Sujet : Union Pour la Méditerranée ou Empire Romain ?

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Publié le Jeudi 09 Février 2012 à 11:38
L’union Pour la Méditerranée, (U.P.M), est une idée ancienne dans sa conception idéologique, mais elle est en revanche totalement nouvelle aujourd’hui dans sa future construction institutionnelle. Le président français Nicolas Sarkozy a annoncé à Tanger le 23/10/2007, une volonté claire et affirmée de mettre en place un Espace Méditerranéen structuré pour unifier « les peuples de la Méditerranée » dans le cadre d’une politique commune « Nord Sud » dans plusieurs domaines. Cette initiative a pour objectif de créer un espace de paix et d’échanges économiques et culturels, mais aussi de renforcer le développement de la région et la coopération entre états riverains de la méditerranée. je cite :

« J’invite tous les chefs d’Etats et de gouvernements des pays riverains de la Méditerranée à se réunir en France en juin 2008 pour jeter les bases d’une union politique, économique et culturelle fondée sur le principe d’égalité stricte entre les nations d’une même mer, l’Union de la Méditerranée. J’invite tous les États qui ne sont pas riverains de la Méditerranée mais qui sont concernés par ce qui lui arrive à participer, en observateurs, à ce premier sommet et à contribuer à sa réussite ».


Ce projet proposé par la France, observé sous cette angle général donne l’impression d’être très noble et largement altruiste, dans lequel des intérêts certains bilatéraux naîtront entre les Etats du Nord et du Sud de la Méditerranée. Mais depuis ce discours, il est évident que les détails et stratégies de développement de ce projet restent flous, du moins vis à vis des pays de la rive Sud de la Méditerranée (notamment les pays Arabes). D’ailleurs, il est encore plus étonnant qu’en Europe, terrain de la communication et des Médias, le projet de l’U.P.M ait été peu médiatisé, et n’ait donné lieu à aucun débat politique. Ce silence est surtout notable en France aussi bien de la part de l’UMP que des partis de l’opposition et des syndicats, partenaires de la société civile, qui généralement sont les premiers à critiquer toute proposition émanant du président français. Cette quiétude démontre l’accord et l’adhésion consentie avec le projet du Président Sarkozy.

Par ailleurs, la réunion de travail effectuée à Marseille le 23/06/2008, qui était d’une grande importance, a été peu médiatisée par la presse nationale et complètement noyée par la libération d’Ingrid Betancourt qui a occupé longtemps une grande partie de l’actualité. Cependant, il serait faux d’affirmer que ce projet est totalement confus. Au contraire, plusieurs propositions préparatoires de projet de l’UPM ont été réalisées par des politiques français et notamment par des proches de Nicolas Sarkozy comme monsieur Renaud Muselier ancien secrétaire d’Etat aux Affaires Étrangères et ancien président d’Euro-méditerranée et qui est aujourd’hui vice-président de la Communauté Urbaine de Marseille, député UMP a Marseille, et Président du Conseil culturel de l’'Union pour la Méditerranée .

Celui-ci a été nommé à la tête d’une mission d’information constituée le 31 juillet 2007 et en conclusion des travaux de cette mission d’information, il a rédigé un rapport déposé à l’assemblée nationale le 05/12/2008 sur le thème « Comment construire l’Union méditerranéenne ? ».

Un autre rapport a été rédigé le 25/01/2008 par Michel Vauzelle (rival politique de Renaud Muselier), membre du parti socialiste député et président de la Région Provence Alpes Côte d’Azur dont le siège est à Marseille. Ce dernier rapport comporte de nombreux points communs avec celui de la commission d’information présidé par monsieur Renaud Muselier, et il va, à peu de choses près, dans le sens de la stratégie de globalisation mondiale menée par les différents acteurs politiques européens de tout bord dans laquelle la France sous la présidence de Nicolas Sarkozy joue un rôle majeur.

Après analyse des ces rapports, du détail des mécanismes de l’UPM ainsi que des différentes actualités mondiales il est évident que par la création de l’UPM les européens (ou comme certains experts les appellent « le cercle d’ami » constitué d’un noyau dur politico/financier au sein de l’Europe et de grandes puissances comme l’Angleterre et l’Amérique.) mettent en place une stratégie bien calculée et précise pour la prise de contrôle à court terme des pays du Sud de la Méditerranée, et à long terme du moyen orient et de l’Afrique. Cette prise de contrôle a pour objectif de créer un espace mondial unique, dirigé par ce « cercle d’ami », d’une part pour globaliser mondialement la suprématie européenne, et d’autre part pour contrer deux nouvelles puissances émergentes qui inquiètent de plus en plus les technocrates européens et américains : la Chine et l’Inde. Cette main mise a également pour but d’amoindrir la menace des pays producteurs de pétrole qui accentuent, par la hausse des prix, la dépendance des pays européens en vers les pays arabo-musulmans producteurs. Il est vrai que l’idée que l’Europe (et en particulier la France) veuille prendre le contrôle de la majeure partie de l’hémisphère Sud par la création de l’UPM - qui n’est que la 1er pierre de cette empire, semble totalement utopique.

Toutefois, quelques discours d’intellectuels et de politiques français et européens laissent présager un certain doute quant à la réalité d’une coopération réelle et seine avec les pays arabo-musulmans.

En effet, de nombreuses comparaisons passées inaperçues on été faites par les hommes politiques français proches de Nicolas Sarkozy ou encore des personnalités de gauche : entre la future UPM et l’Empire Romain ou « empire » tout simplement. Il y a eut également des sous-entendus sur les futures implications de l’Europe et de ses pays membres.

Discourt Sarkozy à Tanger le 23/10/2008 :
« L’unité de la Méditerranée est un rêve qui s’est réalisée sous l’empire romain. La Méditerranée était connue alors sous le nom de Mare nostrum, « notre mer ». « Je sais qu’au fond de chaque homme et de chaque femme qui vit sur les rives de la Méditerranée gît le souvenir et le regret d’une unité perdue depuis quinze siècles ».

Renaud Muselier dans son rapport : Député UMP (droite) :
« ... L’Europe est une divinité méditerranéenne, princesse phénicienne devenue reine de Crète, les liens entre l’Europe et la Méditerranée se sont distendus tandis que les inégalités se creusaient entre le Nord et le Sud. » « bâtir ensemble une Union méditerranéenne qui sera un trait d’union entre l’Europe et l’Afrique ».« L’unité de la Méditerranée est un rêve qui s’est réalisé sous l’empire romain. La Méditerranée était connue alors sous le nom de Mare nostrum, « notre mer » ... »


Paul Giacobbi, membre de la mission d’information UPM :
« C’est une évidence qu’il faut rappeler : l’union méditerranéenne a existé de manière institutionnalisée et même fortement centralisée pendant au moins cinq siècles et cela s’appelait l’Empire romain. Cette union-là regroupait l’intégralité du rivage de la Méditerranée. Du Liban à Gibraltar au nord et de Tanger à la Palestine au sud, pas un kilomètre de côte méditerranéenne qui ait échappé à l’imperium romain. Une monnaie unique, le sesterce de César, une organisation politique uniforme comportant une certaine dose de décentralisation, une langue administrative unique, une citoyenneté romaine unique qui n’a été complètement généralisée que vers la fin, une force armée unique, enfin une normalisation remarquable de l’urbanisme, de la voirie, des techniques d’assainissement, sans parler de la religion officielle, le christianisme, à partir de Constantin. Ce qui a été fait pendant cinq siècles, dans des conditions de transports et de communications évidemment plus difficiles ne peut donc apparaître comme impossible et irréaliste aujourd’hui. »


Elisabeth Guigou : Député socialiste (Gauche) et plusieurs fois ministre :
« ... A terme, faire avec le Sud de la Méditerranée une base pour conquérir les marchés mondiaux » « ... C’est dans cet esprit que les responsables socialistes ont travaillé dans la mission Union Méditerranéenne.. » « L’Union Méditerranéenne doit être ouverte à tous les Etats membres de l’Union européenne » « Tous les états membres de l’Union Européenne qui le souhaitent doivent donc pouvoir participer à égalité aux réunions politiques de l’Union méditerranéenne » « S’il faut commencer par la Méditerranée, après tout, nous, Européens, avons aussi une responsabilité particulière avec l’Afrique. Qui s’occupera de l’Afrique si les Européens ne s’en chargent pas ? »« L’Union européenne doit désormais se penser comme un acteur mondial, ce qui n’est pas encore le cas. Si elle agit ainsi, elle raisonnera comme le font les Etats-Unis avec l’ensemble de la zone américaine, la Chine et l’Inde avec l’ensemble asiatique : elle doit se dire responsable pour cette grande zone régionale qui va de l’Europe à la Russie, acteur global avec lequel nous devrons avoir des relations, et l’ensemble de l’Afrique, mais commençons par la Méditerranée, car elle est plus proche. Notre futur se dessine ainsi ».


Jean Roatta, Conseiller à l’UPM à la Mairie de Marseille, député Européen et proche de Nicolas Sakozy :
« Souvenons-nous de la science du commerce développée par les phéniciens, du rayonnement des cités grecques ou du maillage établi par l’empire romain tout autour du bassin méditerranéen »« Ainsi, en développant, au sein de traités internationaux bilatéraux, des politiques globales, concernant des secteurs aussi divers que l’économique, l’écologique, le migratoire, après des négociations transparentes aux yeux des opinions publiques concernées, nul représentant des nations partenaires ne pourra prétendre recourir à l’alibi post-colonialiste souvent invoqué à notre égard car le gouvernement de chaque pays partenaire dans l’exercice plein de sa souveraineté se sera directement et clairement engagé à respecter le contenu de l’accord ».

Le projet en lui-même est intéressant pour tous les pays, aussi bien de la rive sud que de la rive nord de la Méditerranée, mais à condition que les intentions des partenaires soit louables et dépourvus de stratégies cachés. En l’occurrence, à la lecture des différents rapports français, les problèmes qui se posent pour les pays arabo-musulmans sur la future UPM ne sont pas d’ordre idéologique, mais plutôt d’ordre institutionnel. En effet, ces problèmes touchent les différents mécanismes compliqués proposés par la France où il est possible de voir en détaillant ces mécanismes de fonctionnement que les pays arabes n’auront aucun pouvoir d’action : par exemple sur la nomination des dirigeant de l’UPM, ou encore sur les choix des objectifs prioritaires de l’Union. Le pouvoir sera détenu par la France et par la suite par l’Europe qui contrôleront l’ensemble des institutions de l’UPM dans le monde grâce à des mécanismes de fonctionnement subtils et verrouillés par des accords internationaux. D’autre part, les autres problèmes concerneront les différentes infrastructures qui composeront l’UPM dans des secteurs divers qui auront de grands pouvoirs et des implications directes au sein des états membres et au sein des pays arabo-musulmans.

Il est évident que beaucoup de points de cet accord doivent être renégociés pour les pays de la Rive Sud.
Hichem Gombra

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Commentaires 

 
+6 #6 pas d'illusion
Ecrit par we7ed     12-02-2012 11:11
ce projet ne vas pas metamorphoser la vie du tuniesien et les resultats ne devraient pas voir le jour d'ici une 10 d'annees donc faut pas tabler que si jamais ils s'entendent ce sera la solution de la vie trespourrie du tunisien
 
 
+1 #5 SECONDAIRE !
Ecrit par MNASRI OUARDI     11-02-2012 16:57
le projet méditerranéen n'était que des réunions protocolaires sarkozy mobarak ben ali ...qui ont abouti à nommer rudy salles président du pseudo parlement alors qu'il exerce conjointement la présidence de l'amitié franco israelienne au palais bourbon , avant de courrir vers le maghreb ou le bassin méditerranéen voyons ce qui se passe entre nos frontières et posons la question à notre jeunesse qu'a-t-elle fait de sa révolution ?! qui en profite aujourd'hui et de quelle légitimité ! notre jeunesse ne serait-elle- celle la plus idiote du monde !

désolé !
 
 
#4 mort-né
Ecrit par Royaliste     11-02-2012 16:18
ce projet est mort-né l'union européenne (l’Allemagne en tête) l'a refusé.

c'est un machin que la France a voulu créer pour reprendre une place dans l'échiquier mondial.

les pays d'Afrique du Nord doivent se concentrer a avancer ensemble avec une coopération naturelle Sud-Sud, avant d'aller négocier avec ceux qui les dépassent.

la Tunisie doit faire des choix:
1- se rapprocher plus de l'Algérie
2- retrouver le même niveau des relations avec la Libye,
3- renoncer a la francophonie et adopter l'anglais comme 2eme langue
4- diversifier ses partenaires en nouant plus de contact avec le BRIC
5- se concentrer sur les PME

je ne pense pas que nos gouvernants actuels qui après 3 mois des élections, n'ont pas publié de programmes sont capable de nous faire avancer.
 
 
+10 #3 Le Maghreb
Ecrit par Citoyen     10-02-2012 10:23
Ah si seulement l'UMA puisse voir le jour! Aussi variés que complémentaires du point de vue ressources naturelles, nos pays avec un minimum de bonne gouvernance, de politique éclairée et d'indépendance vis à vis des boukachta, pourraient représenter un ensemble solide imposant le respect de tout le monde!!!
Quant à la comparaison avec l'Empire romain, Auguste n'a pas malheureusement été cloné!
 
 
-4 #2 CON
Ecrit par coco     10-02-2012 10:17
Sarkozy : Le plus cons des président élus démocratiquement dans l'hisoire de l'hmanité.
Le peuple français, qui l'a élu, est-il aussi con ?!
 
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