Aménagement du territoire, soucis financiers et centralisation chronique

Publié le Mardi 07 Juin 2011 à 17:05
La première phase de l’étude d’évaluation de la politique d’aménagement du territoire en Tunisie a fait l’objet d’un atelier de concertation ce mardi à Gmmarth. Cette étude commandée par le ministère du Transport et de l’Equipement, financée et co-réalisée par l’Agence Française de Développement (AFD), est effectuée par un bureau d’étude tunisien et un bureau français. Hier matin, les premiers constats du travail ont été divulgués.

En prélude, Rached Ben Romdhane, chargé de mission et coordinateur auprès du ministre, a transmis le message de ce dernier à l’adresse des différentes parties concernées par l’étude. Il a évoqué le problème du déséquilibre entre le littoral et les zones intérieures du pays, la concentration de la majorité de la population dans les régions littorales, avec 67% de la population tunisienne concentrée sur 1/3 de la superficie totale de la Tunisie. L’agglomération du grand Tunis, compte à elle seule 24% de la population totale du pays. 87% de l’activité industrielle et 90% de l’activité touristique, sont tout aussi concentrées sur les villes côtières.  Dans son allocution, Rached Ben Romdhane a mentionné l’importance des choix futurs en matière d’aménagement du territoire, et l’importance des orientations dans l’utilisation de l’espace et de sa cohérence.

Roger Goudiard, directeur de l’AFD Tunis, a expliqué que l’exercice est difficile, parce qu’il prend en compte plusieurs aspects notamment économique, politique et spatial. Morched Chebbi urbaniste tunisien, a déploré la faible articulation entre la planification économique et spatiale, la faiblesse de la coordination entre les différents acteurs de l’aménagement du territoire, mais aussi la faiblesse des moyens de la Direction Générale de l’Aménagement du Territoire. Un expert français, a quant à lui exposé les expériences d’autres pays, comme l’Allemagne, la France, l’Algérie et le Maroc, en matière d’aménagement du territoire. Il en ressort que la centralisation des décisions représente un défaut de taille en Tunisie, et qu’un aménagement réussi devrait suivre le modèle de décentralisation, que chaque région décide de son schéma territorial, tout en étant conforme aux plans nationaux.

La première phase de l’étude, fait le constat d’une migration intérieure importante des régions du Nord-Ouest et du Centre-Ouest vers les régions Nord-Est et  Centre-Est de la Tunisie, d’une extension urbaine importante sur le compte des terres agricoles autour des grandes villes qui se transforment en quartiers populaires sous-équipés, et d’une surexploitation des ressources naturelles, en premier lieu, celle des eaux. Il en ressort également qu’il y a un déficit en matière de réserves foncières, à cause des moyens financiers très limités.

La décentralisation, bien que très recommandée pour l’aménagement du territoire, elle reste très difficile à réaliser, essentiellement à cause des faibles capacités des collectivités locales en matière de ressources humaines et financières.

Une urbaniste tunisienne faisant partie de l’assistance a lancé un appel aux autorités concernées pour que cette étude donne suite à des changements, et qu’elle ne soit pas un énième travail, remis aux oubliettes. Ce à quoi un expert de l’AFD a répondu que les résultats de ce travail seront remis aux autorités tunisiennes qui seront élues, pour qu’elles décident de leur avenir. Un autre invité a, quant à lui, exprimé son souhait de voir un Etat qui représente toutes les strates du pays, dans une vraie démocratie pour que la population exprime ses désirs, et pour que les déséquilibres entre les régions soient atténués.
Chiraz Kefi