Vendredi de la colère : Des centaines de policiers déployés à al-Quds |
Publié le Vendredi 08 Décembre 2017 à 09:26 |
AFP - Israël a déployé des centaines de policiers supplémentaires à Jérusalem vendredi, jour de grande prière sur l'esplanade des Mosquées, après les appels palestiniens à protester contre la reconnaissance par Donald Trump de Jérusalem comme capitale d'Israël, a indiqué la police. "Plusieurs centaines de policiers et de gardes-frontières supplémentaires ont été déployés à l'intérieur et autour de la Vieille ville", a dit à l'AFP un porte-parole de la police, Micky Rosenfeld. Aucune restriction d'âge n'a été imposée aux fidèles de Jérusalem pour accéder à l'esplanade, a-t-il ajouté, contrairement à des mesures prises dans les périodes de vives tensions. L'esplanade, troisième lieu saint de l'islam (…) se trouve à Jérusalem-Est, annexée et occupée par Israël. Les forces israéliennes en contrôlent tous les accès. Les policiers étaient effectivement plus nombreux qu'à l'accoutumée dans les ruelles de la Vieille ville, sans atteindre les effectifs déployés dans les situations de fortes tensions, a constaté un journaliste de l'AFP. Les organisations palestiniennes ont appelé à manifester après la décision du président américain de reconnaître Jérusalem comme la capitale d'Israël et d'y transférer à terme l'ambassade des Etats-Unis. Des Palestiniens en colère ont affronté les soldats israéliens et brûlé le portrait de Donald Trump jeudi pour protester contre la décision unilatérale et potentiellement explosive du président américain de reconnaître Jérusalem comme la capitale d'Israël. Plus d'une vingtaine de Palestiniens ont été blessés par des balles en caoutchouc ou des balles réelles dans les heurts rapportés à travers toute la Cisjordanie et dans la bande de Gaza, territoires séparés censés former un jour un Etat indépendant, selon les secours palestiniens. L'initiative de M. Trump continuait à susciter la réprobation dans le monde entier, au moment où une réunion en urgence du conseil de sécurité de l'ONU se tient ce vendredi, et aussi de la grande prière musulmane du vendredi sur l'ultra-sensible esplanade des Mosquées, à Jérusalem-Est. La cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, s'est alarmée d'un retour "à des temps encore plus sombres que ceux que nous vivons aujourd'hui". La Russie s'est dite "très inquiète". La décision américaine plonge la région "dans un cercle de feu", a déclaré le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui s'emploie à mobiliser le monde musulman. Même le grand allié saoudien des Etats-Unis a parlé d'acte "irresponsable". Après bien d'autres, Mme Mogherini et Moscou ont appelé à la retenue, alors que chacun se demande si M. Trump n'a pas ouvert la boîte de Pandore tant Jérusalem, avec ses lieux saints pour les juifs, les chrétiens et les musulmans, constitue un sujet passionnel. Le mouvement palestinien Hamas a appelé à une "nouvelle intifada" et l'armée israélienne a annoncé le déploiement de renforts en Cisjordanie occupée, en prévision d'une escalade. M. Trump a annoncé mercredi soir, malgré les mises en garde venues de toutes parts, la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d'Israël. Rompant avec presque 70 ans de diplomatie américaine, se singularisant de la communauté internationale, il a aussi ordonné le futur transfert de l'ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem. Cette décision historique a provoqué de premières confrontations. Jeunes palestiniens et soldats israéliens ont échangé jets de pierre et tirs de projectiles anti-émeutes à Hébron, poudrière du sud de la Cisjordanie, et Ramallah, qui fait office de capitale politique palestinienne. Bethléem, Qalqilya, Jénine et les abords de Ramallah, en Cisjordanie, ont aussi été le théâtre d'affrontements. Dans la bande de Gaza, cinq Palestiniens ont été blessés, dont un à la tête, par des tirs de soldats israéliens en allant, avec des dizaines d'autres, protester près de la barrière de béton qui ferme hermétiquement les frontières entre Israël et le territoire reclus, ont indiqué les autorités gazaouies à l'AFP. "Nous sommes ici pour rejeter la décision de Trump", a dit Abdallah al-Khalil, 17 ans, lors du rassemblement de plusieurs centaines de personnes à Ramallah. "Jérusalem est une capitale arabe et palestinienne, pas la capitale de l'occupant", elle est chère aux Palestiniens "à cause d'al-Aqsa et du Saint-Sépulcre, toute notre histoire se trouve là", a-t-il ajouté. Une grève générale était largement suivie en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, partie palestinienne de la ville annexée et considérée par la communauté internationale comme un territoire occupé. "En prenant une telle décision, l'Amérique est devenue un tout petit pays", a réagi Salah Zuhikeh, 55 ans, dans la Vieille ville de Jérusalem, où les magasins ont gardé leurs rideaux tirés et les écoles sont restées fermées. Les palestiniens revendiquent Jérusalem-Est, occupée et annexée par Israël, comme la capitale de l'Etat auquel ils aspirent. Israël proclame tout Jérusalem, Ouest et Est, comme sa capitale "éternelle et indivisible". |