Bernard Cazeneuve en Tunisie : Priorité à la sécurité et à l’immigration

 

Lors d'une conférence de presse tenue à l'issue de sa visite officielle, Bernard Cazeneuve est revenu sur l'expérience démocratique tunisienne et les élections " qui ont eu lieu dans un contexte de sécurité qu'il faut saluer, avec une belle maturité...et un respect entre les organisations politiques qui n'a rien à envier à la manière avec laquelle fonctionnent les plus vieilles démocraties", a-t-il déclaré, témoignant à l'occasion,de l'amitié de la France pour la Tunisie.
 

Le renforcement de la coopération en matière de sécurité et la gestion de crise. Tel fût le motif phare de la visite du ministre de l'Intérieur français. "Nous avons l'intention d'accompagner la Tunisie dans la mise en place d'une école de formation en sécurité et protection civile", a-t-il indiqué, avant d'ajouter que la coopération concernait aussi la lutte contre l'immigration irrégulière, "qui constitue un enjeu considérable régional et notamment pour mon pays...la France a augmenté de 30% le nombre de filière d'immigration irrégulière démantelée entre 2013 et 2014. c'est  une priorité de mon agenda au ministère de l'Intérieur", a-t-il confié.
 

Car le plus gros de ces filières est basé en Libye, la France travaillera de concert avec la Tunisie pour lutter contre le phénomène, qui menace les pays du sud de l'Europe d'une part, et des centaines de vies humaines d'autre part. "Cela vaut aussi pour la grande délinquance, économique et financière, pour le trafic de stupéfiants, et pour la cybercriminalité",  a précisé le ministre français.
 

Ce pour quoi, "la France intensifiera sa disponibilité pour aider la Tunisie à rejoindre la Fédération des Polices, et ce dans le cadre du conseil de l'Europe", a déclaré le ministre de l'Intérieur français.
 

Concernant la lutte anti-terroriste, qui touche aussi bien la Tunisie que la France, Cazeneuve considère qu'il y a "à agir ensemble dans le domaine de la déradicalisation, la question de la prévention des départs, et l'approfondissement de la coopération des services de renseignements".
 

Dans sa lutte contre d'éventuels départs au Djihad vers des destinations comme la Syrie, l'Irak ou la Libye, la France a mis en place un dispositif de signalement à la disposition des familles, qui aurait permis, d'après Cazeneuve, de signaler près de 550 personnes depuis la fin du mois de février 2014. Ces signalements permettent d'empêcher le départ, ou d'organiser les retours, avec l'intervention de plusieurs organismes de prise en charge.

 

Bernard Cazeneuve a exprimé l'inquiétude de voir proliférer du côté libyen "des embarcations de la mort", et a exprimé la volonté de la France d'identifier ces filières et de les démanteler. "Beaucoup qui sont en Europe, le sont parce qu'ils sont persécutés, poursuivis, torturés, menacés...pour améliorer la vie de ceux-là, il faut démanteler les filières d'immigration, sinon il n'y aurait pas de soutenabilité", a-t-il dit. 

 

Interrogé sur une éventuelle coordination entre les deux pays concernant le retour de djihadistes en France, Cazeneuve a répondu que lors d'une récente réunion avec différents ministres de l'Intérieur européens et américains, il a été convenu que ces individus soient judiciarisés avant leur retour.  "Mais ça ne suffit pas...il faut une bonne coopération avec la Turquie pour qu'ils soient identifiés sur les frontières syro-turques... Je me suis aussi battu pour qu'il y ait un signalement spécifique 'combattant à l'étranger' dans le système d'information Schengen", a-t-il expliqué.

Ce signalement a pour principal intérêt de permettre à tous les pays européens d'identifier les profils de ceux qui transitent par chacun de ces pays. "Il faut que nous allions plus loin avec un dispositif qui permet d'informer le pays d'origine de l'individu, du passage de celui-ci...", a-t-il souligné. Cazeneuve a par ailleurs exprimé la volonté d'organiser deux fois par an des réunions de travail conjointes, qui traiteraient de la question sécuritaire.  
 

Le ministre de l'Intérieur français a rencontré, ce lundi, le chef du Gouvernement Mehdi Jomaa, ainsi que le ministre de l'Intérieur Lotfi Ben Jeddou.