Youssef Chahine n'est plus

Publié le Dimanche 27 Juillet 2008 à 14:41
AFP - Le cinéaste égyptien le plus célèbre, Youssef Chahine, décédé dimanche à 82 ans, a produit une oeuvre aussi intimiste que politiquement engagée.

le cinéaste avait été hospitalisé à Paris pendant un mois à la suite d'une hémorragie cérébrale survenue en Egypte et qui l'a plongé dans le coma le 16 juin.

Les funérailles auront lieu lundi au Caire. Puis il sera enterré dans le caveau familial à Alexandrie, la grande ville du nord où il est né, a précisé l'agence officielle Mena.

Né le 25 janvier 1926 dans l'Alexandrie cosmopolite, il a pris l'Egypte comme toile de fond sur laquelle il n'a cessé, en une quarantaine de films, d'imprimer sa mémoire et ses idées de gauche et anti-islamistes.

Plus célébré à l'étranger qu'il ne l'était dans son pays, Youssef Chahine avait obtenu en 1997 le prix du cinquantième anniversaire du festival de Cannes pour l'ensemble de son oeuvre, après un Ours d'argent au festival de Berlin.

Eduqué en français et en anglais, il part étudier à 21 ans le cinéma à Pasadena, en Californie, et reviendra sur son destin dans un cinéma égyptien alors phare du monde arabe, ce qu'il n'est plus.

"Il voulait être acteur, mais s'est aperçu qu'il bégayait un peu et n'était pas si beau, alors il s'est dit: je vais jouer à travers d'autres", a raconté à l'AFP l'un de ses "autres", Omar Charif, star mondiale découverte par Youssef Chahine.

Pauvreté, combat ouvrier et lutte d'indépendance, il s'empare de tout le registre du cinéma engagé des années 50 et 60 pour faire passer des messages politiques dans le genre du mélodrame néo-réaliste.

Quelques titres se distinguent, comme "Eaux noires" (1956), avec Omar Charif, "Gare centrale" (1958), où il interprète un mendiant, et la Terre (1969), chef-d'oeuvre poétique et politique consacré au monde paysan.

Sans renoncer aux sagas politiques, Chahine se lance dans le roman filmé de sa jeunesse avec "Alexandrie, pourquoi?" (1978, prix spécial du jury à Berlin l'année suivante), "La mémoire" (1982), "Alexandrie encore et toujours" (1989), qui formeront sa trilogie autobiographique.

Alors que l'islamisme se répand, Youssef Chahine s'insurge, lui qui connut dans son enfance une Egypte tolérante, multi-ethnique, où les chrétiens, comme il l'est, et aussi les juifs vivaient en harmonie avec les musulmans.

"L'émigré" (1994), inspiré de la vie du patriarche biblique Joseph, et "Le destin" (1997), de celle du philosophe arabe Averroès, lui valent la colère et la censure des intégristes égyptiens.

Survient le 11 septembre 2001, qui inspira à Chahine un court-métrage controversé, dans un film collectif, suivi en 2004 d'un autre film pour dire, son désamour de l'Amérique.

Critique évidente du régime autocratique en Egypte, son dernier film, "Le chaos", co-signé avec Khaled Youssef en 2007, ne remporta pas le succès qu'il escomptait en Egypte, ni à l'étranger.
 

Commentaires 

 
#3 une étoile s\'est éteinte
Ecrit par Sacan     29-07-2008 03:32
un monstre sacré du cinéma arabe, aprés Salah abou seif Chahine nous quitte,c'est le dernier dinausore egyptien. Allah Yarhamou
 
 
#2 Ah, si les jeunes savaient !
Ecrit par Omar al Mokhtar     28-07-2008 20:06
Je me contenterai d'une seule oeuvre, ou plutôt de son chef - d'oeuvre: Bâb el Hadid (Cairo Station) de 1952. Selon la revue Les Cahiers du Cinéma (de renommée mondiale), ce film compte parmi les chefs - d'oeuvre du cinéma mondial. Chahine, réalisateur y joue aussi le rôle de Qanawi,le vendeur de journaux simple d'esprit à côté de la pulpeuse Hend Rostom et de Farid Chawqi, portefaix syndicaliste. Oui, un chef d'oeuvre dans la tradition du grand cinéma d'Eisenstein et de Kazan. Ces derniers mois ce film a été projeté à deux reprises par Rotana Zaman. Guetter la prochaine occasion.
 
 
#1 un grand homme s\'éteint...
Ecrit par faycal     28-07-2008 12:37
Le chaos total du monde Arabe...le pire reste à venir ,il pleure d'en haut tout ce qu'il a construit.
Mes profonds respects,puisse dieu le tout-puissant l'accueillir en son Eternel Paradis
 
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