Appel à l’unité après l’élection de Macron : La Tunisie en a aussi besoin !

Publié le Lundi 08 Mai 2017 à 17:47
Emmanuel MacronAussitôt la victoire d’Emmanuel Macron à l’élection présidentielle française annoncée dans la soirée de dimanche 07 Mai, que les appels à l’unité, à la réconciliation, et à la recherche des communs au sein du paysage politique ont fusé de partout, dans une société minée par les divisions et les fractures, et ayant un besoin urgent de modernisation et de réforme. 

Ce plaidoyer pour le consensus a été lancé entre autres par Dominique De Villepin, Ségolène Royal, François Bayrou et autres personnalités de droite, comme de gauche ayant prévenu contre les divisions et les affrontements, dans un pays qui n’en pouvait plus. L’unité semble d’autant plus nécessaire que la présidentielle française a balayé, par l’accession à l’Elysée d’un jeune de 39 ans, anonyme il y a trois ans, et dont le parti En Marche n’existe que depuis une année, la droite et la gauche dont les candidats ont été éliminés dès le premier tour du 23 avril dernier.

L’élection de cet ancien banquier met les partis traditionnels au bord de l’implosion et sonne le glas du clivage Droite/ Gauche qui a longtemps caractérisé la scène politique dans l’Hexagone, en donnant lieu à une alternance au pouvoir de ces deux principales familles politiques, d’une échéance électorale à une autre.

La jeunesse de Macron, son dynamisme, le renouveau qu’il incarne et ses promesses de rajeunir une classe politique, vieille de par ses acteurs et ses méthodes, en associant la société civile à la gestion des affaires, à travers la désignation d’hommes et de femmes qui en sont issus à des postes ministériels, ont séduit et lui ont faire rallier de larges strates de la société.

Même si sa large victoire (66 %) s’explique par le fait qu’il ait été confronté à Marine le Pen, la candidate du Front national, un parti largement rejeté en France, et même s’il ne fait pas l’unanimité, du fait de son allégeance présumée à l’univers des finances et des riches, en témoigne le fort taux d’abstention, le jeune président élu suscite des espoirs dans tous les milieux, y compris parmi ses adversaires politiques, pour avoir réussi, là où des figures plus expérimentées et plus rompues aux arcanes de la politique, ont échoué. 

Avec le résultat de la présidentielle de 2017, la scène politique française a vacillé, ses codes et repères ont été chamboulés, tout autant que les usages de cette démocratie ancienne. Cette élection est une révolution dans les urnes, que personne n’est à ce stade en mesure d'en présager des suites et des évolutions. Macron a réussi à être président, c’est un premier pas qu’il a franchi, mais va-t-il parvenir à diriger la France, à l’apaiser et à réconcilier les Français, comme il n’a eu de cesse d’en exprimer le vœu.

Quoi qu’il en soit, le consensus, et le fait de dépasser les clivages idéologiques et  les appartenances politiques constituent aujourd’hui la seule voie pour gouverner, réformer, et régler les problèmes, chômage, précarité, pauvreté, générés par la mondialisation.

La globalisation économique qui s’est imposée aux quatre coins de la planète, n’épargnant même pas les pays dits socialistes, communistes, protectionnistes…, a les mêmes effets pervers, et produit les mêmes problématiques, dont le règlement ne pourrait procéder, sous peine d’échec,  d’une démarche idéologique, mais d’une vision programmatique avec une capacité de ceux qui sont aux commandes de mener des réformes porteuses de justice, et d’égalité, modernisatrices de la société et de l’économie, et permettant l’insertion des marginalisés et autres laissés-pour-compte dans la vie socio-économique.

L’union est la voie pour la construction ; la désunion ne peut favoriser que la destruction. La Tunisie en a fait l’expérience, elle n’en finit pas depuis la révolution, avec les divisions, les querelles et les chamailleries, ce qui la bloque, l’empêche d’avancer, de se réformer et de se redresser. Quant à la réconciliation que l’on cherche à imposer, à travers une loi portant le même nom, elle est perçue et interprétée comme une manière de consacrer l’impunité et de dédouaner des individus au détriment de l’Etat. Une réconciliation qui est source de discorde et qui ne fait que creuser des fissures, déjà profondes dans une société, qui là aussi, en a assez.
H.J.