80% en ce moment.

Hanif KaraHanif Kara, architecte et expert international londonien d’origine indienne, présent ce matin à Tunis, a fait part de sa vision de la ville de demain «Ce que l’on voit se faire maintenant en matière d’architecture dans le monde, ne correspond pas toujours à ce que l’on a besoin réellement. C’est le problème de la mondialisation, on compte de plus en plus sur la machine et les nouvelles technologies et on n’innove plus. Les architectures se ressemblent toutes à travers le monde, les architectes se contentent de copier et ne font plus appel à leur créativité. Avec les machines existantes, on produit de plus en plus de constructions dénuées de toute humanité, des créatures hybrides, alors que l’on devrait puiser dans notre histoire, et notre vécu », dit –il avant d’ajouter «  on construit de grands édifices sans penser à la manière de produire l’énergie qui les alimentera, c’est pour cela que je crois en les générations futures pour qu’elles réalisent le développement futur de nos villes, dans de meilleures conditions ».

Aziz Ghariani, architecte, a fait part à Gnet de ce qu’il pense être un impératif pour l’avenir de nos villes «  A mon sens, il faudrait revoir le système éducatif qui fait que des élèves vont vers l’architecture par nécessité et non pas par choix. Dans la plupart des cas, on ne peut pas être un bon architecte si l’on n’a pas choisi le métier. Il faudrait aussi renouveler les enseignants, injecter du sang neuf, mais surtout penser à faire évoluer l’architecture traditionnelle, et non pas claquer des modèles ramenées d’outre-mer ». 
Chiraz Kefi

 

Commentaires 

 
#6 -100/10
Ecrit par NANAVITCH     08-10-2010 09:29
Je vous invite de passer voir la Cité Hédi NOUIRA à l'Ariana et découvirir le désordre.
Où est la Municipalité de la Région "La Soukra"?
C'est le désordre dans le désordre. Il ne suffit pas de réclamer "Ezzebla et al Kharrouba" au début de l'année et ramasser EZZEBLA, il y a d'autres choses à faire.
 
 
#5 Hout yekel Hout...
Ecrit par Le pauvre Tunisien     05-10-2010 10:19
La SNIT construit, laisse les bâtiments vides soit disant le chantier est en cours de réalisation.
Elle augmente les prix avec l'accord du Ministère de tutelle de l'ordre de 15.000,000 pour les appartements sociaux !!!
Bellahi yezziou mellarnak moderne. Les Tunisiens moyens tharret berrasmi...
 
 
#4 Kattous fi Chekara!
Ecrit par Le pauvre Tunisien     05-10-2010 10:14
C'est une catastrophe, la SNIT construit des bâtiments sans penser à l'avenir des acquéreurs... Les prix ne sont pas donnés!!!??? soit disant du haut standing!
Des cités sans parkings, sans verdure, sans emplacement pour les poubelles, des projets inachevés et sans contrôle des autorités,très mal aménagés
 
 
#3 60000 logements par an?
Ecrit par abdallah z     05-10-2010 09:08
Cet article intéréressant ( surtout dans sa seconde partie) aligne une panoplie de chiffres de tout genre ( j 'en ai recensé 60)qui ont peut être un sens dans un rapport technique, mais qui,dans leur majorité, pourraient ne pas dire grand chose à un lecteur non spécialiste.Par exemple,le nombre de constructions collectives n 'est pas significatif s'il n'est pas traduit en nombre de logements; des comparaisons entre gouvernorats ne sont pas très parlants,vu le poids démographique de chacun. Parler de logement en général, en y mettant une petite maison à 2 pièces dans un village et une villa de plus de 500 millions a Ennasr ou Gamarth,ce n 'est pas la même chose.
Donner un chiffre x pour l 'année en cours sans le comparer systématiquementaux 3 ou 4 années précédentes,c'est escamoter une partie de la réalité; surtout si on titre l 'article " un boom".

Enfin,tout le monde sait qu'une construction dont le permis est octroyé l'année X,peut prendre parfois plus de 3 ans pour être effectivement habitée.Et là,il risque d'y avoir des confusions/
Parce que, si ce boom est bien comme il est présenté,si d 'autres statistiques nous disent que 80% des ménages sont propriétaires de leur logement,et que l'âge moyen du mariage continue à monter, et que nos jeunes célibataires hommes et femmes habitent encore à 30 ans et plus chez la famille, alors pour quoi cette montée continue des loyers?

Autant de questions qu'il aurait été souhaitable que cet article traite; ou en traite quelques uns même d 'une façon sélective.

Je ne veux pas donner de leçons de journalismes à Chiraz qui a une belle plume et qui est sûrement plus qualifiée que moi, mais je continue à croire que cette rubrique n 'est pas un quotidien quelconque,mais un espace om on interpelle les lecteurs pour alimenter une réflexion collective, et dans ce cas; résumer un rapport technique contenant 2 chiffres par ligne n 'aide pas beaucoup le lecteur

Et je sais que Chiraz en est capable; elle l 'a démontré dans d 'autres articles.
 
 
#2 Béton sans…. Verdure
Ecrit par Spinosa     05-10-2010 04:47
Tunis est triste, dénudé et irritant. Seuls les avenues ou voisinages
« stratégiques » sont verts.

Le seul parc digne de ce nom
(Belvédère) remonte à 60 ans ! Ennahli ou Zouiten de dessèchent puisqu’on tend à réduire les coûts liés à la plantation et à l'entretien des arbres.

Que peuvent donc les architectes -les plus inspirés- sans planification et gestion d’espaces verts urbains ou devant l’appât du gain aux dépens de chaque arbre et de chaque m2
d’ infrastructure verte ?
 
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