Venezuela : Contre-attaque de Maduro après l’offensive de son opposant sur le pétrole

Publié le Vendredi 15 Février 2019 à 09:25
AFP - Le président vénézuélien Nicolas Maduro, soutenu par une cinquantaine de pays à l'Onu, dont la Russie, la Corée du Nord ou l'Iran, a fait appel à la justice jeudi pour contrer l'offensive de l'opposant Juan Guaido sur le groupe public pétrolier PDVSA.

La Cour suprême (TSJ), acquise au gouvernement selon l'opposition, a annoncé l'ouverture de poursuites pénales contre quinze dirigeants que le Parlement, présidé par Juan Guaido, venait de nommer la veille à la tête de PDVSA et de sa filiale aux Etats-Unis, Citgo.

Pour M. Guaido, reconnu par une cinquantaine de pays comme président par intérim du Venezuela, l'objectif est d'asphyxier économiquement le gouvernement de Nicolas Maduro, avec l'appui de Donald Trump.

De son côté, la Cour suprême estime que ces nouvelles directions de PDVSA et Citgo ont été nommées par un Parlement en "rébellion", dont les décisions sont "nulles". Et pour la justice, ces responsables, dont la plupart résident aux Etats-Unis, tombent sous le coup des chef d'inculpation d'"usurpation", de "corruption", de "délinquance en bande organisée" et de "terrorisme".

Quelques heures auparavant, le procureur général Tarek William Saab, un fidèle du pouvoir chaviste, avait annoncé se pencher sur leur cas.

"Nous avons ouvert une enquête sur les citoyens nommés anticonstitutionnellement comme directeurs de PDVSA et de Citgo (...) pour usurpation de pouvoir", avait-il déclaré.

Selon M. Saab, le ministère public lançait "une série d'enquêtes" face à l'"escalade qui a débuté avec l'usurpation illicite de la présidence de la République", lorsque l'opposant Juan Guaido s'est déclaré président par intérim le 23 janvier.

L'enquête vise également les "ambassadeurs fantômes" désignés de "manière illégale" par le Parlement, contrôlé par l'opposition, indiquait le magistrat.

M. Saab dénonçait une conspiration "contre la paix civile" au Venezuela et prévenait ceux qui accepteraient ces nominations, ainsi que contre Juan Guaido, qu'ils subiraient des "conséquences".

Le Parlement, seule institution au Venezuela acquise à l'opposition, a aussi nommé des représentants diplomatiques dans une dizaine de pays parmi ceux qui ont reconnu Juan Guaido, notamment les Etats-Unis.

"Tout cela est une farce (...) un cirque monté pour piétiner notre Constitution", réagissait le procureur général. Il avait déjà annoncé le 29 janvier l'ouverture d'une enquête préliminaire contre Guaido pour "atteinte à la paix de la République".

L'opposant est également interdit de sortir du pays, selon une décision de la Cour suprême. Et le Bureau du contrôleur financier a ouvert une enquête administrative sur son patrimoine pour financement illégal présumé, notamment international.

PDVSA, pilier de l'économie vénézuélienne, est la cible de sanctions de la part des États-Unis. Washington a annoncé le 28 janvier le gel de sept milliards de dollars d'actifs du groupe pétrolier, auquel il a interdit toute transaction avec des entités américaines.

Les raffineries de Citgo pourront toutefois continuer à fonctionner, les transactions financières passant par un compte bloqué, avait indiqué Washington.

Le 1er février, le Trésor américain a également annoncé que les entités étrangères qui commercent avec PDVSA devraient cesser d'utiliser le système financier américain à partir du 28 avril.

Caracas estime que les dommages causés à l'économie par le "blocus américain" s'élèvent à 30 milliards de dollars.

A New York jeudi, le chef de la diplomatie vénézuélienne Jorge Arreaza, entouré de diplomates d'une quinzaine de pays, dont la Russie, la Corée du Nord ou l'Iran, a annoncé la création d'un groupe à l'ONU pour défendre "les principes de la Charte des Nations unies", actuellement "violés", selon eux.
L'ambassadeur palestinien à l'ONU Riyad Mansour a précisé qu'au total une cinquantaine de pays faisaient partie de ce nouveau groupe, sur les 193 nations composant l'organisation.

Dans le camp d'en face, Bogota a indiqué jeudi soir que le Groupe de Lima, qui compte 14 pays membres d'Amérique latine et le Canada, se réunirait le lundi 25 février dans la capitale colombienne pour confirmer son soutien à l'opposant Juan Guaido.

Onze de ses 14 membres ont alors appelé à un changement pacifique de gouvernement au Venezuela et exhorté l'armée, pilier du régime, à reconnaître Juan Guaido, ainsi qu'à laisser entrer l'aide humanitaire, afin de compenser les pénuries d'aliments et de médicaments dont souffre la population.