En Tunisie et par-delà : c’est la mort de la politique, dans son sens noble !

Publié le Mercredi 15 Mars 2017 à 17:56
La politique est confrontée à une crise morale. L’humanité est confrontée en ce  21ème siècle à des changements fulgurants sur les plans politique, économique, social, sociétal et sécuritaire. Nous vivons de plus en plus dans un monde sans repères, submergé par des difficultés de toutes sortes, marqué par des disparités grandissantes, des crises économico-financières chroniques et structurelles, faisant tâche d’huile à travers les quatre coins de la planète, du fait du rouleau compresseur de la mondialisation.

Dans ce monde dominé par les peurs, les inégalités, les crises identitaires, et le repli sur soi, le populisme trouve un terreau propice pour prospérer et attirer dans ses filets des populations désemparées et craignant l’autre ; cet étranger.

La politique, dans son acception noble et traditionnelle, avec ses idéologies, ses clivages, et sa proximité du citoyen et de l’humain, semble vouée à une mort progressive et programmée, pour donner lieu à quelque chose de nouveau, où la prééminence revient aux extrêmes, avec lesquels rivalisent des opportunistes dépourvus de vision et de morale. 

Les principes, et les valeurs qui ont été ceux de la droite, de la gauche, ou du centre n’ont jamais été aussi déliquescents, heurtés qu’ils sont aux scandales et au discrédit des hommes politiques de tout bord, versés dans les affaires jusqu’au dégoût, chose qui montre qu’ils ne font pas la politique pour servir, mais pour se servir.

Si dans les nations nanties, de longue tradition démocratique, il en est advenu ainsi de la politique, qu’en serait-il de nous, en Tunisie, une démocratie dite naissante, où la scène politique est encore, six ans après la chute de l’ancien régime, à mille lieues d’atteindre un point de stabilité.

A en observer l’évolution, le paysage politique national se distinguerait par deux principales caractéristiques : Premièrement, des partis, anciens et nouveaux, qui se restructurent, se réorganisent en interne, et qui sont en quête permanente de positionnement, selon la direction du vent et le timing des échéances politiques et électorales ; deuxièmement, des alliances, dépourvues de tout socle commun, aussi fragiles et instables, que les humeurs de ceux qui les composent et les conduisent, marquées plutôt par la versatilité, que par la constance.

La politique à la tunisienne se démarque-t-elle aussi par le profil de ses acteurs. On ne nait pas homme ou femme politique, mais on le devient, mais pour le devenir, il faut répondre à un certain nombre de critères : avoir les compétences, la capacité de diriger, et de mobiliser ;  être en mesure de dépasser sa petite personne, ses intérêts étriqués, et ses propres ambitions, pour se mettre au service d’un peuple et d’une nation. Un (une) politique doit dégager de l’aura, avoir du charisme, et de l’autorité, et gagner la confiance des  citoyens, par sa vision claire, et son intégrité, pour qu’il (qu'elle) puisse gagner l’adhésion populaire, et avoir les coudées franches pour gouverner.

Mais, hélas, ces qualités, on ne les retrouve que très peu en milieux politique et partisan tunisien. Nombreux sont ceux qui semblent s’être retrouvés en politique par accident, par un simple concours de circonstances, et par cette ouverture politique postrévolutionnaire sans précédent, un fait, peut-être heureux pour eux, mais malheureux pour le pays.

Reste à espérer que cette agitation en cours tant à l’échelle mondiale, que nationale, sera temporaire, et débouchera, avec le temps, le renouveau générationnel, et les transformations technologiques et scientifiques qui ne sont pas au bout de leur secret, sur un projet plus proche de l’humain, du droit et de la justice ; ce sera possible, lorsqu’on aura retrouvé une certaine morale, la seule capable de transformer le déclin en progrès, mais ce ne sera pas demain, la veille.

H.J.