L’enseignement supérieur s’enlise, à qui la faute ?

Publié le Lundi 09 Février 2009 à 11:47
L'enseignement supérieur s'enlise, à qui la faute?Le Temps- La question de la qualité ne cesse d'être posée dans l'enseignement supérieur en Tunisie. Son évaluation dépend d'une instance à une autre. L'enseignement supérieur tunisien est classé au 27ème rang mondial et au premier rang arabe et africain par le Forum Mondial Economique de Davos. D'un autre côté, et dans un autre classement mondial, celui plus significatif des universités, établi chaque année par l'université de Shanghai, aux 500 premières places, il n'y a trace d'aucune université ou institution d'enseignement ou de recherche tunisienne.

Apparemment, le mode actuel de gestion de l'université ne fait pas l'unanimité. Les enseignants et les étudiants déplorent le manque de moyens pour parvenir à l'excellence. L'administration y oppose le volume limité des ressources ne pouvant faire face à la fois à la massification de l'enseignement supérieur et à ses problématiques d'encadrement, en même temps qu'aux exigences de la qualité. Quelques experts trouvent que parvenir à la qualité n'a pas de prix. Mais il a un coût que le budget actuel des universités ne saurait y répondre.

Ces experts reprochent à l'administration de fixer des objectifs en fonction des fonds et, non, en fonction des résultats qualitatifs. Ils jugent inadmissibles que l'administration promulgue un arrêté fixant à 30 % le nombre des boursiers des grandes écoles françaises parmi l'élite de nos étudiants en dépit de la qualité de ces écoles auxquelles ils peuvent réussir à obtenir par la voie des concours : « il faut impérativement s'entendre d'abord sur la liste d'écoles supérieures qu'on estime performantes et pouvant donner le plus à nos élites pour les y affecter. Les étudiants parvenant à y avoir l'accès, doivent être automatiquement boursiers de l'Etat. La question du nombre d'étudiants boursiers ne devrait pas se poser du moment qu'il s'agit d'une plus-value évidente pour notre enseignement supérieur et pour notre économie. On n'est pas à 100.000 euros près. C'est le coût de la réussite. », disent-ils.

D'autres experts soulèvent la question du financement de l'enseignement supérieur. Ils trouvent qu'il est nécessaire que les fondations et le secteur privé s'y mettent pour soutenir la recherche scientifique. L'expérience internationale montre que les Etats ne supportent pas seuls les charges de l'enseignement supérieur. Les fondations y contribuent dans un esprit de mécénat. Le secteur privé y contribue dans un souci de performance. Les ateliers de recherche de l'université ont permis de résoudre plusieurs problématiques posées dans l'industrie ou dans les services. Les intéressés sont appelés à renvoyer l'ascenseur. Les temps de l'Etat providence sont révolus.

L'objectif de quitter le bas-fond des classements mondiaux nécessite, semble-t-il, que l'on révise le mode de gestion actuel de l'université. Entre-temps, administration, enseignants et étudiants, se renvoient la balle de la responsabilité dans la problématique d'absence de qualité.

 

Commentaires 

 
#4 suivisme
Ecrit par Léon LAfricain!     10-02-2009 16:57
Quand on sait que l'on suit aveuglement ce qui se passe en France on ne peut que constater l'ampleur des dégâts. Je parle en particulier de LMD. J'avais été jadis, avant dans un atelier concernant le LMD à Hammamet alors que tout avait été plus ou moins décidé à l'avance (alors pourquoi faire des ateliers sur le LMD avec des profs locaux et étrangers?). J'ai été le seul à dire que cela allait être une vraie catastrophe car j'avais suivi le détail des discussions sur le LMD en France et j'avais constaté que les vrais "penseurs" étaient contre le LMD, contrairement aux démagogues. J'avais cru faire bénéficier mon pays de cette expérience, du moins en faisant notre LMD administratif et en laissant pour plus tard les volets pédagogiques et encore plus tard le volet recherche (Siyacet al Marahel). J'avais même argumenté par le fait que pour la France l'incidence serait certainement moins néfaste que chez nous car ils peuvent toujours assurer la qualité de la recherche par les ENS et l'X. J'ai eu l'impression que je causais en chinois pour tous les présents. En fait, chacun voulait rendre compte à son supérieur hiérarchique de sa connaissance de ce qui se passe outre méditerranée, afin de se faire mousser, politiquement bien sûr. Résultat: le constat est celui de votre article et çà n'est certainement pas la fin des dégâts.
N'oublions pas qu'actuellement en France ils regrettent fortement l'ancienne formule Deug-Licence-Maitrise, et qu'une grosse partie des grèves actuelles concerne la mastérisation des concours. Cela dit au passage, bien fait pour leurs gueules car ce sont ces mêmes syndicalistes universitaires (le pire et le plus malhonnête des syndicalismes en France) qui hurlaient pour l'établissement du LMD alors que comme je vous disais plus haut, ils ont été mis au courant de la gravité d'un nivellement par le bas du niveau global européen. Et nous, sans être au courant de tout çà, on suit aveuglement. Enfin, on ne peut pas dire que l'on a pas été prévenus puisque j'avais moi-même alerté certains responsables lors de cet atelier, mais on ne m'avais pas écouté, alors, ......constatons les dégâts; c'est une habitude dans l'enseignement supérieur. Il n'y a bien sûr pas que le problème du LMD (il y a aussi recrutements de contractuels mals choisis, inscription et prise en charge payées pour des écoles à l'étranger souvent bien inférieures aux nôtres pour les élèves en prépas) mais je vais arrêter le bavardage afin de ne pas vous ennuyer.
 
 
#3 la vérité
Ecrit par beb soui9a     10-02-2009 12:25
au fait nous sommes des cobay sur lesquels ont fait tous les tests pour donner un résultat à ceux qui paient un prix, soit crédit à LT, soit des dons.

le résultat actuel: des niveaux catastrophiques de nos étudiants: je ne crois pas personnellement qu'on pourra faire face à la mondialisation avec ce système éducatifs très changeant et défaillant.
 
 
#2 c\'est tout un systeme a revoir !!
Ecrit par BuGs     09-02-2009 18:43
Mon ancien boss un français me disait que la Tunisie est le pays des mastères... tout le monde a des diplômes mais rare les vrais compétents...et ce ne sont que des victimes du système .. on veut un certain chiffre réussir pour montrer que la politique d'enseignement actuelle est un succès alors que c'est loin de l'être ..
 
 
#1
Ecrit par arrêtez cela     09-02-2009 15:42
La réalité de l'enseignement supérieur actuellement en Tunisie est malheureusement misérable. C'est le moindre à dire.
Je le dis avec une amertume absolue.
La solution selon moi est d'éviter les vacations des enseignants et les enseignants contractuels.
On ne peut pas attendre grandes choses des enseignants passagers qui ont leur avenir menacé par le chaumage.
Il faut recruter des enseignants avec des contrats à durée indéterminés, pour qu'ils sachent que l'enseignement est leur avenir et qu'ils se concentrent carrément à ce métier.
Il faut recruter, il faut recruter, il faut recruter et recruter partout.
à l'université, aux administrations, dans les tribunaux. L'administration tunisienne souffre de la bureaucratie et le citoyen souffre derrière.
 
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