Ceux qui touchent aux acquis de la femme ne sont pas d’Ennahdha

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Publié le Lundi 05 Décembre 2011 à 11:20
Depuis décembre 2010, les Tunisiens se sont révoltés, une révolution qui était marquée entre autres par la participation de la femme tunisienne soit sur le terrain en manifestant, soit en encourageant ses enfants, frères, neveux et proches à sortir affronter la tyrannie de l’ancien régime. Une révolution soldée par la destruction de la dictature d’un régime politique instauré en Tunisie depuis l’indépendance.

Après le 14 janvier, la majorité des Tunisiens, des politiques, des indépendants et des associations préparaient les élections tant espérées libres, transparentes et démocratiques, mais certains messieurs étaient occupés par une autre chose tout à fait différente : la modification des statuts des fédérations sportives tunisiennes.

Avec la réussite de l’opération électorale le 23 octobre 2011 et la montée du parti islamiste Ennahdha au pouvoir, certaines femmes et associations ont manifesté leur peur d’une éventuelle politique de ce parti qui touchera peut être aux acquis de la femme tunisienne et freinera l’amélioration de sa situation en Tunisie.

Le peuple tunisien assiste alors à un grand débat sur le sujet des droits de la femme ; entre Ennahdha qui rassure et les démocrates modernistes qui s’affolent, le sujet reste fort présent dans l’actualité tunisienne.

Pendant ce temps, certains messieurs se sont occupés de notre sport. Et le ministère des sports propose un premier projet des statuts des fédérations sportives qui prévoit notamment d’encourager la femme, en augmentant le nombre minimum exigé de femmes dans les bureaux fédéraux constitués de 12 membres, de deux femmes selon les statuts en vigueur à trois femmes (article 36 du projet : il faut un minimum d’une femme dans un bureau de 6 membres et de 2 femmes dans un bureau de 9 membres et de 3 femmes dans un bureau de 12 membres ).
Mais taxé de manque d’innovation et du non-respect des impératifs de la révolution, ce projet a été sévèrement critiqué par les fédérations dans la mesure où il consacre encore et fortement dans certaines de ses dispositions, l’ingérence de l’Etat dans les affaires internes de la fédération qui ne doit plus être considéré comme un établissement public, mais comme une association indépendante.

Sauf que ces critiques visent également le nombre minimum exigé de femmes, et les fédérations demandent alors de limiter la participation de la femme dans leurs bureaux fédéraux à une seule et unique femme quel que soit le nombre des membres candidats.
En effet, les fédérations justifient la nécessité de limiter la participation de la femme et de la réduire à une seule représentante, par la difficulté de trouver des candidates remplissant les conditions dans ce domaine « réservé aux hommes », chose qui peut bloquer la candidature des listes d’une part, et par l’exigence du principe de l’égalité entre les sexes qui ne veut aucune discrimination car, c’est à la femme de s’imposer par elle-même comme ils disent.

Suite à ces critiques très médiatisées et sous la pression, le ministère propose un autre projet dans le quel on réduit la représentation de la femme dans les fédérations à une seule femme quelque soit le nombre des membres candidats.

Le dernier projet préparé par « les experts dit-on » des fédérations et présenté au ministère le 31 octobre, maintient ce minimum d’une seule femme.
Sauf que tous ces derniers projets soit du ministère soit des fédérations, touchent expressément aux acquis de la femme tunisienne car selon les statuts en vigueur le minimum requis obligatoire dans les bureaux fédéraux est de deux femmes.

Alors de quel droit ces messieurs réunis en l’absence des femmes (une participation limitée à une seule femme dans la commission chargée du projet) décideront-ils du sort, des droits et de la participation de la femme dans le domaine sportif ? Ces messieurs déjà bien installés sur leurs fauteuils soudain révolutionnaires, semblent-ils croire que la révolution est une occasion pour toucher aux acquis de la femme dans n’importe quel domaine ? Pensent-ils pouvoir imposer sous silence leur mentalité encore patriarcale en sortant des alibis qui trahissent leur vouloir d’exclure encore et encore la femme ?

Pourquoi soutiennent-ils qu’il n’y a pas assez de femmes remplissant les conditions de la candidature alors qu’aux élections des fédérations de 2009 la femme était plus que présente dans les listes candidates même en nombre de 4 femmes dans certaines. Et pourquoi insistent-ils à réduire le nombre de femmes alors qu’ils pouvaient proposer l’élimination par exemple de la condition d’ancienneté pour la femme et lui permettant ainsi d’accéder plus facilement aux fédérations, d’être honorablement représentée et d’acquérir au même temps une expérience de responsable sportive.

Pourquoi se rappellent-ils soudain du principe de l’égalité des sexes ? Connaissent-ils vraiment l’histoire des peuples et leur militantisme en matière d’égalité et de non-discrimination à l’égard de la femme ? Sont-ils au courant du dernier rapport en 2010 de Freedom House « Women’s rights in the Middle East and North Africa 2010 » et surtout de sa partie consacrée à la Tunisie ? Savent-ils que la « discrimination positive » au profit de la femme est l’une des techniques utilisées même dans les pays développés pour rétablir l’équilibre entre les sexes ?

Alors non, non messieurs, la femme tunisienne ne vous permet pas de toucher à ses acquis, et si vous êtes encore bloqués par rapport à l’amélioration de sa situation, ça sera alors deux femmes dans vos bureaux messieurs, pas une en moins comme la loi l’exige.

Enfin je me demande qu’elle sera messieurs votre réaction si toutes les mères décideront d’empêcher leurs filles de pratiquer le sport, et si toutes les sportives décideront d’arrêter le sport pour manque de représentation féminine dans vos bureaux ? Sachant que les femmes sportives détiennent encore le record des résultats en Tunisie.

Alors pourquoi avoir peur seulement d’une éventuelle politique d’Ennahdha touchant aux acquis de la femme du moment où d’autres messieurs ont déjà touché sans souci à ces acquis ?

Hejer Wanna Hentati

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Commentaires 

 
#4 GUIDE DE DECHIFFRAGE DU DISCOURS CODE DE NAHDHA
Ecrit par Khammous     08-12-2011 23:43
Exemple pratique : SOUAD propose que le CSP soit érigé de loi ordinaire à une loi organique . Super Les femmes se sont rendormies rassurées même BOURGUIBA ne l'avait pas fait. Nahdha fait donc mieux que lui sur le chapitre de la femme.ZABA aussi voulait faire mieux que lui et l'on se dit qu'après tout c'est une émulation positive . Sauf que le lendemain pendant la discussion de l'assemblée sur la nécessité de voter les lois organiques( toutes bien sûr y compris celle de SOUAD ) aux 2/3 comme partout dans le monde DILOU s'y oppose prétextant du fait que la constitution étant votée aux 2/3 les lois organiques ne peuvent pas avoir le même rang hiérarchique Elles devront donc être votées à 50% .
Et le CSP de Souad revient identique à celui de Bourguiba.
Donc triple message ( 3 en 1 )
1 / La promo du CSP par Nahdha
2/ Main mise sur les lois organiques
3/ Adoption de la constitution par les deux tiers et en aucun cas par référendum
 
 
+1 #3 Ennahdah les soutient imolicitement
Ecrit par coco     05-12-2011 19:45
Ecoutez les réponses des leaders d'Ennahdha quand on leur pose la question à propos des barbus. Ecoutez bien, aucun n'a répondu clairement aux question posées. Au contraire ils s'amusent à esquiver, Dilou a même répondu évasivement en ricanant. Khiiiiit !
 
 
+1 #2 RE: Ceux qui touchent aux acquis de la femme ne sont pas d’Ennahdha
Ecrit par hammadi     05-12-2011 17:31
c'est pareil, ça s'appelle ennahdha w mochta9atouha
 
 
-1 #1 Peut être,mais.......
Ecrit par al07     05-12-2011 12:57
"ILS" ne sont(peut être)pas d'Ennahdah,mais
ils se sentent renforcés dans leurs convictions rétrogrades depuis le vote et
les femmes vont avoir beaucoup de mal à
conserver leurs acquis et les faire progresser !!
 
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