Etudes à l’étranger : Le parcours du combattant

Publié le Mercredi 17 Septembre 2008 à 11:52
Ils sont des milliers chaque année à avoir le baccalauréat, des milliers à avoir leur maîtrise ou encore le master. Ils sont jeunes et n’ont qu’une ambition, accéder aux plus grandes écoles qui soient pour terminer leur cursus. Or en Tunisie, poursuivre ses études dans la filière de son choix n’est pas une évidence. Ce sont les scores, les résultats et parfois le carnet d’adresse qui feront qu’un tel terminera ses études ou pas. Leur reste alors l’alternative des études à l’étranger.

La France, la Belgique, le canada, l’Ukraine, le Maroc et le Sénégal sont les destinations les plus prisées par nos jeunes pour des filières comme le commerce, la communication, la médecine, l’informatique et l’odontologie. Mais pour y accéder, ce n’est jamais de tout repos.

C’est principalement à la fin de l’année universitaire et sous la chaleur caniculaire de la saison estivale que les étudiants s’activent pour préparer leur dossier d’inscription, qu’ils devront envoyer au pays de leur choix. Commence alors la course aux papiers et autres documents administratifs pour la constitution dudit dossier. Il suffit de visiter les locaux des ambassades, des consulats et autres centres culturels des différents pays cités, pour se rendre compte du nombre de candidats qui aspirent à aller finir leurs études sous d’autres cieux.

«Pour mon master en gestion que j’ai eu finalement en France, j’ai parcouru toutes les administrations tunisiennes ou presque pour remplir tous les critères nécessaires imposés par l’ambassade de France en Tunisie », témoigne Selim, maintenant cadre dans une banque.

Parmi les justificatifs que doivent préparer les étudiants, l’on trouve des formulaires de préinscription à remplir sur les sites des ambassades, ensuite il faut envoyer à l’université de son choix, un dossier comportant des traductions des diplômes du baccalauréat et des diplômes obtenus pendant les études supérieures. Ces traductions doivent être faites auprès d’un traducteur reconnu par l’ambassade en question. Certains diplômes doivent avoir une équivalence préalable du pays où l’étudiant désire poursuivre sa formation. «Le plus compliqué dans tout le processus est la procédure de conformité, que demandent les universités belges aux étudiants tunisiens. Chaque document doit être traduit par un traducteur assermenté par l’ambassade de Belgique, ensuite les mêmes documents doivent être certifiés conformes en plusieurs exemplaires auprès et de la mairie et du ministère des Affaires étrangères », se plaint une jeune étudiante en quête d’un master en langues à Bruxelles.

Et ce n’est pas tout. Arrivée aux bureaux du ministère des Affaires Etrangères, les commis aux affaires estudiantines ignorent, souvent, les différents aspects des procédures. «J’ai mis quinze jours pour faire signer les papiers par le ministère des Affaires étrangères. J’ai été ballottée entre plusieurs bureaux et d’un coin à l’autre de la ville. On me disait à chaque fois qu’ils ne sont pas habilités à certifier ces documents. Alors que l’ambassade de Belgique d’un autre côté, exigeait que je le fasse », se confie la jeune fille dépitée. Les services consulaires et l’administration tunisienne souffrent d’un manque de coordination dont seuls les étudiants payent le prix. En y ajoutant les sommes exorbitantes que perçoivent traducteurs et services de certification, le budget des parents ne s’en sort pas indemne.

Mais ce n’est pas encore fini. Une fois le dossier constitué, il est acheminé vers le pays d’accueil. Commence alors une interminable attente, des semaines voire des mois à scruter sa boite mail pour un éventuel accord ou un cuisant refus. Lilia en a fait l’expérience et regrette d’avoir attendu aussi longtemps pour qu’au final on lui réponde par la négative : « après avoir déposé une demande d’inscription au sein d’une école de tourisme en Belgique, j’ai attendu 2 mois, pour qu’au final on me dise que je n’ai pas été retenue, je répondais pourtant à tous les critères de sélection. Je me suis privée de vacances tout l’été mais en plus je n’ai rien tenté à Tunis. Je pensais partir pour la Belgique », relate la jeune fille avec beaucoup de regret. Par ailleurs, ceux qui auront la chance d’être retenus, seront obligés de faire état de leurs revenus ou de ceux de leurs tuteurs, et de bloquer pas moins de 14 mille dinars sur un compte bancaire en Tunisie, «pour subvenir aux dépenses concernant le séjour d’études» précisent les ambassades européennes. Ce montant bien évidemment ne suffira pas, un étudiant poursuivant ses études en Europe en dépense deux fois plus au bas mot.

Chiraz Kefi
 
 

Commentaires 

 
#9
Ecrit par Chinnawi     18-09-2008 17:31
Bien sùr, il y a des gens qui n'ont pas les moyens financiers pour étudier à l'étranger mais ils le font et il sont vraiment une très faible minorité que je salue par l'occasion.
Autre chose, le niveau des écoles/facultés/institutions pour lesquelles les familles tunisiennes et par derrière toute la tunisie dépense 15 miles dinars en devises par étudiant par année ne sont pas dans leurs majoritè de bon niveau. Pour ne pas dire qu'ils sont de loin très modestes par rapport à nos institutions en Tunisie, disons tout simplement qu'ils sont très comparables..
La plupart des étudiants qui vont à l'étranger sont de niveau très moyens (pas tous)..étudier à l'étranger leur permet de revenir avec un doctorat étranger et d'intégrer le haut statut de l'université Tunisienne. Vous me dite oui, mais ils ont mérité! Je vous dit non, le niveau n'est pas le même..les conditions d'obtention de doctorat sont de loins différentes de celles qu'on a en Tunisie..
Et venez me dire ensuite pourquoi le niveau de nos étudiants est de plus en plus pire!!
 
 
#8 Les racines du mal
Ecrit par Citoyen révolté     18-09-2008 00:03
Le pb chez nous, c'est que la majorité écrasante de nos étudiants passent la quasi totalité de leurs études au secondaire et au supérieur à glander, à assurer le minimum, à rouspéter. Arrivés au terme de la maitrise, ils se retrouvent avec un niveau médiocre notamment en langues, culture générale, communication et même dans leur "spécialité". Et là, ils se rendent compte qu'ils valent que dalle sur le marché de l'emploi. Solution: le fameux troisième cycle. Les filles, par réflexe pavlovien, cherchent à intégrer l'enseignement supérieur, les études doctorales deviennent donc un passage obligé. Le plus curieux, nombre de nos "docteurs" étaient des élèves et des étudiants très moyens. Ce sont ceux là même qui sont en charge de former les futurs diplômés de l'enseignement supérieur.
 
 
#7 barcha nedmo
Ecrit par mohamed     17-09-2008 19:44
un etudiant tunisien à l etranger coute à ses parents plus de 50 dt/jr
il faut que l etat fait qlq comme permettre aux université etrangere de venir s installer en tunisie ( université reconnue , canadienne , francaise, allemande , britanique , japonaise..)
 
 
#6 Dire la vérité toute la vérité
Ecrit par DaVVla     17-09-2008 19:26
Tous les problemes relatés dans ce sujet relevent que de la Belgique...
Pour aller en France, surtout pour terminer les études supérieurs
rien de plus facile... tout se fait grace au site internet campusfrance, et pour toute question l'ICF est là pour tous...
 
 
#5 Et si on regardait de plus près...
Ecrit par Mourad     17-09-2008 18:19
D'abord, bel article Mlle Kéfi. Dommage que vous ne faites que relater les faits ; vous nous avez habitué à plus d'analyse que ça :-)

Je sais que nous citoyens tunisiens, nous somme handicapés par les procédures de visas, administratives, (...) et encore plus pour un voyage d'études à l'étranger que pour un voyage touristique. Mais je pense que la faute n'est pas à mettre sur le dos de ces "pays d'accueil", mais plutôt sur notre politique étrangère...

Après tout, est ce que quelqu'un a eu à faire à un recrutement d'un étranger en Tunisie (même français) ? Avez-vous une fois invité un(e) ami(e) de nationalité étrangère et ayant besoin d'un visa pour la Tunisie (ça existe pour les ressortissants de l'amérique latine, le liban, ...). Vous pouvez vous informer et vous verrez qu'on est plus fort que les français !!!(Mlle kéfi, c'est un sujet intéressant à traiter je pense).

C'est vrai comme vous l'avez bien dit, ce sont les étudiants qui en payent le prix au final. Mais à qui la faute ? Je pense que pour que le tunisien soit mieux traiter, mieux servi, et plus valorisé, il faudrait que les politiques se bougent un peu plus dans les affaires étrangères et il ne suffit pas juste de faire des accords d'échange ou autres.

Et pour ceux qui pensent que 14 milles dinars = pistons et relations, se trompent. Parce que rester en Tunisie et payer une faculté privée à 10, 15 et parfois 20 mille dinars, n'est pas forcément mieux et ça ne forgera jamais les jeunes comme ceux qui auront étudié à l'étranger (tous ceux qui ont fait des études à l'étranger sont pas tous fortunés @CHINNAWI). Puis @citoyen du monde, la qualité de l'enseignement tunisien, malheureusement pour nous, ne fait que régresser. Chacun est libre de son choix après tout et ce n'est pas pour autant qu'on doit galérer pour pouvoir partir à l'étranger.

Bref, espérons que pour les futures générations cela puisse au moins s'améliorer du côté des formalités...
 
Ces commentaires n'engagent que leurs auteurs, la rédaction n'en est, en aucun cas, responsable du contenu.