Une école fermée au Maroc pour "prosélytisme chiite"

Publié le Jeudi 26 Mars 2009 à 11:01
Mohamed 6, roi du Maroc. magharebia.com - Le ministère marocain de l'Education a décidé de fermer l'Ecole irakienne de Rabat, samedi 21 mars, après des accusations de non-respect des règles de l'enseignement privé et de prosélytisme religieux de tendance chiite envers les élèves.

Cette décision a été prise sur la base d'une plainte déposée auprès des autorités marocaines de la sécurité le 3 mars par Abdel-Razzak al-Shamari, un sunnite irakien vivant au Maroc. Il a accusé le proviseur de cette école de propager le chiisme après le renvoi de ses trois enfants pour "des raisons sectaires".

"Un jour", a expliqué al-Shamari, "j'ai été surpris d'entendre ma fille commencer à me poser des questions sur des choses qui ne faisaient pas partie du programme, comme les douze imams et l'imam al-Mehdi, qui sont des références chiites. Après avoir parlé avec elle, j'ai été surpris de constater que l'école tentait d'instiller ces informations dans l'esprit des élèves de manière délibérée et attentive."

Omar, l'un des fils d'al-Shamari, a affirmé que des camarades le frappaient simplement parce qu'il est sunnite. "Ni le professeur ni la directrice n'en ont fait cas lorsque je me suis plaint à eux."

Le ministère a dépêché une commission pédagogique pour observer l'enseignement et les programmes de cette école. Deux jours plus tard, cette commission a conclu que "le système d'enseignement suivi par cet établissement était contraire aux dispositions de la loi 06-00 sur le statut de l'enseignement privé dans le Royaume du Maroc".

La directrice Rehab Mohcen a nié lors d'une conférence de presse que les trois enfants aient été renvoyés. Elle a déclaré que la décision de fermer son établissement était "injustifiée et hâtive". Elle a également réfuté le fait que l'école se faisait le chantre d'un quelconque courant religieux.

"La cause de ce problème a été que l'une des filles [d'al-Shamari] avait été blessée lors d'un incident mineur, mais la réaction du père a été d'attaquer l'école et de créer un grave problème."

Mme Mohcen a poursuivi en affirmant que les accusations de M. al-Shamari étaient probablement liées à la décision prise par le Maroc de rompre ses relations diplomatiques avec l'Iran, le plus grand pays de confession chiite dans le monde musulman.

"En fait", a-t-elle expliqué à la chaîne de télévision par satellite Al Arabiya, "le programme de l'école interdit clairement la promotion de toute secte religieuse ou l'affichage de toute préférence de quelque type que ce soit".

L'école avait été fondée en 1977 par Faycal Abdelhassen, un poète irakien. Elle accueillait des élèves du primaire, de collège et de lycée.

Cette fermeture survient à un moment inopportun, à quelques semaines seulement des examens pour certaines des classes.
Lundi, des dizaines d'élèves et leurs parents ont manifesté devant le bâtiment, pour exiger la réouverture de l'école.

Pour assurer une incidence minimale sur les élèves, l'académie du district de Rabat a réparti les élèves de l'école irakienne dans trois autres écoles de Rabat. Elle a également organisé lundi dernier une rencontre avec les parents pour discuter des mesures nécessaires pour trouver une solution à long terme.