Christine Lagarde appelle la Tunisie à modérer les salaires

Publié le Mercredi 09 Septembre 2015 à 16:00
Vue de la conférence de presse. Lors d'une conférence de presse tenue, mercredi matin au siège de la Banque Centrale, Christine Lagarde, a confirmé la disposition du FMI à soutenir la Tunisie pour restaurer sa stabilité macro-économique à condition que les réformes engagées dans les domaines bancaire, fiscal ou autres soient accélérées.

Le FMI accordé à la Tunisie en 2013 une ligne de crédit d'un montal global d'1,75 milliard de dollars dont plusieurs tranches ont été débloquées. Il reste près de 600 millions qui ont tributaires de la mise en oeuvre des réformes : "Nous voudrions que la Tunisie envoie un message qui prouve son désir de réforme. Il était prévu que le programme se termine en juin mais vu les circonstances, nous l'avons prolongé de 6 mois. Notre partenariat est fondé sur la souplesse et la réactivité. Face à la volatilité et aux contraintes politiques et sociales, le programme a été adapté en conséquence. Par exemple, nos ressources ont été réaffectées dès les débuts du programme pour soutenir non plus seulement la balance des paiements, mais également les finances publiques, et permettre ainsi de faire face à la pression des dépenses. La transition a été malheureusement accompagnée de tragiques épreuves avec les attaques terroristes au Musée du Bardo et à Sousse. Mais ces actes lâches et criminels ne doivent pas détourner le peuple tunisien de sa marche vers de meilleurs lendemains".

Lagarde estime que la Tunisie a su surmonter beaucoup d'épreuves "en ne perdant jamais de vue un objectif primordial : le consensus doit servir de socle à la nouvelle démocratie. Un consensus fondé sur le respect, les opportunités économiques et la solidarité nationale".

 Elle a souligné que le FMI a changé de politique depuis une décennie: "Maintenant, nous tenons compte de la dimension sociale de sa relation avec les pays membres. La Tunisie a fait ces dernières années un parcours économique remarquable. Elle a affiché une croissance d’environ 2,5% par an en 2013 et 2014, malgré un environnement particulièrement difficile : une transition prolongée, des troubles sociaux récurrents et un impact accru des conflits régionaux".

La conjoncture extérieure antérieure aux événements du Bardo et de Sousse a ajouté, selon ses dires, de nouvelles difficultés. La faible croissance de l’Europe — principal partenaire commercial de la Tunisie — a eu un impact important sur deux secteurs majeurs de l’économie tunisienne. Tout d’abord le commerce. Plus de 70% des exportations tunisiennes sont à destination de l’Europe et d’après nos analyses, un recul de 1 point de la croissance en Europe fait baisser de 0,6 point celle de la Tunisie. C’est loin d’être négligeable. Ensuite, le tourisme. Ce secteur est un des moteurs de l’économie tunisienne : il représente près de 7 % du PIB et emploie plus de 400.000 personnes. Et près d’un touriste sur deux (45 % exactement) est Européen. Ce secteur aussi a été rudement éprouvé par le ralentissement Européen. L’an dernier, les arrivées de touristes européens ont chuté de 26 % et les recettes ont été inférieures de 15 % à celles de 2010. Les récents attentats ont aussi porté un nouveau coup au tourisme, avec une baisse attendue des recettes de 50 % par rapport à l’an dernier et des répercussions tangibles sur l’économie, dont l’impact sera très significatif en matière d’emploi".

Lagarde a ajouté que le FMI prévoyait une croissance de l’activité économique de seulement 1 % pour l’année en cours, selon ses dernières prévisions, en positivant : "malgré ce contexte difficile, il y a des raisons d’espérer".

La DG du FMI a appelé la Tunisie à  "modérer" les salaires et à agir sur les recrutements au sein de la fonction publique qui enregistrent, selon elle, un surplus. Elle a fait savoir que la masse salariale en Tunisie représente 13% du PIB : "C'est un taux très élevé" a-t-elle déclaré.

Présent lors de la conférence de presse, le ministre des Finances, Slim Chaker, a affirmé que "La Tunisie n'est pas en train de stagner et qu'elle ne reculera pas".

En marge de la conférence de presse, le gouverneur de la Banque Centrale, Chedly Ayari, a déclaré que la Tunisie compte demander un nouveau plan d'aide au FMI dont le montant serait au moins égal à la ligne de crédit consentie en 2013 : "Les négociations avec le Fonds monétaire international devraient débuter en novembre et le programme serait validé en mars 2015".

Anis Ben Othman


 

Commentaires 

 
#1 Bonne synthèse
Ecrit par Aziz     10-09-2015 12:27
Bravo Gnet, vos analyses des faits marquants de l'actualité sont devenues une référence, parce allant vers l'essentiel, sans fioritures ni langue de bois. Bonne continuation
 
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