Et si la Tunisie se mettait au commerce équitable?

Publié le Jeudi 20 Octobre 2016 à 17:10
La première conférence nationale portant sur le commerce équitable a lieu ce jeudi, 20 octobre, organisée par la chambre syndicale nationale des conseillers agricoles, Tunisie Coop, et PLATESS (plateforme tunisienne d’économie sociale et solidaire).

L’occasion pour Samir Taïeb, ministre de l’Agriculture, d’exposer sa vision quant à cette forme de gestion et de commercialisation des produits agricoles :

«Quand on parle du secteur, on pense surtout aux femmes du milieu rural qui ont du mal à faire écouler leur production. Il y a une semaine, j’ai adressé une circulaire à tous les délégués régionaux de l’agriculture pour qu’ils contactent les coopératives et les associations féminines afin d’étudier la possibilité de leur trouver des points de vente », a-t-il dit, à l’ouverture de l’évènement. L’objectif est selon lui, que des points de vente, qui leur soient dédiés, ouvrent dans chaque gouvernorat.

Il a rappelé que le concept de commerce équitable s’était imposé après la seconde guerre mondiale et avait prospéré dans les années 1990, où il était question de trouver un prix équitable à la production des petits agriculteurs et des artisans, soit sur le marché local ou pour l’exportation. «Ce commerce  qui est plus actuel dans les pays en voie de développement, vise à faire diminuer le nombre d’intermédiaires dans la chaine de commercialisation des produits agricoles et d’artisanats et de garantir un revenu décent aux producteurs pour couvrir leurs besoins vitaux », a expliqué le ministre.

Le ministre a ajouté être ouvert sur la société civile pour trouver des solutions qui feront sortir l’économie du pays de la crise, et dit encourager les petits agriculteurs et éleveurs à s’unir au sein de coopératives et à nouer des liens entre eux pour faire la promotion de leurs produits. «Je suis disposé à recevoir une délégation émanant de cette conférence, qui me présentera des recommandations et pour examiner les moyens de les mettre en œuvre», a-t-il annoncé.

Pour servir la cause, une grande exposition sera organisée à l’Avenue Habib Bourguiba de Tunis, les 27,28 et 29 octobre 2016, et qui sera réservée à la promotion de la production de la femme rurale. 

Julie Stoll, déléguée générale de la plate-forme du commerce équitable en France, a pour sa part, parlé de l’expérience de son pays en la matière, révélant que la plateforme du commerce équitable regroupe des associations de sensibilisation à la citoyenneté, à la consommation responsable et à la solidarité internationale et qui mènent des actions de responsabilisation dans toute la France.

«Les organisations de commerce équitable soutenues par les consommateurs s’engagent activement à sensibiliser l’opinion en faveur des questions économiques et environnementales », a-t-elle défini le concept.

Son pays  a également pensé à créer des labels propres au commerce équitable, et qui sont garants de la qualité du produit.

Les principes inscrits dans les cahiers des charges des différents labels, et qui sont communs à tous les pays qui adhèrent au commerce équitable, contiennent des exigences qui s’appliquent aux acheteurs et d’autres qui s’appliquent aux producteurs.

Julie Stoll expliquera que le premier principe est le paiement « d’un prix juste »,  ensuite « de garantir une relation commerciale qui s’inscrit dans la durée ». Deux points essentiels, selon elle, pour soutenir l’agriculture familiale permettant ainsi un développement social et économique sur le terrain.

Mais aussi, les acheteurs du commerce équitable cofinancent, au-delà du prix payé pour la production, la prime de développement qui sert à financer des projets dont bénéficie l’ensemble de la communauté. « Les exigences pour les producteurs qui bénéficient du commerce équitable c’est de se structurer au sein d’une organisation collective transparente et démocratique », a-t-elle dit.

En effet, un agriculteur seul, ne peut pas survivre et aurait besoin d’appartenir à une coopérative ou à toute autre forme de collectivité.

Hormis le fait que l’agriculture familiale peut être un moyen de résorber le chômage en milieu rural, contrairement à l’agriculture à grande échelle qui est industrialisée,  elle possède un impact positif sur l’environnement en ayant moins recours aux produits chimiques et est adaptable pour lutter contre le réchauffement climatique et l’épuisement des ressources, ainsi que contre le phénomène d’érosion.

Près de 2 millions de producteurs labélisés adhèrent au commerce équitable à travers le monde : «et dans certains cas, ceci  contribue à faire monter les prix pour certaines denrées, dans toute une région, même pour les producteurs qui n’adhèrent pas à un label. On parle surtout du cacao en Bolivie dont 50% de la production provient du commerce équitable ou la noix de cajou en Inde », a expliqué Julie Stoll, précisant que le marché du commerce équitable a connu une croissance de 17.5% l’année dernière en France. Un chiffre difficilement atteignable par les différents secteurs économiques.

Faten Khammassi, enseignant à l’Institut national Agronomique, a évoqué quant à elle l’aspect scientifique et économique du commerce équitable, expliquant que l’agro-industrie a atteint un point hégémonique écrasant l’agriculture familiale et mettant à mal le secteur.

«Il y a aussi la nécessité de construire un nouveau modèle pour assurer une sécurité alimentaire durable, la crise de santé publique dans le monde entier avec 3 milliards de personnes mal nourries et 30% de la mortalité mondiale qui est liée à des maladies dues à l’alimentation. Il y a aussi une crise sociale avec beaucoup de gaspillage au nord comme au sud, ainsi que des problèmes de gestion au niveau de la production et l’opacité de l’information au sujet du produit agricole», a-t-elle dit.

Plusieurs agricultrices venues de différentes régions rurales ont pris part à la conférence, certaines d’entre elles pour faire connaitre leur produit et d’autres cherchant à faire adhérer le plus de monde autour de leur désir de lancer une coopérative.

Chiraz Kefi

 

Commentaires 

 
+2 #1 RE: Et si la Tunisie se mettait au commerce équitable?
Ecrit par Agatacriztiz     20-10-2016 18:08
Le commerce honnête, surtout !
 
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