Discours d' Ennahdha : Est-ce un choix politique, ou stratégique ?

Publié le Mardi 17 Mai 2016 à 17:13
Le Centre des études stratégiques et diplomatiques a organisé ce mardi une conférence portant sur les choix intellectuels et politiques d’Ennahdha aux yeux des intellectuels et des politiciens.

Ridha Driss, membre du conseil de la choura d'Ennahdha, a qualifié le parti de "musulman démocrate", selon lequel l’islam «est une miséricorde pour le monde dont les principes doivent être traduits par des programmes scientifiques, culturels, éducatifs contribuant au bonheur de l’humanité. Les meilleurs musulmans sont ceux qui sont productifs sur terre et dans la société, avant toute chose ». a-t-il dit.

Ce qui différencie Ennahdha des Frères musulmans est d’après lui, « sa capacité à s’intégrer rapidement aux particularités de la société tunisienne». Il parle de  « revirement stratégique du mouvement», qu’il a  choisi afin de répondre à l'impératif de consensus. La politique future d’Ennahdha est d’après Ridha Driss, la bonne gouvernance, créer l’équilibre entre le pouvoir de l’Etat et le pouvoir de la société, en se focalisant sur le bien-être du citoyen et le développement économique et social, a-t-il énuméré en substance.

Zouhair Ben youssef, militant des droits de l’homme et professeur d’Islamologie, a déclaré que le mouvement Ennahda était une « couveuse », à l’intérieur de laquelle plusieurs voix se sont élevées appelant au changement. Il a ajouté que le mouvement a évolué d’un parti islamiste traditionnel vers un parti « ouvert et moderne »  voire « politique démocrate ». La crainte est de voir, selon lui, le discours d’Ennahdha « plutôt dicité par la politique de consensus et de compromis, et destiné  à renflouer les rangs qu’un discours de stratégie et de principe », a-t-il dit.

Rafik Ben Abdessalem, président du centre et dirigeant d’Ennahdha, a déclaré pour sa part que les peuples avaient besoin de vivre en paix et en harmonie avec leur identité culturelle et religieuse, tout en ayant besoin de développement économique et d’ouverture sur les acquis de l’époque.

Le défi est, selon lui, de conserver son identité tout en vivant son époque. « Beaucoup d’effort a été consacré aux conflits idéologiques et d’identité et le temps est venu pour asseoir les acquis et les constantes, de se consacrer aux questions quotidiennes des gens au lieu des questions d’islamisation et de laïcisation », a-t-il dit.

Selon lui, il n’existerait pas de conflit social puisque la société tunisienne est homogène, sans clivages verticaux ni de conflits religieux. «C’est peut-être l’une des raisons de la réussite de la révolution tunisienne. C’est grâce à cette cohésion, contrairement à d’autres pays arabes où les conflits politiques se transforment en conflits idéologiques », a-t-il dit.

Il n’en demeure pas moins que le mouvement Ennahdha « vise à renforcer son identité arabo-musulmane moderne et démocratique », a dit Rafik Abdesslam, expliquant que c’est le moyen de faire face aux courants extrémistes violents « désireux de faire de l’Islam une source de destruction au lieu d'être une source de développement de l’humanité et de miséricorde».

Le changement qu’a connu le paysage politique post-révolution pousse à  distinguer le rôle prosélyte d’un parti de son rôle politique, a indiqué Ben Abdessalem. Les piliers politiques en Tunisie sont « un Etat démocratique juste et des partis politiques structurés et organisés qui arrivent à encadrer au mieux leurs adhérents et sympathisants, avec une société civile ouverte et dynamique afin de garantir la stabilité et à protéger la démocratie », a-t-il indiqué ce matin.

La dimension nationale doit prendre selon lui toute son ampleur, « L’Etat-nation est une réalité objective que l’on ne peut ignorer pour des considérations culturelles et historiques. L’Etat de l’indépendance qui s’est soulevé contre le colonisateur a fait ses racines. Il est nécessaire de s’imprégner de la terre et de la nation mais sans se renfermer sur notre environnement et sur la question arabo musulmane », a-t-il dit.

Ennahdha est selon Rafik Abdessalem, « un mouvement national tunisien ouvert sur l’environnement et la dimension maghrébine, arabe et musulmane », ajoutant que « la Tunisianité, aussi importante soit-elle, ne doit pas être source d’isolement et de renfermement », a-t-il dit.

Les défis de l’époque nécessiteraient, selon lui, de s’ouvrir sur le monde arabo-musulman.  «Afin de faire face à la montée de nouvelles forces féroces, la Tunisie devrait, d’après lui, chercher à faire partie du groupe arabo-musulman dans la quête de coopération économique et politique».

Chiraz Kefi


 

Commentaires 

 
#1 Girouette dangereuse
Ecrit par Royaliste     18-05-2016 15:52
Nahdha est un groupe tres dangereux et opaque, il a des liens trop forts avec des interets étrangers, sont passage au pouvoir a demontré que son but est de vider les caisses au profit des siens , d affaiblir les forces de sécurité (jugés non garantis par ghannouchi) implémenter les terroristes, envoyer des mercenaires se former en Syrie, a part les assasinats politiques, et les detournements de fonds (le millard qui a échoué dand le compte du ministre des affaires étrangéres)
 
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