François Hollande veut refonder les relations entre la Tunisie et la France

Publié le Vendredi 05 Juillet 2013 à 12:47
François Hollande en unisie, photo AFP.Le Président français, François Hollande, en visite d’Etat les 04 et 05 juillet en Tunisie, est intervenu ce vendredi devant l’Assemblée nationale constituante, en présence de la délégation l’accompagnant, dont sa campagne Valérie Trierweiler, du chef du gouvernement, Ali Laâridh, des membres du gouvernement tunisien, et de plusieurs autres invités tunisiens et français.

Prenant la parole après une longue allocution du président de l’ANC, Mustapha Ben Jaâfar, Hollande est revenu sur les luttes de la Tunisie au 20ème siècle, qui lui ont permis "de gagner son indépendance, fonder sa république et doter la femme d’un statut unique dans le monde arabe".  

Le chef de l’Etat français a salué les luttes des Tunisiens du temps de l’oppression, "des hommes et des femmes qui ont eu le courage de réclamer la justice et de défendre les droits de l’Homme. La France exprime son immense respect à ceux qui ont souffert des affres de la dictature".

"La Tunisie a montré l’exemple avec le printemps arabe en 2011. Le geste de Mohamed Bouazizi a changé le cours de l’histoire de la Tunisie et du monde, a-t-il souligné, saluant la mémoire de Bouazizi."  "Ce fût le début d’un processus, d’autres peuples se sont mis sur cette voie qui peut être heurtée et parfois violente, comme dans le cas de la Libye, interrompue comme dans le cas de l’Egypte, et peut déboucher sur une guerre, comme c’est le cas de la Syrie", a-t-il dit, ajoutant que "la leçon que le peuple tunisien a donné au monde, est qu’il ne peut y avoir de stabilité et de progrès sans la liberté".

"Vous avez d’immenses défis à relever", a-t-il reconnu. "La France sait ce qu’est une révolution, sa puissance irréversible, l’écho qu’elle suscite dans le peuple, la difficulté d’inscrire dans le temps toutes les conquêtes et d’être à la hauteur des espérances créées. La France comprend l’impatience qui peut exister en Tunisie", a-t-il dit, signalant que "la Tunisie est confrontée à l’héritage de l’ancien régime, à la crise économique en Europe et à l’insécurité à l’intérieur de la part de ceux qui n’acceptent pas les principes de la révolution".

Faire la lumière sur l'assassinat de Chokri Belaïd

François Hollande a dit avoir "une pensée pour Chokri Belaïd, un homme de conviction tué pour ses idées. Je forme le vœu, qui est le vôtre, que la lumière soit faite sur son assassinat, et que ses assassins soient justement jugés et punis", a-t-il dit. 

Pour François Hollande, "la Tunisie a montré qu’elle est capable de dépasser ce qui peut la diviser, de surmonter les défis et les difficultés. Je voudrais montrer que la relation entre la France et la Tunisie peut-être refondée dans ce contexte", a-t-il indiqué, faisant valoir que sa visite "en tant que premier président de la République française en Tunisie après la révolution est à la fois un symbole et une volonté".

"Je compte faire toute la clarté sur l'assassinat de Hached "
"Je voudrais refonder la relation entre la Tunisie et la France, et assumer la vérité. Je me rendrai aujourd’hui même au mausolée de Frahat Hached,  je dirai à sa veuve, son fils et  les représentants de l’UGTT, que je compte faire toute la clarté sur son assassinat en 1952. J’ai donné des instructions pour que toutes les archives soient rendues publiques sans exception.

Refonder nos relations, c’est respecter pleinement l’histoire de la Tunisie, sa lutte pour l’indépendance, sa capacité à forger sa propre identité, définir sa relation sereine avec la France", a-t-il indiqué, évoquant de Bourguiba dont il a salué la mémoire.

La refonte des relations tuniso-françaises, prônée par le chef de l’Etat français, appelle "à tirer les leçons du passé  le plus brûlant". Hollande reconnaît qu’il y ait eu "blessures et incompréhensions", au moment de la révolution tunisienne. "Des Tunisiens de Paris et de France venaient me voir pour demander le soutien de la France à ce moment décisif, disant leur déception et leurs attentes".

Travailler avec tous les représentants du peuple tunisien
Il a dit exprimer la confiance de la France dans la Tunisie nouvelle, et ses dispositions "à travailler avec tous les représentants du peuple tunisien élu démocratiquement dans le pluralisme", admettant qu’"Islam et démocratie sont compatibles".

"L’identité tunisienne se nourrit d’apports multiples, le progrès économique et social, la participation de tous à la démocratie, le respect des libertés, et l’égalité des droits", a-t-il soutenu, faisant constater que "la France peut, sans vous donner des leçons, exprimer à chaque fois qu’elle le pense utile et nécessaire, des inquiétudes".

"La France et la Tunisie sont liées par la culture, par notre histoire. Ce qui fait notre force, c’est cette communauté de destins", a-t-il affirmé, se voulant volontariste : "nous sommes prêts à travailler dans tous les domaines où vous demandez notre concours,  les ministres des deux pays ont signé plusieurs accords qui seront le cadre de notre coopération".

La France est le premier bailleur de fonds publics, et continuera de mobiliser les pays du partenariat de Deauville, pour vous permettre de connaître le meilleur développement, s'est-il engagé. "L’engagement de la France pour la Tunisie est plus d’un milliard et demi d’euros à travers l’Agence française de développement (AFD), avec 500 millions d’euros de plus pour 2013-2014".

Conversion de la dette tunisienne en projets d'investissements
Il a annoncé la conversion de la dette tunisienne par la France, "c'est-à-dire la transformation d’une créance de la France en investissements pour la Tunisie". Il a promis "de restituer les biens spoliés à la Tunisie. "Tout ce qui vous a été volé par le régime déchu, tout ce qui a été mal acquis vous sera rendu. J’ai demandé que tout soit mis en œuvre, d’accélérer les procédures. Un magistrat français sera installé en Tunisie pour y veiller, et nous faisons l’évaluation à chaque étape".

Hollande a dit qu’il fera en sorte à ce qu’il y ait plus d’entreprises françaises qui viennent en Tunisie, et qu’il invitera ce vendredi depuis Sidi Bou Saïd, tous les Français à venir nombreux passer leurs vacances en Tunisie.

La coopération tuniso-française va toucher l’administration, plus précisément l’ENA (Ecole nationale d’administration), a-t-il indiqué, promettant "d’améliorer la mobilité entre nos deux pays toute en luttant contre la clandestine". "La coopération concernera la Méditerranée que nous avons en partage, et touchera la sécurité alimentaire, l’accès à l’eau, l’université...", a-t-il dit, ajoutant que la coopération décentralisée sera poursuive et amplifiée.

"La France et la Tunisie doivent travailler pour la paix, et lutter contre la menace à laquelle l’Afrique du Nord, la France et l’Europe sont confrontées, et qui s’appelle terrorisme", a-t-il dit, évoquant ces menaces en Tunisie : "Quel courage vous avez à affronter ceux qui voulaient utiliser les armes contre votre révolution".

Egypte, Syrie et Cause palestinienne

"Les événements en Egypte montrent combien les processus de transition sont fragiles et peuvent être exposés à un échec. Echec lorsqu’un président élu démocratiquement est déposé par l’armée. Tout doit être fait maintenant dans ce pays pour retrouver la démocratie, la liberté et le pluralisme le plus vite possible".  

S’agissant de la Syrie, il a dit que "la France a décidé de prendre toutes ses responsabilités et d’aider l’opposition syrienne, à condition que les groupes d’influence terroriste soient mis de côté, pour que la Syrie soit un grand pays démocratique".

Au sujet du conflit israélo-palestinien, il a appelé "à faire revenir les parties prenantes à la négociation pour que soit enfin négocié, décidé et obtenu l’Etat palestinien. Je mesure ce qu’est votre responsabilité, terminer l’élaboration de la constitution, préparer les élections d’une manière incontestable, comme celles de 2011 et être capables de donner espoir à la Tunisie", a-t-il souligné, assurant la Tunisie de l’amitié de la France. "Vous n’êtes pas seuls, la France compte parmi vos amis".

Trois principes nous rassemblent
Trois principes rassemblent la Tunisie et la France, selon François Hollande.
1-"La démocratie et le droit de tous les Tunisiens de choisir librement et souverainement leurs représentants, l’égalité des droits entre les femmes et les hommes. Vous avez préservé cet actif fondamental de la Tunisie, et les luttes des mouvements féministes qui font votre fierté".

2-La confiance, la France a confiance en la Tunisie, dans sa capacité de construire une démocratie et un avenir.  

3-La responsabilité de la Tunisie pour réussir sa révolution et la France de vous appuyer autant que nécessaire.

"En France, nous avons cet orgueil, qui nous est parfois reproché, cette fierté d’avoir fait nos révolutions, et partout nous sommes défenseurs des droits qui appartiennent à l’humanité. Nous ne sommes pas n’importe quel pays, nous sommes la patrie des lumières, de l’espérance et des libertés", a-t-il pavoisé. "Aujourd’hui, c’est vous qui avez la fierté et la responsabilité de porter cet espoir bien au-delà du peuple tunisien", a-t-il conclu.
H.J.


 

Commentaires 

 
+3 #3 Pourquoi ne pas cesser les relations ?
Ecrit par Ben Whirlpool     06-07-2013 08:26
Les relations entre nombre de pays d'Afrique et la France sont empoisonnées par le complexe colonial: les ex-colonisés ne se remettent pas d'avoir dû la plupart des progrès de leur pays à la soumission à un système impérialiste, et les ex-colonisateurs ne se débarrassent pas d'un sentiment de culpabilité d'avoir été repoussés par la population des pays conquis.

Cinquante ans après les indépendances, il faut se rendre à l'évidence: ces arrières-pensées empêchent toute relation constructive.

Je préconise donc que la France cesse toute relation avec ses anciennes colonies d'Afrique, pour en établir avec des pays qu'elle n'a pas colonisé (pays anglophones, lusophones etc.).

(Notez qu'en Asie, le problème n'est pas le même: Vietnamiens, Cambodgiens, Laosiens construisent leur pays au lieu de rester tétanisés par leur passé colonial)
 
 
#2 RE: François Hollande veut refonder les relations entre la Tunisie et la France
Ecrit par Royaliste     05-07-2013 22:00
nahdha fait desormais parti des aytém frança ?

aprés des decennies a critiquer la France , la francophonie, l'occident en général, voila nahdha qui se met a faire la cour aux koffars

les islamistes sont des girouettes sans principes ni convictions

lol
 
 
-1 #1 + de + c'est bien
Ecrit par Tounsi     05-07-2013 20:01
Mercie Monsieur HOLAND, j’espère que les deux peuples vont collaborer bien pour le futur.
 
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