Tunisie : Si Monsieur Béji Caid Essebsi pouvait me lire

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Publié le Jeudi 29 Décembre 2011 à 11:27
Béji Caïd Essebsi. Si le Premier ministre sortant pouvait me lire je lui adresserais ces quelques lignes où je me permets de mêler les éloges à quelques respectueux reproches. Si El Béji comme il nous plaît désormais de l’appeler a pleinement réussi sa mission. Malgré les difficultés, malgré la mauvaise volonté de quelques uns, il aura réussi, avec son équipe gouvernementale, à mener le pays à bon port. D’aucuns estiment qu’il aurait dû être le candidat consensuel, naturel au poste de chef de l’Etat, mais cela ne s’est pas fait. Si El Béji ne sera pas chef de l’Etat et ça n’enlève rien, absolument rien à son mérite ni à sa stature d’homme d’Etat. M. Caïd Essebsi n’a pas besoin de défendre sa gestion, l’histoire jugera et son jugement sera, à mon avis, particulièrement favorable. C’est d’ailleurs le sentiment général qui s’est dégagé lors de la cérémonie de passation des pouvoirs le lundi 26 décembre 2011 au palais du gouvernement à la Qasbah. Pourtant, je me permettrai de formuler deux principaux reproches au Premier ministre sortant, sur la forme et sur le fond.

Le premier est relatif à la forme de son discours improvisé lors de la cérémonie de passation des pouvoirs. Un discours traînant en longueur avec un retour superflu sur son éphémère candidature à la présidence, des boutades un peu lourdes comme celle qui a consisté à rappeler l’appartenance de Hamadi Jebali à Ennahdha mais aussi et surtout celle où il a évoqué le proverbe du « chien qui ne reconnaît pas son ascendance », des propos dans lesquels certains ont vu une allusion, une vexation à peine voilée destinée à Rafik Abdesselem, qui a changé de nom de famille depuis quelques années. Certes, si El Béji, à qui nous pouvons presque tout pardonner et de la part de qui nous pouvons presque tout accepter, a été égal à lui-même mais il est probablement passé à côté du caractère historique, solennel d’une cérémonie exceptionnelle, un évènement sans pareil dans les pays arabes. Si j’avais été son conseiller en communication, je lui aurais suggéré un discours plus court et beaucoup plus solennel.

Le second reproche que je ferai en toute déférence est relatif aux informations qui circulent à propos de la volonté de M. Caïd Essebsi de créer un nouveau parti politique. Pour ma part, je n’aimerais pas et je ne comprendrais pas que l’ancien premier ministre s’inscrive dans la logique de la multiplication des partis, une logique qu’il a lui-même critiquée et raillée il y a quelques mois. Je n’aimerais pas et je ne comprendrais pas qu’un homme comme lui s’embarque dans une aventure dispendieuse et risquée consistant à créer une nouvelle structure ex nihilo. Bien entendu, si la démarche de M. Caïd Essebsi n’est pas celle de création d’une nouvelle pseudo-structure mais plutôt celle d’unification des nombreux partis de centre-droit afin d’en faire un front politique capable de rivaliser avec Ennahdha et de constituer une alternative crédible de gouvernement, alors je cautionnerais sa démarche. Travailler pour faire renaître un centre-droit fort et agissant est un projet séduisant, avec cependant une condition : que si El Bèji soit un catalyseur, un inspirateur du projet et non un dirigeant. En effet, si El Béji doit savoir prendre sa retraite. Je fais partie de ceux qui souhaitaient qu'il rempile pour 12 à 18 mois en tant que chef de l'Etat et qu'il apporte au pays toute sa classe et sa sagesse. Le CPR en a voulu autrement. Tant pis, il va falloir qu'il parte avec les honneurs. Les financiers disent souvent qu'il faut vendre au plus haut. Si El Béji est actuellement au plus haut, il faut qu'il tire sa révérence.

Sami Boussoffara

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Commentaires 

 
+1 #11 sagesse et prise de conscience
Ecrit par mejrihassen     02-03-2012 13:32
il n'est jamais trop tard pour répondre .cette révolte c'est celle des pauvres;des opprimés;des sans abris,de ceux que ni bourguiba et ces ministres dont l' d'eux et Mrs BEJI CAID ESSEBSI ni aussi ben ali et sa horde affamée ont tenu compte de leurs problèmes économiques et socieaux et ce depuis l' indépendance Alors aujour'hui le peuple a pris les renes de son destin en main .soyez humbles et respctez son choix démocratique .laissez les jeunes construire leur TUNISIE moderne et pospère et vous pouvez les guidés sans enchères politiques ni courses au pouvoir.
 
 
+1 #10 BCE
Ecrit par riadh     03-01-2012 17:38
Hate de pouvoir vote rpour BCE aux prochaines élection
ennahdha c est fini, ils sont de mauvaises fois, menteurs, manipulateurs, pas une deuxieme foi non!
ouallah ben ali il avait mis 2 ans avant de commencer sa critique des journalistes, "des traitres étrangers", ou nomer sa famille..Nahdha en 2 semaine seleument!
en meme temps si je calcule bien, ca veut dire qu on virera nahdha au Qatar dans 10 mois et 18 jours :)

ps a nahdha: eh les gars vous avez intéret a vite censurer internet et la presse, parceque les 9.5 millions de tunisiens qui n ont pas voté pour vous ne se laisseront pas prendre pour des cons non plus !
 
 
-2 #9 RE: Tunisie : Si Monsieur Béji Caid Essebsi pouvait me lire
Ecrit par hammadi     02-01-2012 11:06
il a un gros inconvénient, il n'est pas azreg et il ne pue pas essnan, dixit toufik benbrika
 
 
-7 #8 CONTRE-REVOLUTION
Ecrit par BABA LAHNINE     31-12-2011 07:25
Le discours de BCE est tout simplement le discours d'un chargé de mission (contrer la révolution) qui a échoué.
Rien qu'à voir son visage blème on reconnait le degré de sa déception.
Il a été dégagé ainsi que sa clique de destouriens par des élections démocratiques.
 
 
+2 #7 Merci Si El Béji
Ecrit par le citoyen vigilant     31-12-2011 07:08
Merci! Merci! Un grand merci Si El Béji même si votre parcours de premier ministre n’a pas été exempt d’erreurs! Qui n’en aurait pas commis dans une transition aussi délicate ? Les Tunisiens ne vous remercieront jamais assez pour le travail colossal accompli. Vous êtes un Bourguiba démocrate. Vous avez posé les jalons de la démocratie dans ce pays. Mais le travail n’est pas pour autant achevé. C’est pour cette raison qu’il ne faut pas vous remercier dans le sens de congédier ou suggérer la retraite. Vous ne faites d’ailleurs pas partie de ceux qui demandent grâce ! Vous pouvez encore être utile à ce pays qui a besoin d’un chef de parti charismatique capable de rassembler tous les Tunisiens fiers de l’héritage légué par les réformateurs: Habib Bourguiba, Kheireddine, Ibnou abi dhiaf, Tahar Haddad, ce legs aujourd’hui menacé par ceux qui mènent la bataille du niqàb. Les Tunisiens qui n’oublient pas que leur pays a aboli l’esclavage bien avant la France, qu’il promulgué la première constitution dans le monde arabo-africain et même musulman, le seul code du statut personnel moderne dans le monde arabo-musulman, qu’il y a fondé la première formation politique et le premier syndicat ouvrier se reconnaissent aussi en vous. Vous êtes un Bourguiba qui n’a pas oublié que le projet moderniste tel que conçu par Kheireddine voulait doter la Tunisie d’institutions réellement démocratiques.
 
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