Assassinats politiques : La Tunisie revient de très loin

Publié le Jeudi 06 Février 2014 à 17:08
Le martyr Chokri Belaïd.Il y a un an, le 06 février 2013, le militant politique et dirigeant du parti des patriotes démocrates unifié, Chokri Belaïd a été lâchement assassiné, à Tunis. La nouvelle, tragique, était tombée comme un couperet sur les Tunisiens. Ce mercredi noir sera, à jamais, gravé dans les mémoires, comme étant celui où la transition démocratique a pris un virage dangereux, tâchant son cheminement jusqu’alors pacifique par un épisode sanglant. Le traumatisme était d’autant plus violent que la société tunisienne avait du mal à accepter et à digérer ce drame national, qui lui est inhabituel.

Le meurtre de Belaïd a ébranlé le gouvernement de la troïka, alors empêtré dans l’interminable crise du remaniement ministériel. Le soir même, l’ancien chef du gouvernement, Hamadi Jebali, a annoncé d’une manière unilatérale et sans consulter les partis politiques, au pouvoir ou dans l’opposition,  sa décision de former un gouvernement de compétences apolitiques dont la mission est limitée à la gestion des affaires du pays jusqu’à la tenue des élections. Bien accueillie par une large partie de la population, et par l’opposition, cette initiative s’est heurtée à une hostilité farouche, au sein des partis au pouvoir, notamment Ennahdha et le CPR. L’ancien chef du gouvernement n’a pas réussi à convaincre son parti, et ses alliés du bien-fondé de son initiative. Il a fini par jeter l’éponge, en quittant son poste de son propre gré pour céder la place au ministre de l’Intérieur de l’époque, issu de son parti, Ali Laâridh.

Le gouvernement Laâridh a été intronisé le 14 mars. Son règne était émaillé de soubresauts, sur fond de tiraillements et de clivages politiques aigus. La crise égyptienne, avec la destitution de Mohamed Morsi le 03 juillet 2013, a déteint sur la situation locale. Le Front de salut national est né, et a appelé au départ du gouvernement, accusé d'échec.
 
Le jeudi 25 juillet 2013, jour anniversaire de la fête de la République, la terreur a frappé de nouveau, avec l’assassinat de Mohamed Brahmi, suivi, quatre jours après, par l’embuscade meurtrière ayant fait, le 29 juillet, huit martyrs parmi nos vaillants soldats à Chaâmbi. La Tunisie a été alors confrontée à la crise politique la plus aigue depuis le début de sa transition démocratique, la société s’est empêtrée dans la division, ce qui faisait craindre le spectre d’une guerre civile.

Le Front de Salut a annoncé le 13 août 2013 le démarrage de la campagne dégages pour la destitution des gouverneurs, délégués et des premiers responsables des établissements publics, nommés, selon ses dires, "sur la base de l’allégeance partisane". Le Front a appelé à la formation d’un gouvernement de salut national et à la dissolution de l’Assemblée nationale constituante et des autorités qui en sont issues, gouvernement et présidence.

Au faîte de la tension, les partis politiques ont fini par consentir à s’asseoir autour de la même table par la médiation du quartette parrain du dialogue national, un processus qui a abouti six mois après, non sans accrocs, à l’adoption d’une nouvelle constitution, celle du 26 janvier 2014, et à l’avènement d’un nouveau gouvernement de compétences, ayant pris officiellement ses fonctions le mercredi 29 janvier.

La Tunisie revient de loin, et les pas positifs qu’elle a réalisés cette dernière période, immunisent plus ou moins sa transition, et la mettent hors de la zone de danger. Mais, la situation est encore fragile, avec un risque terroriste plus que jamais présent, et dont on ne connait pas encore les dessous et les véritables parties qui se tiennent derrière. On parle de réseaux internationaux, de complicités intérieures, de groupes fanatiques voulant changer le mode sociétal du pays, mais ce ne sont que de simples conjectures.

En témoigne l’opération sécuritaire de Roued intervenue, hasard du calendrier pour certains, coup planifié pour d’autres, une année après le premier assassinat politique post-révolution, à l’issue de laquelle sept terroristes dont Kamel Gadhgadhi, meurtrier présumé de Chokri Belaïd, ont été abattus. Des affrontements qui ont fait un décès parmi les forces spéciales de la garde nationale, le martyr Atef Jabri. C’est dire que nos braves forces sécuritaires, et nos vaillants soldats continuent à se sacrifier pour l’inviolabilité et l’invulnérabilité de la patrie.

Gadhgadhi a été tué une année après qu’il ait dirigé son pistolet contre Belaïd pour l’assassiner. La vérité sera-t-elle enterrée avec lui ? C’est la question que tout le monde se pose. La famille et les compagnons du martyr Belaïd, et l’ensemble des Tunisiens ne sauront être apaisés jusqu’à connaître toute la vérité sur les commanditaires des assassinats politiques en Tunisie, et sur les têtes pensantes du terrorisme. Le saura-t-on un jour ?
H.J.


 

Commentaires 

 
#3 Deja avant l assassinat
Ecrit par Khammous     11-02-2014 22:41
Ali laarayedh a eu une altercation tres difficile avec CB sur un truc en rapposrt avec deux tribus rivales dont celle de laarayedh CB se proposait de porter plainte contre AL Et depuis les choses se sont pourries
 
 
+1 #2 2 questions
Ecrit par Royaliste     07-02-2014 12:34
2 questions:

- pourquoi le ministre chargé de la sécurité (Ali Laraydh) a eu une
promotion aprés l'assasinat de Belaid?

- pourquoi Ali Laraydh a protégé les terroristes qui s'entrainaient a Chaambi? (ce sont des jeunes qui font du sport a t il martelé)

2 questions qui peuvent nous éclairer sur qui a tué Belaid, mais Gnet ne peut y répondre.
 
 
+2 #1 Ca s'oublie pas.
Ecrit par Tunisien     06-02-2014 20:16
Il est et restera toujours dans la memoire de Tunisiens. ALLAH ERHAMOU.
 
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