Faut-il dissoudre la Ligue arabe ? |
| Publié le Mercredi 25 Mars 2009 à 11:55 |
 (2).jpg "La Ligue arabe doit se réformer en profondeur.") A l’heure où la Ligue arabe célèbre son 64ème anniversaire, des voix relèvent son inefficacité et vont jusqu’à appeler à sa dissolution, pour avoir failli à la mission pour laquelle elle a été créée. Lorsqu’elle fut créée en 1945, c’était pour contrer l’hégémonie occidentale. La Ligue était une manière pour ses sept pays fondateurs d’affirmer leur indépendance et leur solidarité face aux velléités dominatrices des forces colonisatrices dont la Grande- Bretagne et la France. Dès les premières années de sa naissance, elle a soutenu les mouvements nationaux de décolonisation et a prôné l’unité, sur fond de symboles nationalistes et identitaires. Petit à petit des pays fraîchement indépendants l’ont rejoint, et la Ligue des Etats arabes, est devenue une organisation régionale panarabe dont la mission est de garantir la cohésion interarabe et de parler au reste du monde par une seule et même voix sur les différentes causes, objet de préoccupation majeure de la région. Mais, 64 ans après sa naissance, son bilan est mitigé et son action est loin de faire l’unanimité aussi bien auprès de ses membres qu’elle était censée fédérer qu’auprès de leurs peuples qu’elle n’a pas arrêté de décevoir par tant d’échecs et d’aveux d’impuissance qui ont fini par lui faire perdre, de facto, son aura d’antan. Certes, la cause palestinienne, même si la Nakba est survenue trois ans après son avènement avec la création de l’Etat d’Israël en 1948, est quasi-consubstantielle à la Ligue arabe. L’organisation panarabe était au fil des décennies, et de ses successifs sommets, l’espace par excellence où la solidarité s’exprimait avec « le peuple palestinien et sa juste cause ». Sans plus. Jamais les Etats membres n’ont pris des mesures énergiques pour ramener l’Occident à rééquilibrer sa position et obliger Israël à stopper ses agressions et ses violations de la légalité internationale. Leur consensus d’apparat cachait des divergences et des désaccords sur la manière de composer avec Israël et avec l’Occident pour pacifier un Moyen-Orient bouillonnant, et permettre la création d’un Etat palestinien ayant Al-Qods pour capitale. Ils l’ont dit et redit, mais est-ce qu’ils y croyaient vraiment ? Pas tout à fait, au regard de leur attitude pusillanime exprimée lors de leurs innombrables conclaves. Plus les décennies passaient, plus la Ligue perdait de sa vivacité de départ. L’enthousiasme qui a présidé à sa création comme une force régionale incontournable et souveraine s’est étiolée par le jeu des alliances, dont la résultante immédiate était l’exacerbation des divisions en son sein. L’efficacité de son action s’en ressentait lourdement, et ses échecs innombrables s’illustraient lors de ses sommets dominés par le verbiage oiseux et débouchant sur des communiqués stériles n’ayant aucune prise sur la réalité. Ce diagnostic peu reluisant fait l’unanimité et la nécessité de réformer la ligue et ses institutions sclérosées est prônée par tous. Ce mot a été prononcé, pour la première fois, lors du sommet de Tunis en mai 2004, celui qui s’est tenu après le report par la Tunisie du sommet de mars pour motifs de divergences sur l’ordre du jour. Le projet de réforme d’alors préconisait la restructuration de la Ligue en conférant à ses décisions un caractère contraignant pour ses Etats membres. Mais, depuis rien de substantiel n’a été fait et cette réforme semble être mort-née. Otage des caprices et des sautes d’humeur de ses Etats membres, la Ligue a continué à s’empêtrer dans le clanisme nourri par une ingérence extérieure étouffante. La dernière guerre contre Gaza a montré au grand jour l’état d’atonie d’une organisation qui a perdu ses principes fondateurs les plus élémentaires. Mais, comme à chaque fois, on parle de sauver la maison arabe, de réconcilier les frères ennemis, de ressouder des rangs fissurés. De belles paroles, sur le fond desquelles la Ligue fête ses 64 ans. Un âge où la maturité est largement atteinte et où la vieillesse menace de frapper fort un corps qui n’arrive pas à se régénérer. Au point d’être menacé de sénilité et d’impotence. Mais, Amr Moussa, SG de la Ligue arabe, qui a dû surfer sur de nombreuses crises et affronter les épreuves les plus accablantes, défend à cor et à cri le bilan de son organisation et s’en prend à ceux qui appellent à sa dissolution. Certes, prôner la disparition de la Ligue arabe, à l’heure des rassemblements géographiques régionaux, est irresponsable et revient à faire machine arrière et à confirmer la faiblesse et la discorde arabes. La solution urgente est de la réformer en profondeur, et d’en revitaliser les différents organes. A fortiori qu’une ligue forte est dans l’intérêt de l’ensemble de la région. La conjoncture actuelle est on ne peut plus favorable pour que les Etats arabes se ressaisissent et prennent leur destin en main. Ose-t-on y croire ? Les dirigeants arabes eux se réjouissent tout sourire d’une unité retrouvée…cette fois-ci, est-ce la bonne ? |
Commentaires
Ecrit par musty 27-03-2009 21:16
Ecrit par Tounsi2 27-03-2009 00:29
Ecrit par arabe malgre tout 26-03-2009 22:14
Ecrit par KHAMMOUS 26-03-2009 17:54
Il appartient aux uns et aux autres de ne pas mépriser ni gonfler ses rôlea.
Par ex lorsque les pourparlers interpalestiniens sont suspendus en attendant le sommet arabe il s'en suit deux choses négatives:
1/ Encore une occasion ratée pour les palestiniens.
2/ Un transfert de plus en plus grand de LA DIVISION DES ETATS ARABES sur les décisions palestiniennes.
Ecrit par ZIED 26-03-2009 12:53