Beji Caïd Essebsi : le Nord uni, le Sud désuni

Publié le Lundi 14 Juillet 2008 à 15:43
L’ancien ministre tunisien estime que la Méditerranée est aux prises avec de nombreux conflits : Palestine/Israël, Sahara Occidental, Liban, Chypre. L’UPM ? «Il faut l’encourager sans se leurrer».

Le sommet de Paris, avec toutes les rencontres et les mini-sommets qui ont tourné autour, s’est efforcé à montrer le bon côté des choses. C’est comme si la baguette magique du Président Sarkozy a permis de trouver une solution à chaque situation litigieuse. La Syrie et le Liban se réconcilient et annoncent l’échange d’ambassades sous peu, la Palestine et Israël disent qu’ils n’ont jamais été aussi proches d’une solution au conflit. La Syrie et Israël affichent aussi leurs bonnes intentions pour persévérer sur la voie de la paix. Leurs négociations indirectes menées par une médiation turque ont été relancées à Paris, le temps de deux entretiens que Bachar Al Assad et Ehud Olmert, ont eu séparément avec le premier ministre turc Tayip Erdogan.

Tout roule. Et ce n’est pas le sourire éclatant du hôte et de l’instigateur du sommet et ses poignées de main chaleureuses avec l’ensemble de ses invités qui prouveront le contraire.
Le chef de l’Elysée était hier aux anges, et personne ne se hasardait, ni parmi les médias ni parmi les politiques, de lui contester le succès diplomatique qu’il a su engranger.

La séance d’ouverture du sommet a d’ailleurs baigné dans cette même ambiance véhémente. Le co-président français a d’emblée annoncé le ton. Il ne s’agit pas de faire table rase de Barcelone, mais d’en préserver les acquis. « Notre but est d’instaurer un partenariat sur un pied d’égalité entre le Nord et le Sud, de reconnaître que nous avons des droits et devoirs égaux. Il n y a pas ceux qui décident et ceux qui subissent. L’UPM doit se baser sur l’égalité, la parité et le pouvoir de décision exercé en commun », a-t-il martelé. «Nous ne sommes pas bloc contre bloc, Nord contre Sud, face à face ou côte à côte mais unis dans l’intérêt général de tous. Il faut que l’on réussisse. Il faut que l’on surmonte nos désaccords et nos divisions», a indiqué Sarkozy, en saluant le courage des pays arabes d’avoir fait le déplacement et d’avoir accepté de se s’asseoir à la même table qu’Israël.

Le co-président du Sud, le raïs Moubarak, est revenu sur Barcelone pour dire qu’il a connu des fortunes diverses : des échecs et des réussites. « La réussite de l’UPM est tributaire de notre capacité de voir les choses dans leur réalité, de prendre conscience des écarts qui nous éloignent les uns des autres.

Les pays du sud doivent relever plusieurs défis : éducation, santé, besoins alimentaires, couverture sociale. « Je vous invite à prendre conscience de ces défis afin que nous puissions entrevoir les besoins de la rive sud et ramener l’écart entre les deux rives à son niveau le plus bas », a-t-il appelé.

Moubarak a joué les prospectivistes en s’interrogeant : quelle sera la situation de la Méditerranée en 2030, 2050, étant donné que le nombre de ses habitants actuellement de 272 millions, passera à 332 millions en 2020 à 379 millions en 2050 ?

L'Europe cherche à concurrencer les Etats-Unis
Un discours de Real politique, manié excellemment avec les politiques qu’ils soient en exercice ou en retrait de la scène publique, après s’y être heurtés pendant de longues années.

Tel notre ancien diplomate tunisien, Béji Caïd Essebsi, qui s’est exprimé hier sur l’UPM sur la chaîne Al Jazzera. L’ancien ministre des Affaires étrangères de Bourguiba, tout en appuyant la naissance de l’UPM, attire l’attention sur les problèmes qui persistent dans la région et qui nous obligent de voir les choses avec plus de réalisme : le conflit Palestine/Israël, les affaires du Liban, du Sahara occidental, deChypre...

Il faut voir dans quel cadre l’UPM est-elle posée ? s’interroge Beji Caïd Essebsi avant de donner la réponse. « A travers l’UPM, l’Europe cherche à se positionner dans l’ordre mondial attendu afin qu’elle soit le plus grand concurrent des Etats-Unis. L’adhésion des pays du Sud à l’Europe ne fera que la renforcer davantage».

Selon l’ancien ministre tunisien, le contexte de la création de l’Union pour la Méditerranée est différent de celui de la naissance du processus de Barcelone. Celui-ci a été consécutif à l’accord sur l’UMA, aux accords d’Oslo ainsi qu’à l’apaisement des rapports entre l’Orient et l’Occident. Maintenant, la conjoncture est autre, l’UMA est ce qu’elle est, les accords d’Oslo ont été soldés par un échec et l’apaisement entre l’orient et l’occident est en train de reculer.

Beji Caïd Essebsi appelle à faire la différence entre les espérances et la réalité. Par exemple Israël, « ce qu’il affiche dans les discours n’a rien à voir avec ce qu’il fait sur le terrain. Tout en gardant espoir, Il ne faut pas donc se leurrer".

L’UPM est un premier pas que nous encourageons, a-t-il estimé, en faisant remarquer qu’au moment où l’Europe s’unit, le Sud peine à avoir une vision commune sur les différentes affaires du monde.

Beji Caïd Essebsi estime positif le rapprochement entre la Syrie et la France en ce sens qu’il a permis de parvenir à un accord pour l'ouverture de relations diplomatiques entre Damas et Beyrouth, pour la première fois depuis l’indépendance des deux pays.

H.J.

 

Commentaires 

 
#3 Concurrence Nord-Nord ?
Ecrit par Mohamed     18-07-2008 18:00
Le souci de la non confrontation entre l’Europe et les Etats-Unis est toujours de mise dans les projets stratégiques. L'U.P.M en est un. Difficile donc de penser que ce projet puisse être un terreau de concurrence entre ces deux pôles majeurs.
 
 
#2 ça boite deja..
Ecrit par mouamer le guide     15-07-2008 10:38
pas d accord sur le lieu du secretariat,meme pas une photo de souvenir..
Les Présidents maghrébins ont fausse compagnie à gadafi EN ACCEPTANT L INVITATIOn ont etes,semble t il absents du defile ainsi que ..fillon..
on sait pas pourqoi ? ? ?
le show de sarko n a valu que par la presence de carla!
oh combien j aurai souhaite faire partie de la longue liste publiee lors de son union avec sarko
 
 
#1 UPM
Ecrit par Tounsi Horr     15-07-2008 00:29
Tant que nous sommes obligés de demander un visa, de fournir des "preuves", de payer des sommes faramineuses pour ce visa etc...etc...dans mon esprit je serai toujours tunisien, arabe et musulman, et leurs UPM premièrement je n'y crois pas et deuxièmement, à mon niveau, je la refuserai ( une goutte dans l'ocean me direz-vous? oui, mais je suis libre et heureux d'appartenir à mon propre pays!
 
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