Baisse du prix du pétrole, quel impact sur la Tunisie ?

Publié le Vendredi 27 Février 2015 à 11:53
Vue de la conférence«La macro économie est en train de changer…nous allons de plus en plus vers une aire où l’énergie ne sera plus aussi chère qu’avant, sauf accident géopolitique majeur …ce qui n’est pas exclu », a déclaré hier le gouverneur de la Banque Centrale, Chedly Ayari, lors de la présentation du rapport du FMI sur les perspectives économiques régionales du Moyen orient, de l’Afrique du Nord et l'Asie Proche (MOANAP), présentée par Giorgia Albertin, représentante résidente pour la Tunisie du Fonds Monétaire International.

L’inconvénient, est que les investissements dans les hydrocarbures sont voués à baisser. « Un trillion de dollars d’investissements, est aujourd’hui remis en cause », a confié le gouverneur de la BCT, avant d’ajouter que si l’offre continuait à baisser, cela créerait un manque, et que plus le prix du pétrole baissait, moins le gaz de schiste serait rentable. « D’ailleurs beaucoup de compagnies américaines sont en train de se désinvestir du gaz de Schiste », a-t-il dit. Le prix du baril du pétrole se situerait, actuellement, entre 50 et 60 dollars.

Selon Chedly Ayari,  la tendance économique générale, s'acheminerait vers une baisse de la croissance, du fait de la hausse du nombre de séniors dans le monde. Le taux de croissance « normal », se situera désormais autour de 3%, selon les prévisions des économistes.

Concernant la Tunisie, pays importateur de pétrole, la nouvelle de la baisse du prix de l’or noir n’aurait quasiment aucun impact sur les finances du pays.

«Avec cette baisse de prix, on s’imagine que l’argent va affluer, pour pouvoir financer d’autres projets. C’est mythologique que de croire à cela. L’impact est différent d’un pays à un autre, et ce n’est pas certain que ce soit toujours un bonus. C’est complexe, et derrière il y a toute une politique économique…Même s’il y a des gains, ils ne sont pas évidents. La facture énergétique que nous payons en Tunisie est très élevée, et je me demande pourquoi…je n’ai pas de réponse », a-t-il dit.

Selon lui, il existerait un phénomène de volume de consommation énergétique «  énorme » qui nécessiterait un audit « immédiat » des différents secteurs pour délimiter « qui consomme quoi et pourquoi », a-t-il souligné.

Le gouverneur de la banque centrale a exprimé son étonnement quant au comportement du consommateur tunisien. « Equilibrer la balance commerciale est, aujourd’hui, impossible.  tant que le modèle de consommation et de production tunisien est basé sur les énergies fossiles, nous serons toujours prisonniers des hydrocarbures », a-t-il dit.

D’ailleurs, la Tunisie n’a pas progressé de manière significative durant la dernière décennie en matière d’énergies renouvelables. Le gouverneur de la BCT a terminé par un constat, défiant toute logique scientifique : « Lorsque le prix augmente, la demande baisse, mais ce n’est pas le cas actuellement en Tunisie où la hausse du prix de l’électricité n’a pas fait baisser la consommation…un autre phénomène qu’on enseigne à nos étudiants à l’école, lorsque le chômage augmente, les salaires baissent. Mais il y a un phénomène qui est formidable en Tunisie, le chômage augmente, et le salaire augmente », a-t-il terminé ironique.

Le rapport du FMI reconnait que l’impact des cours mondiaux sur les prix intérieurs des carburants reste faible dans plusieurs pays, limitant l’impact positif sur les revenus disponibles et sur les coûts des entreprises. Les effets positifs de la chute des cours du pétrole sur la croissance seront accompagnés de chocs négatifs dont la détérioration des perspectives de la zone Euro, la baisse des prix des matières premières ainsi que des retards dans la mise en place des réformes. Les projections de croissance pour les importateurs de pétrole de la région MOANAP restent inchangées, soit 3.9% pour 2015, selon les prévisions.

 L’Arabie Saoudite accusera un manque à gagner de 138 milliards de dollars en 2015, à cause de la baisse du prix du pétrole, le Koweït, 50 milliards de dollars, le Qatar, 44 milliards de dollars, l’Irak, 46 milliards de dollars, l’Algérie, 20 milliards de dollars et l’Iran, 16 milliards de dollars, selon le FMI. Celui-ci estime que la croissance dans les pays exportateurs de pétrole atteindrait les 3% en 2015 (révision à la baisse de 1 point).

La chute du prix du pétrole engendra perte des revenues d’exportation et budgétaires. Seulement à court terme, les dépenses publiques pourront être maintenues grâce aux marges de manœuvre, en limitant l’impact négatif sur la croissance dans plusieurs pays exportateurs de pétrole.

Ces mêmes pays seront appelés à s’adapter à la nouvelle réalité et à préserver l’équilibre budgétaire, avec notamment une réforme des subventions, l’augmentation des revenus non-pétroliers, et des réformes structurelles pour diversifier l’économie.

Pour la Tunisie, la chute des prix du pétrole serait une opportunité à saisir, selon le FMI. Cette donnée aidera à améliorer la position budgétaire et extérieure. L’épargne des gains permettra de renforcer les marges de manœuvre budgétaire, et est, une condition favorable pour accélérer les réformes des subventions et de soutien à la croissance.
Chiraz Kefi

 

Commentaires 

 
-1 #1 Réponse
Ecrit par Léon     01-03-2015 09:59
Sur la Tunisie une manne d'argent. Sur le citoyen: Zéro.
Lors de l'augmentation spectaculaire du prix du baril en 2008-2009 (le double et le triple de l'actuel), le prix à la pompe n'avait quasiment pas bougé. Mais ce sont des azlems qui ne méritent pas votre estime. Alors bouffez les notes salées de la merdolution, et avec karama. Un peuple entretenu par la banque mondiale et le FMI en est certainement dépourvu.
Vous comprendrez un jour qu'Iil fallait mieux entendre Léon plutôt que les voix vous appelant à la révolution.
léon.
 
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