Arun Kapil ,"les Etats-Unis ne largueront jamais Israël "

Publié le Jeudi 04 Juin 2009 à 12:34
Arun Kapil, Pr de sciences politiques américain. "Les Etats-Unis ne largueront jamais Israël. Des relations stratégiques et affectives fortes lient les deux pays", souligne Arun Kapil, professeur de sciences politiques, lors d’une visioconférence en direct de Paris, organisée hier à l’ambassade des Etats-Unis à Tunis.

Le conférencier qui évoquait les 134 jours de Barack Obama à la Maison Blanche est resté évasif sur le contenu attendu du discours d’Obama, aujourd'hui à l'université du Caire, au monde musulman. Il a préféré revenir sur le discours qu'il a prononcé devant le parlement turc qu’il a qualifié de "remarquable où le Président américain a abordé tous les dossiers sensibles : droit des minorités, laïcité, islam, islamisme etc". Arun Kapil a toutefois rappelé les constantes de la politique étrangère américaine et qui montrent, si besoin est, que le réchauffement annoncé des relations entre Washington et le monde musulman, ne se fera point au détriment de l’allié stratégique Israël. Il ne faut pas trop se leurrer donc. Même si les relations entre Benyamin Netanyahu et Barack Obama sont traversées par des tensions, cela ne semble relever que d’une incompatibilité d’humeur passagère.

Le conférencier a parlé de bras de fer entre Netanyahu et Obama. "Ce dernier affiche une position ferme face à la politique israélienne des implantations en Cisjordanie. Il exige qu’Israël gèle la colonisation, chose que le chef du gouvernement israélien refuse en bloc. Les Israéliens sont interloqués, voire choqués par l’attitude d’Obama envers cette question. Mais, le président américain demeure persuadé que les relations étroites et l’amitié entre les EU et Israël, ne doivent pas conduire à la passivité face à la politique israélienne qui empêche un règlement avec les Palestiniens".

Pour Arun Kapil, Barack Obama dispose d’une grande marge de manœuvre, d’autant qu’il a toute la communauté juive derrière lui. Et le lobby juif ? Ce professeur de sciences politiques américain établi à Paris, préfère parler de lobby israélien, incarné par l’AIPAC, et pense que son pouvoir supposé est exagéré, rappelant que 80 % des juifs américains ont voté pour Obama. "La rumeur selon la quelle Barack Hussein Obama était un musulman caché, du fait de son amitié avec Rachid Khaldi, un professeur d’histoire palestinien que l’on disait proche de l’OLP, n’était pas prise au sérieux par la communauté juive".

"Les juifs américains sont convaincus aujourd’hui que la politique de colonisation est dangereuse pour Israël, qu’elle va empêcher la création d’un Etat palestinien et pérenniser le conflit. La Guerre de Gaza a choqué tout le monde aux Etats-Unis et des voix dénonçant Israël se sont fait entendre. Les Etats-Unis sont une puissance de 300 millions d’habitants, et Israël est un pays de 7 millions d’habitants, le rapport de forces est donc clair", a-t-il fait observer.

Mais, jusqu’où peut aller Obama dans ses pressions sur Israël ? Concrètement, et au-delà des beaux discours et des bonnes intentions, comment peut-il s’y prendre ? A en croire Arun Kapil, son opposition à Israël n’est que verbale… "Il ne faut même pas oser imaginer que l’administration Obama songe à laisser tomber, ou à faire pression sur son allié impénitent, "les relations stratégiques et affectives entre les deux pays sont tellement fortes", pour qu’elles soient entamées par un banal malentendu plutôt médiatique entre Washington et Tel-Aviv.

Les attentes et les espoirs suscités par l’élection de Barack Obama dans le monde arabo-musulman méritent, de ce fait, d’être pondérés, même si Arun Kapil parle d’un vrai changement à Washington, notamment au niveau de la politique intérieure où l’opposition républicaine, et tout ce clan des néo-conservateurs pro-Bush sont totalement laminés. Bien que cela n’ait été jamais le cas aux Etats-Unis même à l’ère Clinton en 93/94 où l’opposition républicaine demeurait forte. Avec Obama, la droite évangélique chrétienne, et les néocons qui sont dans son sillage, demeurent inaudibles et n’ont plus aucune audience.

Barack Obama, "un socio-démocrate qui veut s’inspirer du modèle européen, demeure très populaire aux Etats-Unis". Après 134 jours de son entrée à la Maison Blanche, il est crédité de plus de 60 % d’opinions favorables, et là aussi, il bât des records. Qu’en est-il de sa popularité dans le monde musulman ? Le discours du Caire en sera certes un baromètre déterminant…
H.J.
 

Commentaires 

 
#3 incapables
Ecrit par mks     05-06-2009 20:12
on n'est meme pas capable de nous mettre d'accord sur le debut de Ramadan?
 
 
#2 L\'Europe non plus!!
Ecrit par Spinosa     05-06-2009 12:51
Il est grand temps de tirer les leçons de l’histoire. Les pays Arabes comme la Jordanie, L’A. Saoudite et autres Egypte entretiennent toujours des alliances Anglo-américaines, fratricides pour leurs frères et voisins. Exactement comme au temps de Lawrence d’Arabie!!

La Palestine restera toujours la victime du conflit israélo-arabe que les grandes puissances ne veulent pas et ne voudront pas résoudre. L’enjeu est très grand et date de 100 ans !
 
 
#1 L\'homme miracle?.....
Ecrit par Dus     04-06-2009 18:25
Les Arabes ont toujours cru que la clé de leur cause se trouve entre les mains de la Maison Blanche. C'est un moyen facile de justifier leur impuissance face à Israël. En réalité, les divisions entre les Arabes et entre les Palestiniens eux mêmes font qu'aucun président américain ( serait-il Abraham Lincoln ) ne pouvait aller au delà de la prescription de calmants... Il serait naïf de croire que Barak Obama peut mieux faire pour les Arabes que ce que eux mêmes sont capables de faire pour leur propre bien .
 
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