Le décret-loi sur l'élection de la constituante fait polémique

Publié le Vendredi 08 Avril 2011 à 10:06
TAP- Les orientations et la portée du décret-loi relatif à l'élection de l'Assemblée nationale Constituante ont fait l'objet de polémique et de divergence de vues entre les partis politiques, les personnalités nationales et les représentants des régions, à l'occasion du débat instauré par le Conseil de la haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique, lors de la séance qui a eu lieu, jeudi en fin de matinée, au siège de la Chambre des Conseillers.

Face à la polémique et à la controverse suscitées durant l'examen de ces volets, le Conseil a décidé de reporter, à lundi prochain, l'adoption du décret-loi relatif à l'élection de la Constituante.

Les questions de représentativité des régions, notamment celles démunies sous l'empire de l'ancien régime, sur les listes des candidats en lice, l'instrumentalisation par les partis politiques des lieux de culte dans leur campagne électorale, la reconnaissance du principe d'égalité au sein de la Constituante et la consécration d'un nombre important de sièges aux salariés, ont occupé une grande partie des débats du conseil.

Dans ce contexte, plusieurs membres du conseil ont appelé à la nécessité d'offrir les garanties juridiques appropriées permettant une meilleure représentativité d'un plus grand nombre de délégations intérieures et de régions reculées, au sein de la Constituante.

Ils ont, également, appelé à barrer la route devant toutes les tentatives visant à jeter le pays dans les méandres des tendances régionalistes et sectaires, et dans les conflits à caractère religieux, et à oeuvrer à les incriminer de manière expresse.

Intervenant à ce propos, M. Béchir Béjaoui, représentant du mouvement des unionistes libres, a mis en garde contre les dangers pouvant découler de l'adoption de la représentation proportionnelle, en tant que mode de scrutin, dés lors qu'elle ouvrira la voie devant la victoire des présidents des listes candidates et ceux qui seront classés premiers dans ces listes et qui sont, généralement, des candidats issus des chefs-lieux des gouvernorats; une démarche, a-t-il précisé, qui ne servira plus les appels lancés en vue de représenter les régions démunies et les délégations reculées dans la composition de la prochaine Constituante.

Dans le même ordre d'idées, M. Mustapha Tlili (personnalité indépendante) a appelé à réserver un nombre important de sièges aux listes régionales pour les candidats des régions démunies, insistant sur la nécessite de faire en sorte que les représentants des délégations soient parmi les résidents de ses régions et non pas de ceux qui résident ailleurs.

Les interventions se sont, aussi, axées sur l'impératif de veiller à ce que les élections de la Constituante soient la meilleure concrétisation de la pratique démocratique, en offrant l'opportunité à toutes les franges de la société d'être représentées au sein de l'Assemblée constituante, abstraction faite de leur appartenance partisane ou régionale.

S'agissant de la même question, M. Moncef Yaacoubi (représentant de l'UGTT), a affirmé qu'il ne peut y avoir de période transitoire réussie sans la garantie de la participation de toutes les parties et sans accorder des chances équitables à toutes les compétences et sensibilités intellectuelles, pour leur permettre de contribuer de manière agissante à l'élaboration de la nouvelle Constitution du pays. Il a dénoncé, à cet effet, le souci de certains partis politiques d'obtenir la majorité au sein de l'Assemblée Constituante afin de dicter leurs positions sans prendre en considération la phase transitoire que connaît le pays.

Afin de rendre hommage à la révolution des jeunes contre l'injustice et le despotisme, certains intervenants ont revendiqué l'abaissement, de 23 à 21 ans, de l'âge minimum d'éligibilité à la Constituante, l'objectif étant d'offrir aux maximum de jeunes la possibilité d'être représentés au sein de cette instance, de contribuer à l'esquisse des contours de l'avenir de leur pays et à l'écriture de la nouvelle Constitution.

Traitant du même sujet, Awatef Zarrouk (représentante du Parti de la réforme et du développement) a appelé à rendre hommage aux jeunes pour leur dévouement et leur abnégation au service de la patrie, en leur accordant la chance d'être représentés en grand nombre dans la composition de la Constituante.

Le dossier portant sur l'égalité au niveau de la représentativité entre l'homme et la femme dans les listes des candidats a dominé les interventions des membres du Conseil. Plusieurs personnalités indépendantes (femmes) ont réaffirmé leur attachement à ce principe.

Sur un autre plan, des représentants de la Centrale syndicale, MM. Moncef Yaacoubi et Ridha Bouzriba, ont appelé à réserver des sièges au sein de l'Assemblée constituante aux salariés, menaçant de s'abstenir de voter le projet de décret-loi. M. Bouzriba a affirmé, à ce propos, que cette revendication, exigée par tous les membres du Bureau exécutif de l'Union, est indiscutable, dés lors que les salariés sont les mieux habilités à transmettre leurs revendications.

Certains intervenants ont critiqué l'exploitation par certains partis des lieux de culte à des fins politiciennes, ce qui est, ont-ils précisé, contraire aux principes proclamés par la République.

Dans ce contexte, Chokri Belaid (représentant du mouvement des patriotes démocrates) a relevé que cette attitude ne manquera pas de semer la discorde dans la société et sombrer le pays dans le gouffre des conflits sectaires, un point de vue qui a été partagé par Mongi Ellouz (Représentant du parti démocrate progressiste) qui a appelé, à son tour, à la nécessité de contrer ce phénomène, critiquant les harcèlements et les "humiliations" dont les Imams-prédicateurs étaient victimes et qui ne peuvent nullement servir l'unité nationale.

Composition du Conseil de la Haute instance des réformes politiques