Attali, Lagarde, Macron : Des mots doux pour la Tunisie, et après !

Publié le Mardi 30 Janvier 2018 à 16:42
Youssef Chahed et Christine Lagarde, mardi 30 janvier 2018 à Marrakech. Hasard du calendrier, trois personnalités internationales se relayent cette semaine pour prodiguer à la Tunisie des messages de soutien, d’encouragement et d’espoir. D’abord, l’économiste, Jacques Attali, qui a fait hier, lundi, à Gammarth un plaidoyer pour la positivité, incitant la Tunisie à promouvoir une économie positive, servant l’intérêt des générations futures.

L’ex-conseiller de François Mitterrand a appelé la Tunisie à profiter de ses innombrables atouts dont son contact avec la mer, devant être perçu comme "un enjeu stratégique", l’incitant à s’ouvrir davantage sur l’Afrique, le monde arabe et à profiter de son appartenance à la francophonie. 

Aujourd’hui, mardi, c’est autour de la Directrice Générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, de livrer un message de soutien et d’empathie à la Tunisie et son peuple. 

Faisant allusion au mécontentement exprimé, lors du dernier mouvement contestataire dont plusieurs régions ont été le théâtre début janvier, la dirigeante de l’institution financière internationale a dit, à l’issue de son entretien avec Youssef Chahed à Marrakech, soutenir les réformes engagées par le gouvernement, laissant miroiter une économie tunisienne plus forte, marquée par la croissance et l’équité, et un avenir meilleur pour les Tunisiens.

Demain et après-demain, ce sera autour du jeune président français, Emmanuel Macron, de s’épancher le temps d’une visite officielle de deux jours, sur l’expérience tunisienne, et d’exprimer le soutien de la France à cette démocratie naissante, un modèle et une source d’inspiration dans le monde arabe.

Le locataire de l’Elysée évoquera les pas franchis par la transition politique, et se réjouira de la tenue des municipales le 06 Mai prochain, premier scrutin local après la révolution, à même de promouvoir la décentralisation et le développement régional. Comme il aura des mots pour la jeunesse tunisienne dont il est certainement au fait des revendications pour le développement, l’emploi et la justice, exprimées lors de la dernière contestation sociale.

Selon la presse hexagonale, le chef de l’Etat français sera accompagné par une centaine d’entreprises françaises, et plusieurs patrons français dont Xavier Niel (Free) ou Stéphane Richard (Orange) qu’il incitera à investir davantage dans nos murs. Il  annoncera la conversion de  Trente millions d'euros de dette tunisienne en investissements, qui profiteront surtout aux entreprises françaises, selon le JDD.

Ces beaux discours exprimés par des parties étrangères à l’égard de notre pays, et leurs promesses de ne pas le laisser tomber  et de l’accompagner jusqu’à ce qu’il atteigne pleinement les objectifs assignés, sont encourageants, mais revêtent plutôt une dimension protocolaire.

Dans cette conjoncture économique difficile, qui n’épargne pas les pays développés, frappés à leur tour par le chômage et une faible croissance, les rapports n’ont jamais été aussi régis par le jeu des intérêts. A travers les conventions qui seront signées et les programmes de coopération annoncés, la partie française devra, dans le cas d’espèce, être gagnante autant, sinon plus que la partie tunisienne, en termes de nouveaux débouchés pour ses entreprises ou ses produits. 

Idem pour les bailleurs de fonds dont sont en grande partie tributaires nos équilibres budgétaires. Leur appui technique et financier est assorti d’une obligation de résultats, devant se traduire par l’aboutissement des réformes engagées et d’un programme économique bien déterminé, dont la vocation sociale n’est guère la priorité.

C’est ainsi que le satisfecit donné par le FMI au gouvernement, pour la loi de finances 2018, tranche avec l’humeur nationale générale extrêmement critique envers ce texte. Aussi le fait que l’institution de Bretton Wood’s ne souffle pas mot sur la dépréciation du dinar tunisien, qui a beaucoup perdu de sa valeur, face au dollar et à l’euro, incite à l’interrogation quant à son rôle présumé dans la chute de la monnaie nationale, face à une banque centrale qui se confine dans une position de spectatrice.
 
Moralité de l’espoir, nos rapports avec nos partenaires, pays et organisations, n’ont de sens, que si la balance penche de notre côté, or ce n’est pas du tout le cas, hélas.
Gnet

 

Commentaires 

 
-3 #1 RE: Attali, Lagarde, Macron : Des mots doux pour la Tunisie, et après !
Ecrit par Agatacriztiz     30-01-2018 20:02
Ils s'en foutent éperdument d'un petit pays qui ne pèse pas grand chose sur l'échiquier mondial, et surtout leurs conseils ne leur coûtent rien...
Alors, pour l'amour de Dieu et une bonne fois pour toutes, cessons de mendier à droite et à gauche, soyons dignes, fiers d'être tunisiens et retroussons nos bras de chemises, trouvons des solutions nous-mêmes, montrons leurs de quoi nous sommes capables et surtout travaillons (dur) honnêtement, à moyen ou à long terme, ça fini par payer...
Nous pouvons être une nation exemplaire pour tout le continent africain, où nous sommes encore respectés, c'est là où est notre chance...
 
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