Elections : Le peuple doit sauver la Tunisie et guère les politiques

Publié le Lundi 01 Septembre 2014 à 17:28
Les Tunisiens doivent participer massivement aux élections. Quelque 1500 listes avec plus de 15 mille candidats aux législatives, une flopée de candidats à la présidentielle qui gonfle de jour en jour, et vouée à battre un record jamais réalisé ailleurs. La compétition sera, impitoyable pour les candidats, et déroutante pour le corps électoral, constitué de plus de 5 millions, 230 mille électeurs.

Les prochaines élections constituent notre seule planche de salut pour en finir avec cette interminable et cahoteuse transition, dans la perspective d’amorcer une période de stabilité, régie par des institutions fortes et pérennes, à même de veiller aux destinées du pays et d’entamer le vrai processus de reconstruction, longuement reporté par les contraintes et les entraves de ce provisoire qui aura duré quatre ans.

La Tunisie aura, en vertu de la nouvelle constitution, un régime mixte, qui se traduit par un exécutif bicéphale : le président et le chef du gouvernement (issu de la majorité parlementaire). Outre la nécessaire cohérence, devant régir les rapports entre les deux têtes de ce commandement en devenir, chaque pilier doit être doté de la force requise pour avoir les coudées franches et pouvoir gouverner. Or, la situation actuelle, au regard de l’effectif des candidats aux deux scrutins, laisse présager des signes inquiétants, voire un probable effritement des voix qui donnera lieu à un paysage politique morcelé, fragmenté, voire à des institutions faibles, et peu légitimes en termes de représentativité. C’est le pire qui peut nous arriver, étant entendu que seul un pouvoir fort, avec notamment un parlement stable, est en mesure de consacrer la démocratie, d’en garantir le bon fonctionnement, et de prendre à bras le corps les défis colossaux qui nous guettent.

Hélas, le paysage politique n’est pas arrivé à maturité, près de quatre ans après la révolution. Le même scénario observé à la veille du scrutin du 23 octobre est en train de se reproduire, sur fond d’un égocentrisme ambiant, et d’un engouement démesuré pour le pouvoir, au détriment de l’intérêt national. Autant l’ambition d’accéder au pouvoir est légitime en politique, autant le désintéressement et la prédisposition à s’effacer et s’incliner devant l’intérêt suprême du pays, y sont indispensables.

Or cette logique semble échapper aux plusieurs apprentis sorciers qui se déclarent candidats jour après jour, des inconnus sortis de nulle part, dont la candidature équivaut à une dilapidation de l’argent public au titre des subventions à la campagne électorale, à l’heure où le pays est tenu d’économiser chaque sou.  

Les choses sont ce qu’elles sont, la balle est dans le camp des électeurs, qui doivent réussir, là où le paysage politique s’embrouille et risque l’échec. Seuls les électeurs sont en mesure de sauver la mise, à travers une participation massive aux deux scrutins. Ils  sauront ainsi faire le ménage, séparer le bon grain et l’ivraie, et choisir des hommes et des femmes qui sauront les représenter dignement, ceux qui ne ménageront aucun effort pour répondre à leurs attentes et aspirations.

Les patriotes et les loyaux existent en politique ; ceux qui perçoivent les responsabilités nationales comme une chance de servir le pays, et d’améliorer le vécu de son peuple. Les Tunisiens ont appris à connaître les uns et les autres tout au long de ces années post-révolution, et tâcheront à mettre les clefs de la Tunisie entre des mains probes.

L’étape qui succèdera aux élections, devra être celle de la réforme, et de la reconstruction, celle où l’on coupera avec l’ancien modèle de développement miné par les dysfonctionnements et les inégalités, pour en promouvoir un autre fondé sur l’équité et la justice sociale. Cette période doit être celle de la moralisation de la vie politique, économique, sociale, culturelle… à la faveur de la mise en place d’un système de valeurs et de principes qui donneront corps à ce vivre ensemble auquel l’on aspire tous. Le pays ne saura décoller et se développer, sans éthique ; celle que les politiques doivent avant quiconque faire leur, de manière à déteindre sur le peuple.
H.J.


 

Commentaires 

 
#2 Merci
Ecrit par FatmaBM     02-09-2014 13:33
Merci pour ce bon article de H.J. et egalement pour l excellent commentaire de Royaliste
 
 
+1 #1 voter ou pas voter
Ecrit par Royaliste     02-09-2014 11:42
1- depuis 1986 une partie de la Tunisie, les libéraux avaient peur des conservateurs. Les islamistes qui avaient pris le devant de la scène avaient soif de pouvoir et n’ont pas hésité (...) pour accaparer le pouvoir et imposer par la violence leurs visions des choses. Une fracture est née.
Cette fracture a durée dans le temps, les libéraux ont continué à construire le pays en excluant tous les conservateurs. Ils ont appuyé une dictature qui les a protégés contre les islamistes (violents) et les conservateurs (non-violents).

Après les élections du 23 Octobre, le peuple soif de changement, désorienté, naïfs, crédule face aux 1001 promesses des politiciens, a (mal) élu ses représentants. En majorité, les députés ont étés a l’image du peuple, non professionnels. Très souvent absent, demandant toujours plus d’augmentations et toujours moins de travail.

La Tunisie avait besoin d’un leader capable de proposer des projets qui mobiliserons l’ensemble des tunisiens. Quelqu’un qui va calmer les peurs des libéraux ainsi que celles des conservateurs. Quelqu’un qui va réduire la fracture idéologique.

Au lieu de ca, nous avons eu des irresponsables qui ont divisés les tunisiens en fonction de leur piété, (moslim Vs Kéfir ) et avaient pour seul objectif le contrôle de la justice et l’infiltrationde la police et l’armée
Au lieu de diffuser des valeurs de travail, de construction, de dévouement, nous avons vue des politiciens courir derrière des avantages monétaires, des postes, du prestige…et surtout le pouvoir !


2- voter ou ne pas voter :

Si le (non) débat populiste, Islam Vs non-Islam instauré par nahdha va perdurer, je ne voterai pas.

S’il y a un parti qui va mettre en avant les éléments suivants j’irai voter :

- Lutte contre la corruption
- Equité fiscale
- Lutte contre le terrorisme (en mettant les dirigeants de la troika devant leurs erreurs)
- Respect de la loi : en commençant par le code de la route
- la fin de l’aide infinie au secteur touristique
- Stimulation de l’économie a travers de nouveaux secteurs, notamment l’environnement.
- Réforme de l’éducation et la fin de la domination de la langue française et son remplacement par l’anglais
- la fin de l’État paternaliste, les citoyens doivent prendre leurs responsabilités et prendre des initiatives.

Si ces éléments ne feront pas partie des programmes électoraux (qu'on attends toujours, 7 semaines avant la date du scrutin), je ne participerai pas a ce gaspillage d’argent et d’énergie.


3-Est-ce que les dirigeants sont à l’image du peuple ou bien c’est le peuple qui façonne ses politiques ?

Si la corruption est notre pain quotidien, est ce que c’est la faute des dirigeants corrompus ou notre faute a nous citoyens qui donnons de l’argent et qui essayons par tous les moyens soit d‘outrepasser la loi, soit d’avoir nos dossiers traités en priorité (ce qui retarde ceux des autres)….

Pour moi, la démocratie n’a pas été le moteur de cette ‘révolution’, la corruption, la misère et l’injustice social furent le moteur de la contestation. En 3 ans qu’a fait la troika? a-t-on jugé une seule personne pour corruption ?
 
Ces commentaires n'engagent que leurs auteurs, la rédaction n'en est, en aucun cas, responsable du contenu.