Deux ministres en froid plaident la cause de la Tunisie à Washington

Publié le Vendredi 15 Avril 2016 à 17:29
Yassine Brahim et Slim Chaker. Une délégation tunisienne composée du ministre des Finances, Slim Chaker, et du ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale, Yassine Brahim, participe du 14 au 16 avril à Washington aux réunions annuelles du printemps de la Banque Mondiale et du Fond Monétaire international. Le but est de plaider la cause de la Tunisie auprès des deux institutions de Bretton Woods, afin d’obtenir la poursuite de leur soutien financier à notre économie encore en rade. Les deux ministres négociateurs, le premier de Nidaa et le deuxième d’Afek, affichent forcément une position unie et cohérente, même s’ils sont partis aux states désunis, après les remous au sein de la coalition, dont l’ARP a été particulièrement le théâtre, en témoigne la colère de Slim Chaker après le passage de justesse de la loi sur le statut de la BCT.  

La Tunisie négocie actuellement un nouveau programme de coopération avec le FMI, portant sur 2,8 milliards de dollars, sur quatre ans, nettement supérieur à l’accord conclu en juin 2013 avec le fonds portant sur un montant de 1,7 milliards de dollars.

Christine Lagarde s’est voulu hier rassurante et coopérative réitérant le soutien du FMI à la Tunisie pour instaurer la sécurité et créer la croissance, laissant présager la conclusion d’un accord avec notre pays avant la fin de la semaine. Sauf imprévu, l’accord du FMI semble être dans la poche, ce qui permettra à la Tunisie de boucler son budget et de rétablir ses grands équilibres financiers, caractérisés ces dernières années par un hiatus grandissant entre recettes et dépenses. Ce rééquilibrage reste néanmoins précaire étant donné qu’il s’appuie sur la dette, un état de fait qui s’inscrit dans la durée.

Le recours à la dette est certes incontournable, tant que l’économie ne retrouve une bonne santé créatrice de richesses et génératrice de croissance. La contrepartie pour aller la solliciter auprès des bailleurs de fonds est de faire montre d’un bilan positif en termes de réformes notamment financières et économiques. C’est ce à quoi s’attèlent les deux ministres pendant ces deux jours à Washington, convaincre Christine Lagarde et Jim Yong Kim et leurs équipes respectives du bien-fondé de la politique mise en œuvre et des réformes entamées et les assurer de la détermination de la Tunisie de poursuivre sur cette lancée de manière à accélérer la cadence des grandes réformes et de redresser l'économie.

La nouvelle enveloppe à  injecter dans les caisses de l’Etat lui sera indéniablement d’un grand secours, mais elle ne produira ses effets positifs que si elle est en majeure partie allouée aux projets d’investissements, notamment dans les régions intérieures qui restent en mal de développement et dont les populations souffrent des affres du chômage et du dénuement. La priorité sera donc de combler un tant soit les disparités régionales,  de promouvoir les économies locales et régionales, à travers une consolidation de la décentralisation et de la déconcentration, de manière à ce que cela rejaillisse sur l’économie nationale.

A défaut, si l’argent de la dette est alloué de nouveau à la consommation, en l’occurrence à la masse salariale et aux nouveaux recrutements dans la fonction publique, on ne saura pas sorti de l’auberge.

La coalition gouvernementale est astreinte, sans plus tarder, de changer de priorités, de passer de la théorie à la pratique, et d’aller de l’avant en matière de concrétisation, dans une approche concertée et coordonnée entre ses différents membres, pour éviter les brouilles contreproductives à même de l’affaiblir et d’en entamer encore plus l’efficacité.

Les critiques formulées ces derniers jours par Afek, par la voix de son président Yassine Brahim qui n’est autre que le ministre qui négocie à Washington, quant à la lenteur en matière de concrétisation des projets, de la nécessité d’accélérer la cadence de l’action gouvernementale et d’introduire une meilleure coordination entre le pouvoir exécutif et législatif, auraient du être formulées dans le cadre de la coordination des partis au pouvoir et en présence d’Habib Essid, pour éviter les effets qu’elles ont eus en termes d’affaiblissement de la coalition.

La réponse d’Habib Essid ne s’est pas fait attendre. Réuni hier, jeudi 14 janvier, avec les partis de la coalition au pouvoir, le locataire de la Kasbah les a pressés à unifier leurs positions et à appuyer le gouvernement. Une manière douce de mettre Afek au pas.  L’abstention des ses députés lors du vote de la loi portant sur le statut de la banque centrale, et les critiques de son président ministre, ont été interprétés comme un manquement à la solidarité gouvernementale et une déloyauté – pour employer un euphémisme – envers Habib Essid et les autres partis de la coalition. 
H.J.

 

Commentaires 

 
+1 #1 La manche ...
Ecrit par A4     16-04-2016 08:07
Ces deux ministres sont partis faire la manche pour compenser la fainéantise et le tribalisme de leurs con-citoyens !
 
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