BCE annonce l’entrée en scène de l’armée pour protéger les ressources de la Tunisie

Publié le Mercredi 10 Mai 2017 à 13:31
Béji Caïd Essebsi, mercredi 10 Mai, au palais des Congrès. Le président de la république, Béji Caïd Essebsi, a annoncé ce mercredi 10 Mai que l’armée se chargera désormais de la garde des lieux de production et des sites des ressources naturelles, mettant en garde contre le fait de traiter avec l’armée. Lorsque l’armée prend la responsabilité, il sera difficile de traiter avec elle ». BCE a reconnu que cette décision est grave, mais elle est nécessaire pour arrêter ce courant (protestations anarchiques, coupures des routes, arrêt de la production...). Il a par ailleurs annoncé une restructuration prochaine du ministère de l’Intérieur, signalant que les agents sécuritaires sont éreintés car leurs efforts sont éparpillés dans les stades, les manifestations..., a fortiori que le pays combat le terrorisme.

Dans un discours solennel au palais des congrès de Tunis, devant de nombreux acteurs de la vie politique et nationale, le président de la république a prévenu, le ton grave, contre les menaces qui pèsent sur le processus démocratique. "Le processus démocratique en Tunisie est menacé  d’une manière sérieuse", a-t-il dit.

"Il n’y plus lieu de couper les routes"
Le chef de l’Etat a réaffirmé que l’intérêt suprême de la Tunisie est au dessus des intérêts des partis, évoquant la rencontre de Paris l’ayant réuni avec Rached Ghannouchi : on s’est mis d’accord sur deux principes : "le premier est que l’intérêt suprême de la Tunisie est au dessus de celui des partis. Le second est que tous les problèmes ne peuvent-être résolus que par le dialogue et le consensus".

Le locataire de Carthage a plaidé pour le respect de la volonté populaire qui a donné lieu à travers une expression dans les urnes à un président élu, et une assemblée élue, se voulant rassurant quant à la tenue des prochaines élections, qui auront lieu "dans les délais légaux et constitutionnels".

"Désormais, il n’y plus lieu de couper les routes, et de bloquer la production", a-t-il asséné, appelant à la préservation des richesses du pays. "La Tunisie a un peu de gaz, de pétrole, de tourisme et d’agriculture, que nous reste-t-il si vous bloquez le peu de ressources qu’on a", s’est-il interrogé, affirmant que l’Etat est amené à protéger les ressources du peuple tunisien.

Il a néanmoins affirmé que le droit de manifester est garanti, tout autant que la liberté d’expression, d’organisation, acquis de la révolution, qui sont garantis par la constitution, et rassurant sur l’irréversibilité du choix démocratique en Tunisie, "il n’y aura pas de retour au despotisme". 

Non à la chute du gouvernement

Le chef de l’Etat a opposé une fin de non-recevoir aux appels lancés pour faire tomber le gouvernement d’union nationale, appelant les partis et les blocs parlementaires à s’asseoir autour de la table pour résoudre tous les problèmes par le dialogue. Il a appelé les détracteurs du gouvernement qui sont critiques à son égard et qui refusent de coopérer avec lui, d’attendre les prochaines élections pour pouvoir présenter une alternative, et de laisser ceux qui ont été choisis par le peuple travailler.

Le respect de l’Etat de droit est une condition sine qua non à la démocratie, a-t-il dit, prônant un Etat juste avec tous ses enfants. "S’il y a actuellement des problèmes et une mollesse, c’est parce qu’on n’applique  pas l’Etat de droit, a-t-il dit, appelant à la restauration de l’autorité de l’Etat".

BCE salue Tataouine la militante

Le chef de l’Etat a martelé que le droit de manifester est garanti par la constitution, saluant Tataouine la militante, qui compte d’illustres combattants qui se sont sacrifiés pour la Tunisie et son indépendance, citant les grandes familles de la région Debbab, Abdellatif …il a dit être attentif à toutes les positions et lit tous les communiqués issus des protestataires, des partis politiques... "Je ne suis pas en train de me tourner les pouces", a-t-il lancé, lisant un extrait du communiqué des contestataires de Kamour qui cherchent en quelque sorte "à mettre les autorités en difficulté" : Les autorités au pouvoir et celles pétrolières vont se soumettre à nos revendications légitimes. Mais va-t-on s’arrêter en si bon chemin, ou dois-ton honorer nos familles. Nous voulons honorer notre patrie, apprendre des enseignements de l’histoire. Nous devons choisir qui nous-sommes, est-ce les enfants de Ali Ben Ghdhahom, de Daghbagi…n’a-t-on pas brandi le slogan de non à la capitulation, écrivent-ils. 

"La loi de la réconciliation est à même de sortir le pays de l'ornière"
Le chef de l’Etat a, par ailleurs, pris la défense de la loi de la réconciliation qui prévoit une amnistie des hauts fonctionnaires et des commis de l’Etat qui n’ont fait qu’appliquer les instructions sous l’ancien président , étant à même de sortir le pays de l’ornière. C’est l’administration qui a affronté la situation et rétabli l’ordre en 2011, lorsque le pays était livré à tous les dangers, avec des frontières ouvertes, des prisons ouvertes, des entreprises économique brulées, des institutions sécuritaires brulées, un afflux de réfugiés libyens, et avec une révolution en cours dans la Libye voisine, s’est-il remémoré. 

L’administration est-elle aussi nécessaire pour la relance de l’investissement, seul moyen pour le développement et la création d’emploi. Il a évoqué le programme mené par des investisseurs locaux dans les régions intérieures, signalant que lui-même a inauguré deux projets à Gafsa. Il a dit qu’un investisseur étranger était prêt à investir 500 millions d’euros (1,6 milliard de dinars), un investissement créateur de 50 mille emplois, mais il a fini par partir ailleurs, pour ne pas avoir trouvé un climat favorable à l’investissement, à cause du blocage de l’administration. "Les responsables de l’administration ont peur d’appliquer les instructions et de se retrouver demain en prison", a-t-il dit. 

BCE a appelé ceux qui sont hostiles  à la loi de la réconciliation de la combattre au parlement et dans les institutions élues et non dans la rue. Et de s’interroger sur un ton sarcastique, "sommes-nous tous corrompus, sommes-nous venus pour instituer la corruption avec l’UGTT, l’UTAP et les autres partis, nous aussi nous avons milité" Et de lancer :",! ربي خلقكم و هز يدو", histoire de leur dire qu’ils n’étaient pas sortis de la cuisse de Jupiter. 

Le président de la république a déploré les pertes enregistrées dans le secteur des phosphates. "Nous avons  perdu 5 milliards en cinq ans, si on avait cet argent, on n'aurait pas eu recours aux crédits," a-t-il souligné, faisant état d’une amélioration des indicateurs économiques avec une augmentation de 45 % du phosphate, proche de la moyenne de 2010, une hausse de 34 % du nombre des touristes, des IDE en hausse de 21 %, et des intentions d’investissement dans le secteur industriel en augmentation de 56 %.  Il a également fait état d’un taux de croissance au premier trimestre de 2017 encourageant et porteur d’espoir, supérieur à 1 %, se gardant de le divulguer, en attendant qu’il soit annoncé par l’INS.

BCE a dit pardonner à ses détracteurs leurs critiques et attaques, car "je suis musulman et croyant", citant le verset 159 de la sourate al-Imran
فَبِمَا رَحْمَةٍ مِنَ اللَّهِ لِنْتَ لَهُمْ ۖ وَلَوْ كُنْتَ فَظًّا غَلِيظَ الْقَلْبِ لَانْفَضُّوا مِنْ حَوْلِكَ ۖ فَاعْفُ عَنْهُمْ وَاسْتَغْفِرْ لَهُمْ وَشَاوِرْهُمْ فِي الْأَمْرِ ۖ فَإِذَا عَزَمْتَ فَتَوَكَّلْ عَلَى اللَّهِ ۚ إِنَّ اللَّهَ يُحِبُّ الْمُتَوَكِّلِينَ
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