Dialogue sur la Jeunesse : Après le gouvernement, la société civile décline son approche

Publié le Jeudi 29 Décembre 2016 à 16:44
L’Association IWatch, le Réseau alternatif des jeunes (RAJ Tunisie), et Mon Art Malgré Moi,  ont organisé un dialogue des jeunes dans 21 gouvernorats, durant le mois de décembre en cours.  Lors d’une conférence de presse organisée ce matin à Tunis, les représentants des associations ont décrit leur projet comme « complémentaire au Dialogue national des Jeunes » dont la conférence de clôture  a été organisée, hier et avant-hier, à Tunis par les autorités.

Pourtant le dialogue mené par les associations porte le nom du « Vrai dialogue des jeunes », comme s’il s’agissait d’un dialogue parallèle. Bien que les organisateurs réfutent l’idée de vouloir voler la vedette au projet des autorités, ils leur reprochent leur approche « qui ne représente pas la jeunesse tunisienne ».

Malek Zakraoui, représentante de RAJ Tunisie a déclaré à cette occasion que la méthodologie empruntée par les trois associations est complètement différente de celle adoptée par les autorités dans leur dialogue. « Il ne s’agit pas d’un dialogue avec les jeunes, mais un dialogue entre jeunes. Et nous avons retenu des solutions pratiques qui sont applicables »,a-t-elle dit, en évoquant le « vrai dialogue des jeunes ».

Soixante-dix sept réunions ont eu lieu sur tout le territoire tunisien au cours de ce dialogue qui a débuté le 1er décembre, avec la participation de 700 personnes. Mais aussi un site Internet a été prévu pour cette campagne, pour collecter les propositions des jeunes n’ayant pas pu se déplacer. Ceux qui ont participé sur le net ont été au nombre de 978 personnes ayant abordé 106 sujets.

Les jeunes âgés entre 20 et 30 ans ont représenté 70% des participants, tandis que ceux âgés en dessous de 20 ans représentent 15% des participants, et 15 % sont ceux âgés de plus de 30 ans.

La part belle revient aux étudiants, qui sont 55% des participants, viennent ensuite les fonctionnaires avec 5%, les élèves représentent 17% et les chômeurs, 22%.

« Les jeunes ayant participé à la conférence nationale pour le dialogue avec les jeunes, ne sont qu’un échantillon qui ne représente pas la jeunesse tunisienne. Cela ne veut pas dire que c’est nous qui représentons les jeunes, mais nous sommes en train de donner la parole à une autre catégorie de la jeunesse tunisienne qui n’a pas été prise en compte », a expliqué Malek Zakraoui.

Sofiene Achouri, représentant d’une quatrième association ayant elle-même participé au dialogue a ajouté que l’initiative « du vrai dialogue de la jeunesse », a attiré des jeunes de tous les horizons, même ceux qui n’avaient l’habitude de participer à la vie associative. « Ces jeunes là ont pris l’initiative d’organiser des réunions de dialogue par leur propres moyens, et nous ont ensuite envoyé les rapports de ces réunions que nous dévoileront demain », a-t-il dit.

En effet, les organisateurs du dialogue de la jeunesse tiendront ce vendredi 30 décembre « La vraie conférence pour les Jeunes », où seront exposées les idées phares des réunions de dialogue.

« Personnellement, j’estime que le dialogue mené par les autorités est identique à celui organisé du temps de Ben Ali. Nous y voyons la même démarche et il reflète la même image », a regretté Sofiene Achouri.

Youssef Belgacem de l’Association Iwatch a quant à lui précisé que « la vraie conférence des Jeunes sera différente des autres conférences, du fait qu’elle ne présentera aucune recommandation ou de rapport sur ce qui a été fait jusque là, mais qu’il y aura demain aussi des ateliers de dialogue, ouverts à tous », a-t-il dit, appelant les jeunes de tous bord à faire partie de cette conférence, afin de faire entendre leur voix.

La Jeunesse et la migration, la jeunesse et l’extrémisme, la jeunesse et l’Etat, la jeunesse et l’alternative seront à l’honneur de cette conférence. L’après-midi sera consacré à des ateliers autour de l’éducation, l’enseignement, l’emploi, la jeunesse et les institutions de l’Etat et la politique de l’Etat concernant la jeunesse.

A la fin de la Conférence, il y aura un récapitulatif des différentes activités. Cette conférence sera le début de l’élaboration d’une stratégie qui sera étudiée tout le long de l’année 2017 et qui sera présentée à l’Assemblée des Représentants du Peuple, a révélé Youssef Belgacem.

Les organisateurs estiment que le chef de l’Etat ne peut pas comprendre les soucis des jeunes, et croient pouvoir instaurer une sorte de courant complémentaire à la politique de l’Etat. Ils reprochent aux autorités de n’avoir pas approché les jeunes dans les différents endroits qu’ils fréquentent et de ne s’être pas déplacés là où ils peuvent rencontrer différentes catégories de jeunesse.

Le dialogue des jeunes, organisé par les trois associations a coûté 12 mille dinars, selon les organisateurs. La plupart des ateliers dans les régions ont été menés par des volontaires.

Certains participants ont été confrontés au refus des autorités de leur accorder un local pour se réunir, les accusant de vouloir mener un dialogue parallèle à celui organisé le 27 et 28 décembre par le ministère de la Jeunesse et des Sports. 

La conférence menée par la société civile aura lieu demain aux Berges du Lac, à l'espace Arena, de 9h jusqu'à 17h, et sera ouverte tous les jeunes désirant y participer.

Chiraz Kefi