H. Hammami appelle à un débat sur l'égalité dans l'héritage

L’Association Egalité, Organisation féminine du parti des travailleurs (PCOT), organise son premier congrès les 25, 26 et 27 décembre autour du thème "la femme libre, rempart contre le terrorisme et l’exploitation". Le jour d’ouverture du congrès a vu la présence de nombreux dirigeants du Front Populaire, dont Hamma Hammami et Jilani Hammami, des représentants de la société civile et des partis du travail turc et brésilien.
  

Tous les participants à ce premir congrès se sont attardés sur la mainmise de la Troika sur les acquis de la femme pendant trois ans : "Avec l’arrivée d’Ennahdha au pouvoir, les acquis de la femme se sont vite révélés menacés. La Troika a ouvert les portes à des prédicateurs d’Egypte et des pays du Golfe pour prôner l’excision des fillettes, le voile des filles, la polygamie, avec un discours légitimant la violence", indique Rafika Rekik, coordinatrice de l’association Egalité, ajoutant que c’est ’dans ce contexte que l’association Egalité est née. 

La femme n’est pas la priorité du gouvernement 
Selon Rekik, la situation actuelle ne laisse guère espérer une amélioration: une crise économique, flou politique, dégradation sécuritaire, liberté menacée. Il y a lieu de se demander si la coalition au pouvoir est capable d’améliorer la situation de la femme, de diminuer l’harcèlement sexuel et faciliter le transport aux ouvrières dans les régions rurales, de protéger ces femmes enceintes qui sont en train de mourir à cause de la pénurie des médecins ?  

 

La réponse est négative, selon Jilani Hammami, député du Front Populaire ces questions ne font pas partie des priorités de ce gouvernement: "Ce dernier s’est engagé à la révision des lois qui ont un aspect financier et juridique. Des parties étrangères notamment le FMI dictent ces lois et font pression sur le gouvernement pour qu’il adopte telle ou telle politique. Les autres réformes d’aspect social ont été ignorées". Il ajoute: "Toutes les lois relatives au statut de la femme devraient être révisées et adoptées à la Constitution, tout comme le code du statut personnel et la loi de la fonction publique". 

 

Le constat est donc sans appel : La situation dégrade de plus en plus et les femmes sont toujours confrontées à d'énormes défis, celui de la liberté, du développement, de la pauvreté, de la marginalisation et, aujourd'hui, le défi du terrorisme. Rekik a rappelé, dans ce sens, que 700 Tunisiennes combattent en Syrie et en Irak, sans parler de plus de 100 femmes takfiristes actuellement dans les prisons en Tunisie. Elle souligne que "l’unification de toutes les forces démocratiques et révolutionnaires reste le seul atout pour vaincre tous ses défis".
 

Selon Jilani Hammami, "après la victoire de de Nidaa Tounes dans les dernières élections, les femmes ont donné tout leur espoir à BCE pour mettre fin à ces menaces et sauver le pays. Elles avaient cru à l’évolution de leur statut. Mais le chef de l'Etat  n’a rien fait pour elles. Son alliance avec Ennahdha était une douche froide pour tous les progressistes", a-t-il dit. 
 

Le leader du Front Populaire Hamma Hammami indique que cette déception était prévisible : "La coalition au pouvoir n’a pas de projet pour libérer la femme, ce qui explique la non-adoption de la convention sur la maternité. La femme représente 20% du marché de l'emploi, le taux d'analphabétisme des femmes et des filles augmente". Il s'interroge : "Que va faire le gouvernement pour ces ouvrières victimes d’accident ou pour les femmes agressées?". Il précise ensuite : "En Algérie, la loi contre la violence a été adoptée, mais en Tunisie rien ne concret n’a été fait".
 

Dans le même fil d'idées, Hammami a appelé à un débat sur l'égalité dans l'héritage: "Il faut en discuter", a-t-il réclamé. Il pousruit :" Le Maroc, qui n’a pas fait une révolution, progresse beaucoup plus que nous. Il souligne que BCE ne veut pas mettre ce sujet sur la table pour satisfaire ses partenaires au pouvoir". 
 

Hamma a également appelé toutes les organisations féminines et toutes les femmes à s’unir pour vaincre tous ces défis : "La réussite de l’association Egalité prouve que ces femmes sont plus que jamais convaincues de leur liberté et leur droit à l’égalité", a-t-il conclu.