En GB, Theresa May est déjà à l’œuvre, la Tunisie attend son gouvernement d’union

Publié le Jeudi 14 Juillet 2016 à 13:50
Hassine Abassi en train de signer le document de Carthage. Le jour même de sa nomination en tant que première ministre de la Grande-Bretagne, Theresa May nomme son gouvernement, et annonce la ligne directrice de sa politique, celle d’opérer la sortie du Royaume Uni de l’Union européenne et d’en faire un succès. Il n’y aura pas un second référendum, ni une autre tentative de rester dans l’UE, a affirmé celle qui a désigné un ministre chargé du Brexit, David Davis pour conclure le divorce avec l’Europe.

Même si elle était pendant la campagne du référendum pour le maintien de son pays dans le club européen, cette deuxième femme à diriger le gouvernement britannique, après Margaret Thatcher, a asséné sans équivoque ni perte de temps, Brexit is Brexit.

Indépendamment des conséquences de la sécession de la Grande-Bretagne de l’UE, et de la teneur de la politique qui sera engagée, c’est la démarche et la méthode qui impressionnent, c’est cette fermeté et cette rapidité affichées qui suscitent l’intérêt ; deux impératifs centraux devant présider à la gestion des affaires d’un Etat.

Hasard du calendrier, le jour même -hier mercredi 13 juillet 2016- de cet important événement politique britannique, la Tunisie a connu le sien, avec la signature du document de Carthage sur les priorités du gouvernement d’union nationale. Cet accord est le fruit d’un mois de concertations, engagées dans la foulée de l’initiative présidentielle. Il a été entériné hier par les principales organisations nationales : UGTT, UTICA et UTAP, et les principales formations politiques tunisiennes représentant différents courants et sensibilités.

Le document de Carthage est appelé à répondre à l’urgence de la situation nationale, où tous les indicateurs sont au rouge, et où il y a péril en la demeure.

Dès le lendemain de la révolution, la Tunisie qui a hérité d’une situation difficile, a davantage sombré dans des problèmes épineux de différentes natures : sécuritaire, économique, financière,  sociale, morale, etc.  Le pays s’en est allé à vau-l’eau, et les gouvernements qui se sont succédé se sont limités à une gestion au jour le jour, tous désemparés face à une situation aussi complexe. Le document de Carthage a relevé le fiasco postrévolutionnaire et l’échec des successives politiques menées tout au long de la période transitoire. Une accumulation de déconvenues qui a donné lieu au contexte actuel marqué par de multi-crises.

Les difficultés ne sont un secret pour personne, le document de Carthage ne fait que mettre noir sur blanc les priorités qui doivent être prises à bras le corps par le prochain gouvernement pour sortir le pays de l’ornière, comme la lutte contre le terrorisme, la restauration de la stabilité et de la sécurité, ainsi que de l’autorité de l’Etat, l’accélération de la cadence du développement et de l’emploi, la relance des investissements publics et privés, la maîtrise des équilibres financiers, la lutte contre la corruption et l’instauration de la bonne gouvernance, etc.

Le problème tient néanmoins au pragmatisme, et à la pertinence de l’approche qui sera suivie, pour faire en sorte que ce qui n’a pu être réalisé au cours des cinq dernières années, le sera pendant la période à venir. Ce n’est pas une question de personne, ou le fait de choisir X ou Y pour diriger le gouvernement qui changera en quoique ce soit la situation, mais c’est une question de méthode, de cadre général de travail et de changement de mentalité et de procédé.

La notion de l’intérêt national, sacrée sous d’autres cieux, est utilisée chez nous, comme un slogan pour embellir les discours. En pratique, ce sont d’autres considérations qui prévalent et qui sont aux antipodes de l’intérêt collectif. Il s’agit des intérêts partisans et corporatistes étriqués, qui font que chacun, parti ou organisation, tire la couverture de son côté, et cherche à tirer profit au maximum d’une situation donnée.

Si l’on revient sur les faits ayant ponctué les années post-révolution, l’on s’arrêterait aux manquements et aux mauvais rôles joués par les uns et les autres, qui ont fait que l’on atteigne un seuil aussi critique de dégradation généralisée qui est en train de mener le pays à sa perte.  Et là, le scepticisme demeurera, tant que les changements nécessaires et concrets ne sont pas opérés, et tant que les règles du jeu demeurent les mêmes.

Reste à voir les prochaines séquences qui suivront celle de Carthage, entendez par là : la désignation du nouveau chef du gouvernement qui doit trouver grâce aux yeux de tous les signataires de l’accord du palais, le passage par l’Assemblée du nouveau gouvernement et le vote de confiance, qui doit être précédé par celui d’Habib Essid qui exige, et c’est tout à son honneur, que son éventuelle destitution se fait conformément à la constitution.

Un processus long en perspective, la question est de savoir si la rapidité et la fermeté allaient être au rendez-vous pour donner de la substance à l’engagement pris.
H.J.

 

Commentaires 

 
#1 RE: En GB, Theresa May est déjà à l’œuvre, la Tunisie attend son gouvernement d’union
Ecrit par Montygolikely     15-07-2016 18:46
Theresa May confronté à nos politiques, c'est une extraterrestre !
 
Ces commentaires n'engagent que leurs auteurs, la rédaction n'en est, en aucun cas, responsable du contenu.