Tunisie : Modèle de développement, questions préliminaires |
Publié le Lundi 18 Mai 2015 à 11:47 |
Depuis la fuite sans gloire du président Ben Ali, les observateurs sont quasi-unanimes pour souligner l'essoufflement du modèle de développement économique, un modèle libéral extraverti mis en place au début des années 1970 sous le gouvernement Nouira. Tout le monde parle donc de nouveau modèle de développement mais personne n'en précise les composantes. Il n'est pas inutile de rappeler qu'un modèle de développement est une construction intellectuelle basée sur un certain nombre de choix intégrés. Un modèle se présente comme un ensemble d'axes stratégiques concrétisés par des variables d'entrée, c'est à dire des leviers sur lesquels on agit pour espérer des résultats, des variables de sortie en termes de croissance, d'emploi et de progrès technique. Concevoir un modèle de développement présuppose de faire des choix structurants et engageants sur cinq axes majeurs. Pour simplifier, ces choix peuvent être illustrés par les questionnements essentiels suivants : 1- Quel poids et quels rôles donner à l'Etat, aux pouvoirs publics ? Faut-il que ce rôle soit central, prépondérant ou minimal ? Ce choix majeur détermine une série de choix mineurs liés à la fiscalité, aux structures de la sécurité sociale et aux services publics. 2- Quels choix, des choix contraints, des facteurs de production ? Le capital est-il abondant ou rare ? Est-ce le travail qui abonde davantage ? Est-ce un facteur travail qualifié ou non qualifié ? Quid de la technologie et du savoir ? Il s'agit là d'une stratégie conditionnée par la structure, c'est à dire des choix définis par les dotations du pays dans chacune des ressources. 3- Quels positionnements sectoriels privilégier ? Cela renvoie essentiellement aux secteurs d'activité dans lesquels le pays et ses entreprises disposent d'avantages comparatifs. 4- Quel type de relations et quelle ampleur des échanges peut-on envisager avec le monde extérieur. Economie ouverte ou protégée ou un mix des deux ? Et si l'on décide d'intégrer le jeu de l'économie mondialisée, par quel porte y entrer ? Cela n'est pas sans lien avec les deux questions précédentes : sous-traitance internationale, une sous-traitance de capacité, ou spécialisation et occupation de niches de haute valeur ajoutée ? Et puis quels marchés ? Faut-il maintenir les partenariats traditionnels (CE) ou chercher à diversifier et à asseoir un commerce international multipolaire ? 5- Quels choix faire dans les principaux secteurs traditionnellement "non-marchands" ou non-concurrentiels mais qui constituent le support essentiel de l'activité économique. Il s'agit de la fameuse trilogie : 5-1-l'éducation, la formation et la recherche, 5-2- le transport et 5-3- la santé. C'est en donnant des réponses cohérentes et intégrées à l'ensemble de ces questions qu'on peut jeter les bases d'un nouveau modèle de développement. Sami Boussoffara
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Commentaires
Ecrit par Tariq 10-08-2015 20:04
Ecrit par Zen 11-06-2015 08:38
Svp ayez la sagesse de mentionner vos noms...qui est HJ ??
NDLR
Merci pour votre intérêt, HJ est une journaliste qui signe par ses initiales. C'est courant en journalisme de signer par les initiales, ou un pseudonyme.
Ecrit par Zen 10-06-2015 14:04
Ecrit par Léon 30-05-2015 10:51
Léon: Vous êtes peut-être l'un des rares tunisiens qui croit encore naïvement à ce que lui ont chanté les médias, à savoir la thèse de la fuite de Ben Ali. Cela me laisse dubitatif quand à vos argumentations pour le reste de votre post que je vais quand même lire avec cet à priori.
Sur ce, le mot "sans gloire" est juste, mais, concernant le peuple tunisien. Lorsque l'on embarque sous la menace ou sous la ruse le président d'un pays, en se faisant applaudir par le peuple de traîtres, il va de soi, que c'est sans gloire pour ce peuple (qui joue à l'autruche).
BS: "l'essoufflement du modèle de développement économique, un modèle libéral extraverti mis en place au début des années 1970 sous le gouvernement Nouira".
Léon: Je ne suis pas d'accord. Nouira n'a fait que poser les fondations de l'édifice d'un d'un modèle économique tunisien qui s'est longtemps cherché (après les collectivités), "libéral", et sous lequel l'état demeurait quand même très fort. Un modèle qui a tellement réussi qu'il faisait de la croissance à deux chiffres, malgré le peu de moyens et de ressources.
Celui de Ben Ali-Med Ghannouchi s'en est certainement inspiré, mais lui était très différent (il suffit de se rappeler la catastrophe économique sous Mzali pour comprendre que le modèle Nouira était rentré dans l'histoire). Il s'est mis à jour par une "mise à jour" loin d'être automatique, avec l'adjonction de ce j'appelle l'économie du "bon sens populaire" et que certains ignares ramenant leurs sciences respectives des amphi parisiens appellent l'économie parallèle. Entre ces derniers et les colonisés mentaux, il n'y a que le diplôme qui fait la différence. À tous deux, le roumi dit comment faire. Bref, j'ai de quoi en écrire une thèse mais çà ne sert à rien.
Concernant vos questions, j'ai des choses à dire mais je suis globalement agréablement surpris. Ce sont les questions qui s'imposent et que doit se poser tout politicien prétendant l'être.
Ben Ali en était là. Un pays qui commençait à se frayer une place parmi les grands.
Avant que son peuple ne trahisse collectivement, par haine, jalousie, prétention et régionalisme; remettant de par ce fait les compteurs à zéro.
Il s'agit aujourd'hui, mon cher SB, de trouver un bon modèle de sous-développement et non pas un bon modèle de développement. Il s'agit de voir comme on gère un peuple appelant sans cesse au sous-développement et à la mendicité internationale, faisant de cette dernière quasiment une doctrine économique.
Leurs parents mendiaient le roumi. Aujourd'hui diplômés, leur "économistes" mendient encore les roumis. Vois-tu une autre alternative que le bâton (d'un bon berger)?
Léon.
VERSET 112 de la SOURATE des ABEILLES.