Des "priorités stratégiques", avec une Union européenne qui met la pression sur la Tunisie |
Publié le Jeudi 26 Avril 2018 à 17:04 |
Dans sa tournée dans les pays du Benelux (Belgique-Pays Bas-Luxembourg), et son passage par les institutions de Bruxelles, Youssef Chahed s’est employé à rassurer ses interlocuteurs européens sur les avancées réalisées par le processus de transition politique en Tunisie, et les réformes engagées pour relancer l’économie, affirmant l’engagement pour la poursuite du processus de justice transitionnelle. Le vote du parlement pour la non-prorogation du mandat de l’IVD ne signifie pas la fin de ce processus qui sera mené à son terme, a-t-il dit en substance, à l’heure même où l’instance Vérité et Dignité poursuit son travail, en transférant les dossiers des violations à la justice. Dans un marathon d’entretiens qu’il continue à mener, le locataire de la Kasbah a eu droit à plusieurs messages de soutien de la part de ses interlocuteurs européens et à des engagements fermes pour accompagner la transition économique, avec une exigence de la partie européenne de voir ces réformes aboutir, et déboucher sur des résultats concerts. Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a annoncé une visite en Tunisie en juillet prochain pour s’en enquérir de l’état d’avancement. L’Union européenne qui promet un appui à la Tunisie jusqu’en 2020, se joint ainsi au FMI, et met la pression sur les autorités, afin qu’elles accélèrent le calendrier des réformes, pour assainir les finances publiques, et préserver des équilibres macroéconomiques vulnérables, face au creusement du déficit, et à l’explosion de la dette. La période à venir sera donc décisive, des décisions doivent être prises et des lois votées pour faire avancer ces réformes qui ont encore du plomb dans l’aile, notamment pour ce qui est des caisses sociales, face à un régime des retraites qui, croulant sous un lourd déficit, est à bout de souffle, avec sa dernière incapacité de verser les pensions en temps et en heure. Le retard enregistré dans le déboursement des pensions de la CNRPS en ce mois d’avril, ayant suscité la colère de nos aînés, traduit l’extrême gravité de la situation, et la grande urgence pour que des solutions soient trouvées et mises en œuvre. La prochaine étape est d’autant plus cruciale, qu’elle requiert une préparation à la concrétisation de l’Accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA), avec l’annonce majeure de Youssef Chahed à Bruxelles de sa signature en 2019. Plus que quelque mois pour que cet accord, redoutable et redouté, soit effectif, même si on nous promet une mise en application progressive. Encore objet de négociations entre les parties tunisienne et européenne, l’accord en devenir devra toucher deux secteurs jusque-là protégés, n’étant pas inclus dans l’accord d’association signé en 1995, soit l’agriculture et les services. L’asymétrie entre les marchés tunisien et européen suscite les craintes. Des voix s’élèvent sans cesse pour attirer l’attention sur les risques de cet accord sur une économie tunisienne fragile et peu outillée pour rivaliser avec le géant européen. Mais là ou certains voient des dangers, d’autres perçoivent des opportunités à même d’ouvrir de nouveaux sentiers aux opérateurs tunisiens, vers le vaste marché du vieux continent, pour peu qu’ils puissent s’adapter à la nouvelle donne, et que la question de mobilité, handicapante pour la partie tunisienne, soit réglée. L’autre sujet non moins important est celui de l’Open-Sky auquel la Tunisie serait prête, selon les dires de Youssef Chahed qui presse la partie européenne à activer ce dossier. Partiellement ouvert, le ciel tunisien accueille déjà des compagnies sur le trafics régulier et Charter, qui opèrent sur le marché tunisien ; l’année 2018 est marquée par l’arrivée d’une dizaine de compagnies. Son ouverture totale devra donner du fil à retordre à la compagnie nationale Tunisair confrontée à des problèmes structurels, que la progression du trafic, du fait d’une amélioration du tourisme et de l’activité estivale forcément ascendante, ne peuvent solutionner. Aussi, Chahed a-t-il évoqué le classement de la Tunisie sur la liste noire du GAFI, comme pays présentant des déficiences en matière de lutte contre le terrorisme et le blanchiment d’argent. Il a prévu qu’elle allait en être retirée à la fin de l’année par le groupe d’action financière, espérant que la partie européenne en fera de même. Autant de "priorités stratégiques" évoquées lors de cette visite européenne, qui nécessiteront un travail considérable de la part d’un gouvernement, dont le destin n’est pas encore connu : partira, partira pas !!! Gnet
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Commentaires
Ecrit par Tn Fr 27-04-2018 18:11