La Tunisie a gagné une bataille, mais pas la guerre !

Publié le Vendredi 24 Janvier 2014 à 17:53
La troisième étape transitoire doit être placée sous le signe de l'éthique. Le rideau va bientôt tomber sur cette deuxième période transitoire, consécutive aux élections du 23 octobres, qui aura été émaillée de profonds soubresauts, et de tragédies avec deux assassinats politiques et les attaques meurtrières contre nos vaillants soldats, et nos forces de sécurité intérieures. Autant d’épreuves qui ont lourdement affecté les Tunisiens, attenté à leur moral, et ont failli leur faire perdre espoir en des lendemains meilleurs.

La deuxième étape transitoire aura été celle où la classe politique s’était enlisée dans les tiraillements et les clivages aigus, et où le peuple s’était embourbé dans la division, au point que l’unité nationale ait été menacée et que le spectre de la guerre civile ait rodé autour d’une société fragilisée et blessée. Mais, heureusement, que le langage de la raison et de la sagesse a triomphé, et que les uns et les autres ont fini par exorciser les démons de la rancœur et de la haine, et par privilégier la voie du dialogue et du consensus. Même si elle était semée d’embûches, cette voie s’est révélée salvatrice et a permis à la Tunisie d’éviter le pire, et de reprendre espoir en son présent et son avenir.

A ce stade, même si la confiance entre les rivaux politiques ne s’est pas totalement rétablie, et même si un climat de précampagne électorale se fait sentir, avec la persistance intermittente de passes d’armes inter-politiques, on peut attester que la Tunisie a franchi la zone de danger. Le bouclage hier, vendredi 23 janvier 2014, de l’adoption de la constitution article par article, et son adoption dans son intégralité en première lecture à une majorité des deux tiers, attendue pour ce week-end -quasiment acquise – plaident pour la possibilité de l’exception tunisienne, dans un environnement régional hostile, où l’histoire est en train de s’écrire dans l’affrontement armé et l’effusion du sang.

La nouvelle constitution fait l’objet d’une quasi-unanimité, nonobstant les insuffisances propres à tout travail humain, quant à son caractère progressiste et pionnier dans la mesure où elle garantit les droits et les libertés à tout citoyen et citoyenne, qu’elle jette les bases d’une République démocratique, d’institutions républicaines pérennes, et institue le cadre d’un vivre ensemble basé sur le respect du citoyen, de son intégrité physique et morale, et de ses choix. La constitution de janvier 2014 (date supposée de sa promulgation) rompt avec la constitution du 1er juin 1959, apporte des avancées sensibles à plus d’un titre, et marque le début d’une nouvelle ère, celle de la Tunisie démocratique, amenée à être gérée autrement au niveau local et central.

L’adoption de la constitution, sa promulgation et puis sa publication au Journal Officiel, constituent un événement décisif, qui sera retenu dans l’histoire comme étant le premier résultat tangible de la révolution, et son premier fruit, ayant mûri après un processus laborieux et participatif. Mais, tout n’est pas gagné, la nouvelle constitution n’est qu’un simple texte, et sa portée ne sera mesurée qu’à travers les mécanismes à même d’en traduire les différentes dispositions dans les faits. L’essentiel est dans l’application, qui ne sera pleine et effective qu’après les prochaines élections.

Entretemps, la Tunisie n’en a pas fini avec les difficultés et les défis, et la prochaine étape qui est sur le point de s’ouvrir avec le gouvernement de Mehdi Jomaâ s’annonce ardue, sur les plans économique, sécuritaire et social. La tâche primordiale de la nouvelle équipe dont la composition sera dévoilée demain sera de rétablir la confiance dans la société, condition sine qua non à la reprise de l’activité économique, à une meilleure lutte contre l’insécurité et le terrorisme, à l’apaisement social et à la consolidation de la paix civile.

Pour ce faire, le nouveau gouvernement aura besoin de l’aide et du soutien de toutes les parties, classe politique, partenaires sociaux, organisations de la société civile et bien entendu du peuple, dont le sens civique et de responsabilité contribueront grandement à rasséréner le climat général. L’espoir est que les différentes parties, les acteurs politiques en prime, tirent les leçons des méfaits des tiraillements et de la polarisation idéologique, mettent de côté leurs intérêts électoralistes et partisans, et se résolvent à faire prévaloir l’intérêt suprême de la nation, pour faire en sorte que cette troisième période transitoire soit écourtée au maximum, et qu’elle débouche sur des élections démocratiques et transparentes à même de faire passe le pays du transitoire au durable.

D’emblée, les déclarations d’une partie de l’opposition sur le gouvernement de Mehdi Jomaâ, versent dans la critique et le mécontentement, dans la mesure où il devrait compter certains ministres de l’équipe actuelle, pour avoir fait leurs preuves à la tête de leur département.

Espérons que ces tensions seront circonscrites afin que cette troisième étape transitoire démarre dans la sérénité, et qu’elle soit placée sous le signe de l’éthique et du patriotisme, quand bien même, elle est une période de campagne électorale par excellence.
H.J.


 

Commentaires 

 
#1 RE: La Tunisie a gagné une bataille, mais pas la guerre !
Ecrit par Royaliste     25-01-2014 14:01
on peut travailler maintenant?

l'économie est en ruine, il faut avancer, il faut travailler
 
Ces commentaires n'engagent que leurs auteurs, la rédaction n'en est, en aucun cas, responsable du contenu.