Femmes tunisiennes : La famille et la société reposent sur leurs épaules

Publié le Mercredi 12 Août 2015 à 13:37
La femme tunisienne confrontée à un combat permanent.  L’évocation de la condition de la femme tunisienne, renvoie systématiquement au Code du Statut Personnel (CSP), promulgué le 13 août 1956, quelque mois après l’indépendance de la Tunisie. A part l’abolition de la polygamie et de la répudiation, mesures phares du CSP, celui-ci a donné une série de droits et de garanties à la gent féminine, assurant son émancipation et son affranchissement du carcan masculin dans la société d’alors, profondément patriarcale.

A la faveur du Code du Statut Personnel, dont Bourguiba est l’un des principaux inspirateurs et instigateurs, la femme tunisienne a pu bénéficier d’un statut exceptionnel dans la région arabo-musulmane et au-delà, faisant de la Tunisie un pays pionnier en matière de promotion de la cause féminine.

L’élan progressiste et modernisateur des femmes s’est affermi après la révolution, en vertu de dispositions contenues dans la loi fondamentale. La constitution du 26 janvier 2014 institue l’égalité homme femme : "Tous les citoyens et les citoyennes ont les mêmes droits et les mêmes devoirs. Ils sont égaux devant la loi sans discrimination aucune", stipule l’article 20, ainsi que la parité dans les conseils élus.

Femmes tunisiennes : Pluralité de vécus et de destins

Le CSP et la nouvelle constitution constituent ainsi le socle sur lequel s’appuie désormais la condition de la femme tunisienne. Des textes fédérateurs et communs soit, ils sont loin de dissimuler la diversité et la pluralité des femmes tunisiennes, de leur condition, de leur vécu, de leur destin, tant et si bien qu’elles n’entretiennent pas les mêmes rapports avec cet arsenal législatif et n’en tirent pas le même profit, ni le même intérêt.

Il n’y a pas une femme, mais des femmes tunisiennes, qui sont souvent victimes de paradoxes d’une société, otage par moment de l’égarement culturel, chose dont les femmes parviennent en majorité, à s’échapper en affirmant leur identité, selon une bonne et intelligente synthèse entre des références à la modernité et celles à la tradition, l’enracinement dans leur identité arabo-musulmane, et leur ouverture sur l’universel.

La femme tunisienne reste-t-elle aussi le moteur de la famille, et de la société, les charges reposent, en grande partie, sur ses épaules. C’est d’elle dont dépend leur équilibre et leur stabilité, son absence, de gré ou de force, en provoque la dislocation et le délitement.

La femme est en revanche aux prises avec les difficultés et défis de la vie moderne, qui la confinent dans un quotidien dur, voire dans un combat permanent pour qu’elle puisse s’imposer dans les différents champs, où elle s’investit.

Nonobstant l’arsenal législatif avant-gardiste, la société tunisienne ne s’est pas encore débarrassée de cette logique machiste qui fait, dans la conception et la pratique d’aujourd’hui, que toutes les charges incombent à la femme. Là où le rôle de l’homme se limite au travail à l’extérieur, celui de la femme embrasse toutes les sphères, vie professionnelle, et vie familiale avec tout que cela induit comme entretien du foyer, éducation des enfants, suivi de leur scolarité, etc.

Qui dit femme tunisienne, dit aussi souffrances et espérances. Lesquelles varient selon qu’elle est citadine ou rurale, active ou femme au foyer, mariée ou célibataire, financièrement dépendante ou indépendante... De son statut social et de sa situation matérielle, est tributaire son épanouissement et sa contribution d’une façon ou d’une autre à la dynamique sociétale.  

Quoi qu’il en soit, et ce 13 août reste l’occasion de le souligner, les descendantes d’Eve demeurent, malgré les multiples épreuves et aléas de la vie, l’exemple de la profondeur, de la maturité, de la perfection, de la persévérance, de la sagesse, du dépassement de soi et de la force tranquille…autant de traits distinctifs que le sexe opposé n’arrive même à en saisir le sens, ni à apprécier à leur juste mesure. C’est pourquoi qu’autour de nous, il y a tant d'hommes qui rendent malheureuses des femmes, il n’y a qu’à voir les affaires dans les tribunaux. Le contraire pourrait exister, mais cela reste rare et limité.  
H.J.